Il nous donne le détail de ce programme expérimental et, déjà, son premier bilan.
Lyon Capitale : Vous avez déclaré être en mesure de faire vivre en dehors de la prison plusieurs dizaines de détenus, dans le cadre d'un travail et d'un logement...
Jacques Gérault : Tout à fait. Il faut savoir qu'une expérimentation a été lancée en octobre dernier grâce à la participation active du procureur général, du premier président de la cour d'appel et des juges d'application des peines, mais réellement mise en oeuvre en janvier 2008. A titre expérimental, j'ai obtenu des crédits pour le logement de quinze places et treize détenus ont pu sortir de prison. Logés dans des centres d'hébergement et de réinsertion sociale, ils ont tous travaillé dans le cadre d'un CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi), sans bracelet électronique, sous l'égide du Service Pénitentiaire d‘Insertion et de Probation. La plupart d'entre eux sont intégrés dans des services d'entretien des espaces verts des mairies, des HCL et de la police nationale.
Qui a pu béneficier de ces aménagements de peine ?
Il s'agissait de détenus en fin de peine, qui n'avaient plus que six mois à faire environ. Dans le programme lancé en janvier, il n'y en a eu qu'une femme sur treize détenus. Et malheureusement, elle n'est pas allée jusqu'au bout. Mais j'aimerais beaucoup que la parité s'exerce aussi dans le domaine de la réinsertion. Et la balle est dans le camp des juges d'application des peines.
Pouvez-vous déjà dresser un bilan?
Oui, deux d'entre eux n'ont pas respecté les conditions imposées et ont dû être réincarcérés, mais les onze autres ont donné entière satisfaction, notamment auprès de leurs employeurs. L'une de ces personnes a même travaillé à un poste de carossier au sein de la police nationale, à Lyon. Cela veut bien dire que c'est possible. J'ai sollicité de nombreux maires de bords politiques différents, Lyon, Meyzieux, Villefranche, ou encore Vénissieux, et tous ont accepté de jouer le jeu et d'accueillir ces personnes à des postes au sein de leur collectivité. Je connais par ailleurs plusieurs chefs d'entreprises qui seraient prêts aussi à les employer.
Quel est l'objectif visé?
Quand on voit l'état de vétusté des prisons telles que Saint-Paul et Saint-Joseph, on ne peut pas laisser les prisonniers vivre dans de telles conditions de promiscuité. Il faut désengorger les prisons, et réinsérer les détenus non multirécidivistes par une formation adaptée, dans la perspective d'un emploi. Il faut aller au bout de ce pari, c'est pourquoi j'ai sciemment suggéré une plus fréquente utilisation du bracelet électronique devant Madame Dati.
A partir de quand l'opération pourra-t-elle prendre un aspect moins expérimental?
Je me suis engagé auprès de la ministre à sortir cinquante détenus de prison, dès le début de l'automne prochain. Mais le but est d'en sortir soixante-quinze, et pourquoi pas cent. Le Docteur Lamotte, psychologue en milieu pénitentiaire, m'avait assuré que 100 détenus sur les 690 que contenait la prison Saint-Paul au moment de notre entretien étaient capables de suivre ce programme. Est-ce qu'on n'a pas intérêt à donner leur chance à ces jeunes, dès lors qu'ils la saisissent?
Propos recueillis par Dalya Daoud
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