Son œil est coquin quand il parle cuisine. lyoncapitale.fr lui a donc demandé d'en dire plus sur les rapports entre nourriture et sensualité. Avec Jean-Pierre Coffe, sur lyoncapitale.fr, et pendant une semaine, c'est drague, vin et bons petits plats !
Le lit n'est finalement que l'aboutissement de la table. Je parle d'un repas à deux, mais pourquoi pas à quatre. Dès l'instant où l'on a réussi à introduire sa fourchette dans la bouche de l'autre, ou bien ses doigts, ou encore qu'on retire quelque chose de sa bouche pour dire à l'autre : "Tiens goûte !", alors on a gagné, on peut considérer qu'on est dans la place ! J'ai 68 ans mais je me souviens quand j'étais petit, on partageait les cerises. C'est à celui qui allait récupérer le noyau, vous voyez où ça amène, avec une seule cerise ! On la mettait entre nos lèvres ; après on s'aventurait petit à petit et le premier contact avec la langue s'établissait. C'était le chemin vers le plus intime.
Quand on en est là, je me demande si la qualité du produit a encore de l'importance et si un bout de surimi ne ferait pas le même effet. Mais je ne garantis rien, je n'ai jamais essayé (rires). Mais prenez le cas d'une patte de homard, il ne peut pas y avoir d'échec amoureux ! Ah non ! Vous avez enlevé le cartilage intérieur et vous partagez, c'est formidable.
Amusez-vous aussi à faire un truc très rigolo. Vous savez les petits gressins italiens. Vous mettez ça dans la bouche de votre partenaire et c'est celui qui va le plus vite pour le manger. Faut faire des jeux avec la nourriture. L'intégrer dans les jeux amoureux c'est encore autre chose. Et là le choix est vaste ! Il y a le chocolat, le miel, le riz. La crème Chantilly aussi, c'est formidable !
J'imagine... Je suis dehors - je ne dis pas au bord d'une piscine, on va m'accuser d'avoir des goûts de luxe - mais je suis allongé à même le gazon, il fait beau. Je suis soit en maillot de bain, soit en robe de chambre parce que c'est le matin ; je suis allé cueillir des fruits au jardin. J'ai fait un coulis de tomate ou de framboise, je le mets dans un bol, je ne prends pas de cuillère - je fais exprès - et je dis : "Tiens tu trouves ça comment ?" Je mets mon doigt dedans, j'en mets un peu sur son ventre, sur les seins, enfin selon mon inspiration. Ne reste plus qu'à lécher telle ou telle partie de la peau. Voilà. La nourriture c'est fon-da-men-tal. C'est un peu comme les films pornos mais en un peu plus distingué ! Les films pornos, personne ne peut résister à ça. Ça excite même la plus bégueule ou le plus prude. Mais il faut arriver à mettre le DVD ou la bobine dans l'appareil. Il faut qu'il y ait consentement préalable. Alors que la nourriture, ça démarre innocemment, il n'y a pas d'intention visible derrière. La nourriture c'est plus délicat, c'est plus subtil, mais c'est tout aussi efficace...
(A suivre)
Recueilli par Philippe Chaslot
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