Edouard Hoffmann, porte-étendard de la lutte anti-tags à Lyon et défenseur du patrimoine lyonnais, est l'invité de 6 minutes chrono/ Lyon Capitale.
C'est le 5e candidat officiellement déclaré pour les prochaines élections municipales lyonnaise de 2026. Edouard Hoffmann, habitant du 1er arrondissement de Lyon, décorateur et paysagiste de profession, annonce à Lyon Capitale la primeur de sa candidature à la mairie de Lyon.
En janvier 2023, Grégroy Doucet, le maire écologiste sortant, avait annoncé son souhait de briguer un deuxième mandat. Quelques mois plus tard, en juin, le chef Christophe Marguin, patron des Toques blanches lyonnaises, avait jeté tablier et toque dans l'arène pour "redynamiser Lyon". En mars 2024, à Lyon, la droite dans son ensemble avait adoubé la candidature de Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement, en vue des municipales 2026. Et, en février dernier, l'ancien maire de Lyon Georges Képénékian annonçait sa candidature (sans étiquette).
"Lyon est une ville assombrie, dégradée"
En mars 2024, quand Lyon Capitale demandait à Pierre Oliver si les municipales 2026 à Lyon allaient se résumer à un duel LR - Écologiste, le maire du 2e arrondissement répondait qu'il n voyait "pas de troisième personne qui pourrait s'inviter dans cette lutte".
Ils sont déjà, à ce jour, quatre candidats. Et de nouvelles candidatures pourraient prochainement être annoncées, des forces politiques et de la société civile s'activant et préparant l'échéance.
Après trois ans de militantisme, principalement sur les sujets des tags de la ville, Edouard Hoffmann saute donc le pas. "Lyon est une ville assombrie, dégradée où je ne me sens plus en sécurité, que je n'aime plus. Et je me dis que cette ville doit retrouver ses lumières. (...)" Et de taper du poing : "propreté, incivilités, sécurité, on ne transige pas là-dessus!"
"On ne va pas demander à Mauricette si elle veut un crottoir pour chiens."
Quel maire pense-t-il être ? "Je serai le maire du quotidien, le maire de l'ambition aussi, parce que c'est une ville qui est devenue triste et sans ambition, qui manque de grands projets. On ne va pas demander à Mauricette si elle veut un crottoir pour chiens. On prend des urbanismes très qualifiés, des architectes de renom et on bâtit une ville, des grands projets. On fait rayonner Lyon."
Lire aussi : "La Grande gueule" - Edouard Hoffmann : “On s’habitue à la laideur”
Lire aussi :
- Se représenter en 2026 à Lyon, "une évidence" pour Grégory Doucet
- Le chef cuisinier Christophe Marguin candidate aux prochaines municipales à Lyon
- "Lyon est une priorité pour les LR" : Pierre Oliver en route pour les municipales 2026
- Municipales 2026 : l'ancien maire de Lyon, Georges Képénékian, annonce sa candidature
La retranscription intégrale de l'entretien avec Edouard Hoffmann
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chronos. Nous accueillons aujourd'hui Edouard Hoffmann, bonjour.
Bonjour Guillaume.
Edouard Hoffmann, vous êtes décorateur, paysagiste, habitant du 1er, j'allais dire habitant engagé. Vous vous êtes fait connaître, notamment, pour votre lutte contre les incivilités, les tags en particulier. Fin 2023, dans nos colonnes, vous nous disiez ne pas vouloir vous engager en politique. Aujourd'hui, sur le plateau de 6 minutes chrono, vous annoncez être candidat pour les élections municipales de Lyon en 2026. Pourquoi ?
Oui, vous avez la primeur de l'information parce que quand j'entends Grégory Doucet (actuel maire de Lyon Les Verts, NdlR), quand j'entends Mohamed Chihi (adjoint à la sécurité, NdlR), quand j'entends Sylvain Godinot (adjoint transition écologique et patrimoine, NdlR), on ne peut pas laisser passer des énormités pareilles. Mon engagement n'est pas politique. Mon engagement est citoyen.
Donc vous vous présentez à la maire de Lyon candidat sans étiquette ?
Absolument. Sans étiquette, parce que je pense qu'une ville, aussi grande soit-elle - et on n'est pas dans les grandes métropoles -, peut être gouvernée par des citoyens qui aiment leur ville, qui connaissent leur métier et s'entourent de professionnels dans chaque poste pour les adjoints.
Qu'est-ce qui a été l'élément déclencheur à votre candidature ?
C'est très simple. Depuis trois ans, que je milite activement au travers de pétitions, de courriers, j'ai été très relayé par la presse. Le résultat est là : Lyon est une ville assombrie, dégradée où je ne me sens plus en sécurité, que je n'aime plus. Et je me dis que cette ville doit retrouver ses lumières.
Vous dites qu'à propos des incivilités, précisément des tags, la Métropole et la Ville participaient à leur multiplication.
Mais bien sûr ! Lorsqu'entre les deux tours des législatives dernières, j'entends chanter "Tout le monde déteste la police", ACAB (acronyme de l'anglais "All cops are bastards", "Tous les flics sont des salauds", NdlR) hurlé par Raphaël Arnault sous les fenêtres de Grégory Doucet..
Raphaël Arnault, c'est un de leaders de la Jeune Garde, mouvement "antifasciste" lyonnais...
