Des militants devant Arkema lundi 4 décembre. La pollution aux Perfluorés a marqué l’année 2023. (Photo Louis Rouquette)

Intrusion de militants écologistes dans l'usine Arkema de Pierre-Bénite : de la prison avec sursis requise

Trois à six mois de prison avec sursis ont été requis contre des militants écologistes qui s'étaient introduits dans l'usine Arkema de Pierre-Bénite en mars dernier.

Huit militants écologistes comparaissaient ce mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon après s'être introduits le 2 mars dernier au sein de l'usine Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. "Cette action ne devait rien au hasard", a estimé le procureur Éric Jallet, dans des propos rapportés par l'AFP, rappelant que de la documentation, des revendications et des outils comme des coupe-boulons ou du matériel d'escalade ont été trouvés en possession des participants.

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Âgés de 23 à 43 ans, ces activistes d'Extinction Rebellion ont participé début mars avec plusieurs centaines de personnes à une intrusion sur le site d'Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), où elles ont laissé des graffitis et déployé des banderoles dont une avec le mot "poison" surmonté d'une tête de mort.

Les PFAS au cœur de l'audience

Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022 sur les PFAS, dits "polluants éternels", les autorités régionales ont enjoint à Arkema de ne plus en utiliser à la fin 2024. L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ses rejets. "J'ai participé à une action non-violente qui cherchait à dénoncer les pollutions", a justifié l'un des accusés, titulaire d'un master en physique fondamentale.

Affichant tous un haut niveau d'études, les militants, venus de différentes villes de France et de la région de Lyon, ont unanimement nié les dégradations des locaux et défendu la version non-violente de leur action.

Jugement mis en délibéré au 5 juillet

Durant plus de six heures d'audience, le procès a tourné à l'accusation contre Arkema de la part des témoins, dont une toxicologue de l'ONG Génération future, venue à la barre avec des études scientifiques sur les PFAS. Deux riverains sont aussi venus décrire "la situation anxiogène" qu'ils vivent depuis la découverte du niveau de pollution autour du site.

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"Aujourd'hui, ce n'est pas le procès d'Arkema", a répliqué Bénédicte Graulle, avocate constituée partie civile pour Arkema France. "Ces actions étaient préméditées. Il s'agit d'actes de vandalisme", a insisté l'avocate, en soulignant "les risques de s'introduire sur un site Seveso". Des barrières et des vitres ont été dégradées, des tags ont été tracés sur les murs durant l'opération.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, au nom de la liberté d'expression et de "l'état de nécessité". Le jugement a été mis en délibéré au 5 juillet.

Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (surfactantes, résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés (textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

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