Jean-Paul Bret : "On ne vit pas mieux dans une immense commune"

(Entretien paru dans le numéro de juin de Lyon Capitale)

Lyon Capitale : Certains Internautes évoquent une fusion entre Lyon et Villeurbanne pour mieux peser en Europe. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Paul Bret : C'est un vieux sujet. Ce qui a redonné vie à ce bruit de fond, c'est la réforme Balladur qui pose la question du périmètre des échelons territoriaux. La course à la démographie n'a guère de sens. La communauté urbaine ne pèse que 1,2 million d'habitants. C'est toujours beaucoup moins que Barcelone et ses 6 millions d'habitants (ndlr : 4,8 millions selon l'Insee). A l'inverse, les villes finlandaises ne comptent pas beaucoup de population mais rayonnent par leur innovation.

Les Villeurbannais n'y gagneraient-ils pas, profitant de la force financière de Lyon ?
Non, on ne vit pas mieux dans une immense commune. Bien au contraire : les habitants y perdraient en sentiment d'identité, de proximité avec les élus, en capacité d'innovation. Villeurbanne s'est créée par différence. Nous avons accueilli Planchon qui ne trouvait plus sa place à Lyon et c'est ainsi que le Théâtre national populaire s'est fait ici et pas à Lyon, plus bourgeoise. Lorsque nous avons ouvert l'Ecole nationale de musique, nous n'avons pas voulu faire un 2e conservatoire après celui de Lyon et nous nous sommes ouverts aux musiques du monde. Qui a ensuite servi de référence. Par cette capacité d'expérience, Villeurbanne est une chance pour le Grand Lyon ; et les autres communes peuvent en dire autant.

N'avez-vous pas l'impression que le Grand Lyon délaisse Villeurbanne au profit de Lyon ou des communes déshéritées ?
Il faut toujours avoir le feu sous la marmite. Du temps de Raymond Barre, il n'y avait pas d'entente entre Lyon et Villeurbanne et nous avons été oubliés. Durant le premier mandat de Gérard Collomb, le Grand Lyon a financé la Zac des Maisons Neuves, la rénovation des dalles du Tonkin, la place Lazare Goujon...

C'est peu !
Le président du Grand Lyon, qui se trouve être maire de Lyon, connaît forcément mieux sa ville que Villeurbanne. Avec lui, nous avons redressé des perspectives communes : Gratte-Ciel nord, Carré de Soie, le pôle Pixel. Je ne suis pas dans la plainte. Il faudra travailler sur la requalification de Grand-Clément qui a un potentiel de 20 000 habitants et pèse démographiquement plus que Confluence. Et la transformation du cours Emile Zola en avenue urbaine pour faire une place aux modes doux. Gérard Collomb veut faire de même avec la rue Garibaldi à Lyon. J'ai le sentiment que les services de la communauté urbaine pensent plus à la rue Garibaldi : à nous élus villeurbannais, d'être pugnaces pour défendre le territoire.

Lire aussi : Fusion Lyon-Villeurbanne, un débat qui rebondit sur le net

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