Le maire PS de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, a annoncé publiquement avoir été diagnostiqué d'un lymphome cet été. Une annonce qu'il ressentait comme "nécessaire" et qui participe à atténuer le "tabou" que représente, encore aujourd'hui, le cancer.
Des regards gênés, interrogatifs ou des personnes qui ne trouvent pas leurs mots et "n'osent rien dire". Le maire de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, a pris les devants cette semaine face aux interrogations silencieuses liées à sa perte de cheveux, synonyme de chimiothérapie. Parce qu'il est "un personnage public", "maire d'une ville", celle de Villeurbanne, il déclare dans les colonnes du Progrès "vivre avec un cancer". "J'en ressentais un peu l'exigence et la nécessité", explique-t-il ainsi à Lyon Capitale. "Le cancer est quasiment la maladie la plus tabou de toutes." Comme exemple, et sans faire référence à son cas personnel, il évoque les rubriques nécrologie des journaux, dans lesquelles il est écrit "après une longue et douloureuse maladie", soit "une périphrase" qui la plupart du temps, désigne le cancer sans le nommer. "C'est une maladie un peu ostracisée, comme peuvent l'être les gens qui l'ont et qui quelquefois, s'ostracisent eux-mêmes. Et pourtant, c'est très répandu et il y en a de différents types. Ce que j'ai, le lymphome, qui est un cancer des lymphocytes, est bien sûr une maladie sérieuse, mais beaucoup en guérissent. On vit avec, surtout, pendant un temps qui peut être long, très long même. Dire aux gens qu'on a un cancer et qu'on vit avec un cancer contribue justement à en faire quelque chose d'assez banal" explique Jean-Paul Bret.
"La maladie m'oblige à porter un autre regard"
À la mairie, le fait de parler clairement de sa maladie a créé, d'une certaine manière, une logique de travail. "Mes collaborateurs comprennent et s'engagent aussi, car dans une période comme celle-là, je leur demande un peu plus et un peu différemment. Il y a des aspects positifs sur ce plan là, puisque ça permet de découvrir les gens dans ce qu'ils sont prêts à faire dans une situation qui m'affecte et qui affecte, un peu indirectement, le collectif." Dans sa responsabilité politique, le maire socialiste ajoute que "paradoxalement", la maladie l'oblige à porter un autre regard sur sa personne et sur ceux qui l'entourent. Il s'est penché sur des sujets qui n'auraient pas eu la même portée dans son esprit quelques mois plus tôt. "Il y a eu différentes polémiques sur le prix des médicaments innovants, certains ont attiré l'attention sur le fait que si l'on continuait à avoir des prix aussi élevés, l'égalité des soins pouvait être compromise". Parmi ceux qui se lèvent, le maire et président de l'Institut Curie, Thierry Philip, qui siège aux côtés de Jean-Paul Bret au conseil de la Métropole. "Le lymphome pour lequel je suis traité à un protocole assez expérimenté, je ne dis pas que ce n'est pas cher, mais ce qui est très cher, c'est lorsque les laboratoires testent de nouvelles molécules ou des produits nouveaux. Alors là, si je peux me permettre, les laboratoires se gavent, même s'ils ont toutes les bonnes raisons en disant qu'il est nécessaire de faire des tests et que ces derniers sont coûteux." Le hasard du calendrier fait que ce vendredi est la journée France lymphome espoir, pour laquelle un forum est organisé à la faculté de médecine et de pharmacie Rockefeller. "Du coup, je vais y aller" indique Jean-Paul Bret pur conclure l'entretien.