Placée en redressement judiciaire depuis le 27 mars dernier, la société Kem One, cédée par le groupe Arkema en juillet 2012, a jusqu’au 14 juin pour trouver un repreneur. En attendant, les salariés ont décidé de faire annuler la vente de l’époque.
"On veut obtenir l’annulation de la cession d’Arkema à Kem One", assure Philippe Lemarchand, coordinateur de la CGT chez Kem One. Lundi 22 avril, lui et d’autres salariés de la société spécialisée dans la fabrication de PVC étaient rassemblés devant le tribunal de commerce de Lyon. "Nous avons réussi à obtenir tous les documents comptables concernés par la cession de la filière vinylique d’Arkema à Kem One de juillet 2012, précise-t-il. Comme nous avons entre nos mains les documents relatifs à la gestion de l’entreprise par le nouveau patron Gary Klesch". Défendu par Maître Fiodor Rilov, l’avocat des Goodyear et autre Sanofi, la CGT a l’intention d’obtenir l’annulation de la cession de l’époque. "Avec ces documents, nous allons chercher la faille qui va nous permettre de prouver que la cession, puis la gestion ont été faites de manière frauduleuse", conclut le syndicaliste.
Rachetée pour un euro symbolique
Car pour les salariés, la situation financière de Kem One SAS, placée en redressement judiciaire depuis le 27 mars dernier est loin d’être transparente. Rachetée pour un euro symbolique par un homme d’affaires américain Gary Klesch, en juillet 2012, la société n’a pas tardé à mettre la clé sous la porte. "Depuis le début, Gary Klesch ne paye plus les fournisseurs alors qu’il a reçu de la part d’Arkema 100 millions d’euros pour pouvoir démarrer l’activité, peste Philippe Lemarchand. Nous aimerions savoir où est passé cet argent. Par ailleurs, nous soupçonnons qu'Arkema ait voulu s'éviter un plan social trop coûteux".
Le 9 avril dernier, le tribunal de commerce de Lyon a décidé de prolonger la période d’observation pour Kem One, en confiant la gestion à un administrateur public et en laissant le soin à un expert judiciaire de décortiquer les comptes. Il a aussi mis en place un plan de financement pour permettre de faire vivre l’entreprise quelques mois de plus grâce à l’apport de l’ancien actionnaire, Arkema, à hauteur de 30 millions d’euros, de celui de Kem One pour 12 millions d’euros et grâce à une baisse de 1,2 millions d’euros du prix de l’éthylène octroyé par Total. Le tribunal a, pour la suite, fixé la date limite de dépôt des offres de reprise au 14 juin.