Alors que la trêve hivernale touche à sa fin, des locataires d'immeubles situés à la Duchère (9e arrondissement) sont expulsés de leur logement. En cause, le Plan de Rénovation Urbain, projet porté par Grand Lyon Habitat.
Devant les locaux du Grand Habitat Lyon, une petite assemblée se forme. Quelques membres du collectif Droit Au Logement 69 (DAL 69) déploient une banderole. Ils se réunissent pour exiger le relogement des personnes expulsées de certains immeubles de La Duchère (9ème arrondissement). Ce quartier a été retenu en 2015 comme site d’intérêt national pour bénéficier du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), sur les secteurs de La Sauvegarde et du Château.
Porté par Grand Lyon Habitat (GLH), le projet prévoit, entre autres, la rénovation des bâtiments 440 et 460 à La Sauvegarde, jusqu'alors occupés par des personnes prioritaires. Selon GLH, la réhabilitation de ces deux bâtiments "vise à améliorer la performance énergétique, à proposer des logements de meilleure qualité" et des "espaces communs intérieurs plus accueillants". GrandLyon Habitat confirme aussi avoir introduit "une requête judiciaire pour obtenir la libération de logements squattés, pour lesquels l'organisme attend une décision judiciaire dans les prochains mois".
Conséquences : des personne expulsées et des mises à l'abri jugées inexistantes ou insatisfaisantes. Une membre du collectif DAL69, déplore des conditions de vie insalubres. “Les rats cohabitent parfois avec les locataires”, constate-elle.
334 enfants dorment à la rue dans l’agglomération lyonnaise
Le collectif se mobilise depuis plusieurs mois pour demander à l'institution lyonnaise de garantir un droit au logement sur le long terme. Un premier rendez-vous est obtenu avec le Grand Lyon Habitat mercredi 03 avril dernier, lequel tente de rassurer : le NPNRU ne sera effectif qu’en 2026 et une procédure d’expulsion “prend du temps”. D’ici là, DAL69 exige l’occupation des logements jusqu’à cette deadline. “Nous surveillons la situation de près, nous attendons encore des dates précises”, précise Samira, membre du collectif DAL69.
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La question du relogement reste alarmante en France et particulièrement dans l’agglomération lyonnaise où 334 enfants dorment à la rue, selon le dernier décompte du collectif Jamais Sans Toit. Cet hiver déjà, Sandrine Runel, adjointe aux solidarités à la Ville de Lyon, avait alerté au sujet du manque d'hébergement d'urgence. "Il est nécessaire aujourd'hui de créer de nouvelles places d'hébergement d'urgence. On le voit bien à Lyon mais on le voit bien aussi dans les autres villes. Nous ne passerons pas l'hiver, nous n'arriverons pas à tenir", avait-elle confié à Lyon Capitale.
S*, maman de cinq enfants, occupe un squat à la Duchère depuis décembre dernier. Cette mère courage, originaire d’Algérie a connu la rue et l’angoisse des appels d’urgences sans réponse. La solidarité s’organise alors peu à peu, des associations et enseignants se mobilisent, la famille est temporairement relogée à l’école Gilbert Dru (7e arrondissement), là où est scolarisé l’un de ses enfants. Mais face à l’avenir incertain et à la menace planante d’une future expulsion, le doute ronge la mère de famille. “Je veux juste un toit et vivre une vie sans angoisse avec mes enfants”, lâche la quadragénaire. L'organisme Grand Lyon Habitat assure de son côté que "des relogements se poursuivront jusqu'en 2027, en tenant compte de leurs besoins".
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La loi anti-squat, double peine pour les personnes sans-papiers
Parmi les locataires des squats de La Duchère, certains ne possèdent pas de titre de séjour. La récente proposition de loi Kasbarian, (du nom du ministre délégué chargé du Logement), “effraient” les squatteurs sans papiers d'après les membres du DAL69. Cette loi triple les sanctions encourues par les squatteurs – jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Selon un ajout des sénateurs en première lecture, le juge ne pourra plus accorder de délais aux squatteurs dont l’expulsion a été judiciairement ordonnée. Ce que déplore une membre du DAL69. “Les personnes expulsées se retrouvent alors plus vite à la rue sans solution d'hébergement. Et celles sans-papiers craignent d'être arrêtées.”, soulève-t-elle.
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Cette loi anti-squat accélère aussi les procédures en cas de loyers impayés. Il est prévu, de manière systématique dans les contrats de bail, une "clause de résiliation de plein droit". Activer cette clause permettra à un propriétaire d’obtenir la résiliation du bail sans avoir à engager une action en justice et, ainsi, de pouvoir obtenir plus rapidement une expulsion.
A Lyon, plusieurs manifestations ont lieu pour réclamer, pour les personnes expulsées un droit au relogement.
Marie-Charlotte, Sandrine, Audrey, Florence vont bien proposer des solutions !
Tu bosses, tu auras un toit!