Voilà, parce que c'est très bien de parler de l'extrême droite, comme il l'a fait dans l'émission de votre confrère Yann Barthès, en parlant d'une ville facho, etc. Mais Lyon est une capitale de la résistance. Comment est-ce qu'on peut oublier l'histoire à ce point-là ? Comment est-ce qu'on peut la nier pour faire, une fois de plus, passer son idéologie et ses démagogies ? Donc, quand j'entends ces 3 000 ou 4 000 personnes, sur la place de l'Hôtel de ville, chanter ces chants anarchistes, anti-police, anti-État, et que Grégory Doucet ne dit rien, en présence des maires du premier arrondissement Yasmine Bouagga, de Madame Dubot (maire du 7e, NdlR) ou d'Olivier Berzane, maire du 8e, et que personne n'ait relevé, ne dise rien, c'est même pas choquant. Ça m'a ulcéré. Je n'ai plus envie de ça pour ma ville. Il n'y a aucun extrême et on ne doit pas importer des conflits. La mission du maire, c'est la sécurité, le civisme pour tous et la tranquillité et le bien publics.
Gérard Collomb, maire de Lyon en son temps, disait qu'une ville sécurisée était une ville attractive. Vous le rejoignez sur ce point de vue ?
Mais, c'est une évidence ! comment aller… Et d'ailleurs je crois que quand il est parti du ministère de l'Intérieur Gérard Collomb a dit j'ai peur qu'on se retrouve non pas les uns ensemble mais les uns face à face contre les autres. Donc on n'a pas à importer de conflit. La mairie, pour moi, ne doit pas être politique. Elle doit être au service de chacun, et l'inclusivité doit se faire non pas dans le caniveau, ou par le caniveau, mais par l'excellence. Pour cette municipalité, l'excellence est un gros mot, la qualité est un gros mot.
Vous disiez même, dans les colonnes de Lyon Capitale fin 2023, que Grégory Doucet, l'actuel maire de Lyon, pratique "une politique de la sous-culture, faussement démocratique et qu'elle nous fait perdre du temps".
Bien sûr. Je vous l'ai dit il y a plus d'un an ou un an et demi, chez d'autres confrères également. Ça fait perdre du temps parce qu'en fait les incivilités, on ne se rend pas compte, avec la démagogie qui a été imposée, le fait de ne pas sanctionner voilà... Mais en fait, au bout de deux mois, quatre mois, sixmois, on ne voit pas les résultats. En revanche, au bout de quatre ans on les voit les résultats : l'incivilité a prospéré. Il y a des choses très simples qui peuvent être faites. Les tags s'enlèvent, ce n'est pas grave. Mais ce sont des tags haineux : "à bas l'Etat", "à mort la police". Comment est-ce qu'on peut laisser des choses pareilles ? Et comment Mohamed Chihi, lors du dernier conseil municipal d'il y a deux semaines, peut dire que la sécurité est une priorité ? Il est 8e dans l'ordre protocolaire, mais enfin de qui se moque-t-on ? On voit très bien que ça n'avait jamais été une priorité la sécurité (pur la mairie, NdlR).
Donc dans les grandes lignes que vous allez défendre en tant que candidat aux élections municipales de 2026, il y aura les incivilités, la propreté, la sécurité...
... Non mais on ne transige pas là-dessus. Et après c'est surtout une ville du pragmatisme. Je serai le maire du quotidien, le maire de l'ambition aussi, parce que c'est une ville qui est devenue triste et sans ambition, qui manque de grands projets. Enfin on ne va pas demander à Mauricette si elle veut un crottoir pour chiens ou à Hubert s'il veut.... voilà. On prend des urbanismes très qualifiés, des architectes de renom et on bâtit une ville, des grands projets. On la fait rayonner.
Je reprends vos exemples de Mauricette ou de Hubert, c'est ce qu'on appelle de la concertation.
Mais non ! La concertation, on voit qu'elle n'a pas marché à Lyon. Il y a un désengagement profond, mais ça c'est national. Je vais pas le reprocher à Grégory Doucet. En plus, je trouve ça plutôt sympathique ce qu'il a mis en place avec son adjointe à la démocratie participative Chloé Vidal, que je connais et que je salue. Mais ça ne marche pas. On l'a très bien vu : combien de personnes se sont manifestées pour les projets participatifs lyonnais ? Enfin, les votes c'est ridicule. Et on a beau mettre des millions d'euros là-dedans ça ne marche pas. Et puis, en fait, la concertation on sait très bien qu'elle a été biaisée. Tout le monde s'en est plaint parce qu'on voyait que les choses étaient déjà actées à l'avance. Quand on fait sur la place Bellecour ce projet emblématique, en fait, on sait très bien qu'on ne peut pas planter. ils font croire aux Lyonnais qu'on peut planter sur la place Belelcour.
On n'a toujours pas d'âme effectivement. Allez un dernier point, dont on parlait parlait en amont de cette émission : la culture. Qu'est-ce que vous prônez sur la culture ? Quelles seraient les grandes lignes directrices ?
Mais qu'on fasse venir des grandes expositions ! Qu'on délègue, par exemple, à des sociétés comme Culturespaces (entreprise privée assurant la gestion de monuments historiques et musées, la création de centres d'art et l'organisation d'expositions temporaires et numériques immersives, NdlR) des grandes expositions au Musée Guimet, qu'on les donne en location en gestion ! Il manque terriblement de… Voilà ce n'est pas le street art. À Lyon, on peut faire venir de la musique ça marche très bien avec l'opéra, etc. Mais il manque tellement de grandes choses, un grand musée, par exemple, comme un musée du corps humain à l'Hôtel-Dieu ou un musée de la transition écologique, parce qu'en fait les écologistes ne sont pas bons dans leur domaine. En fait, quand ils parlent de trois hectares et demi plantés c'est la moitié de la place Bellecour. En quatre ans, c'est ça le bilan ? Mais il est minable. Au bout d'un moment, il faut aussi.
Les tags, l'ambition hi hi hi