C’est la deuxième fois que des membres d’Extinction Rebellion s’en prennent au site d’Arkema à Oullins-Pierre-Bénite @Léo Olivieri

Intrusion sur le site d'Arkema : du sursis requis en appel contre huit militants anti PFAS

Les huit militants écologistes d'Extinction Rebellion, qui s'était introduit en mars dernier sur le site d'Arkema à Pierre-Bénite étaient jugés ce mardi 11 février. En appel, quatre à six mois de prison ont été requis contre eux.

Quatre à six mois de prison avec sursis ont été requis mardi, en appel à Lyon, contre huit militants écologistes qui s'étaient introduits en mars sur le site du groupe chimique Arkema à Pierre-Bénite pour alerter sur les polluants éternels.

"En quoi est-ce que la pollution reprochée à Arkema est dénoncée par le fait de s'habiller dans des tenues blanches ?", s'est interrogé l'avocat général Vincent Auger, en référence aux combinaisons revêtues par les manifestants lors de leur action coup de poing. "Généralement, le militantisme et la rigueur juridique ne font pas bon ménage", a-t-il poursuivi en estimant que les huit prévenus n'avaient pas prouvé la "nécessité" d'entrer sur le site pour empêcher un dommage plus grave, seule condition qui permet de ne pas condamner un acte illégal.

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Agés de 23 à 43 ans, ces activistes d'Extinction Rebellion s'étaient introduits en mars avec plusieurs centaines de personnes sur le site d'Arkema à Pierre-Bénite, où elles avaient laissé des graffitis et déployé des banderoles, dont une avec le mot "poison" surmonté d'une tête de mort.

Un site classé Seveso seuil haut

"L'action de ces militants était nécessaire, pertinente et a contribué à révéler ce qui s'est passé et à éveiller les consciences", a plaidé Amid Khallouf, l'un des avocats de la défense, en demandant la relaxe au nom de "la liberté d'expression" de ses clients.

"La liberté d'expression est l'un des droits les plus précieux de l'homme, à condition qu'il n'y ait pas d'abus", a pour sa part estimé l'avocate d'Arkema, Bénédicte Graulle, soulignant "le risque d’explosion et la peur des personnels" du site classé Seveso seuil haut.

Relaxés en première instance

Poursuivis pour "participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations", les militants avaient été relaxés lors du procès en première instance en juin. Les juges avaient estimé que les poursuites représentaient "une ingérence disproportionnée dans l'exercice de la liberté d'expression". Le ministère public et l'entreprise Arkema avaient fait appel.

Les PFAS, surnommés polluants éternels car ils sont quasi indestructibles une fois rejetés dans l'environnement, sont des substances chimiques très fréquentes dans les objets de la vie courante, dont certains ont des effets néfastes pour la santé.

La zone industrielle en aval de Lyon, surnommée "la vallée de la chimie", est considérée comme l'une des zones de France les plus polluées aux PFAS, ce qui suscite de fortes préoccupations parmi la population et les élus locaux.

La cour d'appel rendra son délibéré le 15 mai.

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Les PFAS ?
Les "PFAS" (famille composée de plus de 4 700 molécules de synthèse) sont produits par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques (surfactantes, résistantes aux chaleurs intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation courante et applications industrielles.
Le fait qu'ils soient très largement utilisés (textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti-adhésives, mousses anti-incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures, etc.), en plus de leur faible dégradation, rend ces substances omniprésentes dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau. On parle de "polluants éternels" car ils peuvent rester dans l’environnement des décennies, voire des siècles. Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
Selon la littérature scientifique existante, les perfluorés favoriseraient les cancers chez l’homme et les défauts de défense immunitaire des enfants.

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