"J'ai visité la deuxième Cité de la gastronomie de Lyon, c'est affligeant"

Julia Csergo est ancienne maître de conférences à Lyon II, responsable scientifique du dossier d'inscription du "repas gastronomique des Français" à l'Unesco. 

Entre sa réouverture fin octobre 2022 et mi-décembre 2023, la Cité de la gastronomie de Lyon a accueilli 61 000 visiteurs. Pour comparaison, 840 000 visiteurs ont découvert la Cité de la gastronomie de Dijon entre janvier et novembre. Comment explique-t-on le peu d'enthousiasme lyonnais ? 

61 000 visiteurs, c'est une faillite totale. J'ai visité la deuxième Cité de Lyon, c'est affligeant. C'est un manque de culture, d'imagination et d'innovation total. J'avais anticipé ce flop de la cité de la gastronomie de Lyon qui a été mal pensée et mal chiffrée. La ville s'est engagée sans véritable réflexion, faisant valoir une grande improvisation. Gérard Collomb n'était pas particulièrement intéressé par cet équipement, dont il n'avait pas compris l'enjeu. Souvent, d'ailleurs, les politiques sont en manque cruel de culture dans ce domaine et n'ont aucune vision. L'exécutif écologiste écologiste actuel ne fait pas exception par son manque de vision.

Quelle vision faut-il adopter, selon vous, pour faire décoller la Cité de la gastronomie de Lyon ? 

Lyon a profité de ce projet pour construire un équipement hôtelier de luxe et commercial dans l'Hôtel-Dieu. La Cité était finalement le prétexte de cette opération immobilière. L'équipement culturel, pourrait-on dire n'occupait que la portion congrue. Il faut penser la Cité comme un véritable équipement culturel

Est-ce rattrapable ? 

Oui, dans la mesure où il n'y a pas de toute façon grand chose. Mais il faut tour repenser de fond en comble. On n'attrape pas les visiteurs avec des choses aussi minables, excusez-moi du terme. Mais il faut une vraie volonté politique, ce dont je doute. Je crois que les écologistes n'en font pas leur priorité et n'en veulent pas. Cette Cité de la gastronomie de Lyon est véritablement une patate chaude, sauf pour les Lyonnais finalement. C'est d 'autant plus dommageable qu'il s'agit d'un équipement public financé par de l'argent public (outre les 10,5 millions donnés par les mécènes au départ). Lyon peut faire quelque chose d'unique et d'ambitieux. Mais les acteurs culturels et politiques lyonnais doivent prendre cette cité au sérieux.

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