Avec le renoncement de Martin Fourcade de devenir président du comité d'organisation, les Jeux Olympiques d'hiver 2030 se cherchent toujours un patron. Ce grand projet, porté notamment par la région Auvergne-Rhône-Alpes, n'a jamais été aussi flou et va désormais devoir passer la vitesse supérieure à seulement cinq ans du début de l'événement.
Qu'ils semblent loin l'euphorie post JO de Paris 2024 et l'enthousiasme de voir, dans moins de six ans, la grande messe du sport être de nouveau organisée, en hiver et sur le sol français. A tout juste cinq ans du début des Jeux Olympiques d'hiver 2030, tout reste à faire dans les Alpes françaises. Les JO 2030 se cherchent toujours un patron, et ce ne sera finalement pas Martin Fourcade, pourtant grand favori pour devenir le Tony Estanguet de la montagne. L'ancien biathlète, a annoncé ce lundi renoncer au poste de président du comité d'organisation.
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Cette annonce, si elle a pu surprendre, n'est finalement que la suite logique d'un projet toujours à l'état de balbutiement et déjà critiqué depuis de nombreux mois pour être mal ficelé mais surtout très politique. Si Martin Fourcade a évoqué des "désaccords trop nombreux pour pouvoir envisager sereinement cette mission", en sous-texte il fallait comprendre que les présidents des deux régions organisatrices, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, avaient eu raison de la candidature du quintuple champion olympique.
Le renoncement de Fourcade ? "Un bol d'oxygène" selon Renaud Muselier
La réaction de Renaud Muselier, quelques heures après l'annonce du renoncement du favori au poste, est symptomatique des divergences et batailles politiques qui se sont jouées en coulisses. Le président de la région Paca a estimé que ce renoncement était finalement "un bol d'oxygène" pour les JO 2030. Laurent Wauquiez, ancien président de la Région Aura, et toujours très impliqué dans ce projet ne voulait pas non plus entendre parler de Fourcade pour la présidence du Cojo, quoiqu'en dise la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans un communiqué très policé envoyé suite à l'annonce de Martin Fourcade.
Mais désormais, que reste-t-il pour ce projet aux plus de 2 milliards d'euros ? Pas grand-chose. Le futur siège du Cojo ? S'il devrait s'établir à proximité du Groupama Stadium, rien n'est encore officialisé. Ce lieu crispe d'ailleurs les différents acteurs et a été l'un des éléments qui a poussé Martin Fourcade à se retirer. L'identité du patron du comité d'organisation ? Pour l'heure, Michel Barnier, nommé par le gouvernement et le CIO pour porter le projet des JO 2030 en attendant la création du Cojo, ne connaît toujours pas le nom de celui qui deviendra la tête de gondole des Jeux.
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Lundi 3 février, une réunion de crise a été organisée autour de l'ancien premier ministre pour tenter de faire ressortir quelques noms. Une vingtaine ont été évoqués, parmi lesquels ceux de Marie Martinod, vice-championne olympique 2014 et 2018 de half-pipe ou de Vincent Jay, champion olympique de biathlon en 2010. Deux candidats qui, s'ils n'auront pas la même envergure à l'international qu'un Martin Fourcade, pourraient plus facilement mettre d'accord les différents acteurs du dossier. A moins qu'une surprise, comme Edgar Grospiron, champion olympique 1992 de bosses ou Perrine Pelen, triple médaillée olympique en ski entre 1980 et 1984, soit finalement privilégiée.
Le CIO attend toujours des garanties de l'Etat
Autant d'interrogations qui commenceraient à inquiéter et agacer le Comité international olympique. Ce dernier attend toujours l'assurance que la première garantie de l'Etat de 500 millions d'euros apparaît bien dans le projet de loi de finances 2025, approuvé par la commission mixte paritaire il y a trois jours et pour lequel le gouvernement Bayrou a dégainé le 49.3 ce lundi. Face à toutes ces incertitudes, le CIO n'a d'ailleurs toujours pas signé le contrat de ville hôte, un document qui a coutume d'être paraphé dans les six mois suivant l'attribution des JO, soit le 24 juillet dernier pour les Alpes 2030.
Le temps presse alors que la création du comité d'organisation qui se fait attendre devrait avoir lieu le 18 février prochain au Groupama Stadium, après avoir été repoussée à plusieurs reprises déjà. "Il y a le feu au lac ! Il faut que l'on trouve une solution d'ici là" estime un acteur du dossier à nos confrères de L'Equipe.
A cinq ans de l'événement, l'histoire de l'organisation des Jeux d'hiver 2030 continue de connaître des rebondissements. Après le coup de froid provoqué par l'annonce de Martin Fourcade, les organisateurs des Jeux vont devoir se retrousser les manches. Et ces nombreux balbutiements ne seront pas sans conséquences.