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L'A89 à la Tour-de-Salvagny : "une vraie catastrophe"

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En l'absence du tronçon manquant reliant l'A89 à l'A6, les conditions de circulation devraient se dégrader, à Dardilly, Limonest et Tassin. Les maires concernés ferraillent aussi contre le projet de l'Etat de réaliser la liaison manquante sur leur territoire. Ils sont appuyés par le président de l'agglomération, Gérard Collomb.

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"Ca va être une vraie catastrophe". Lors de ses vœux aux élus lundi dernier, Gérard Collomb n'a pas mâché ses mots contre le nouveau tronçon de l'A89 inauguré ce samedi, entre Balbigny et Tour de Salvagny. Contrairement aux recommandations de l'enquête publique de 2008, cette ouverture imminente va être accomplie sans la réalisation du barreau manquant entre l'A89 et l'A6, que l'Etat envisage au plus tôt à horizon 2017-2018. "Cette autoroute va finir dans un champ de patates, dans le vide", fulmine la maire de Dardilly, Michèle Vullien (photo ci-contre). Pour finir leur trajet, les automobilistes devront emprunter des axes secondaires, notamment la RN489, pour rallier l'A6 et rejoindre le tunnel de Fourvière (voir le plan ci-dessous). Pour les communes limitrophes, les conditions de vie pourraient se dégrader brutalement, malgré la reconfiguration des giratoires annoncée par la préfecture. 10 000 véhicules supplémentaires sont attendus à la Tour de Salvagny.

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Trois tracés envisagés

Trois différents tracés ont été envisagés : aucun n'a pu être exécuté. L'un raccordait Belmont d'Azergues et les Chères, abandonné en 1997. Le président du conseil général, Michel Mercier, a ensuite proposé un tronçon nord du Contournement de l'Ouest lyonnais, créant un échangeur avec l'A6 au nord de Villefranche-sur-Saône, à hauteur d'Arnas. Objectif : bouter le trafic loin de l'agglomération. Ce projet n'a pas vraiment été étudié. Enfin, en 2007, une étude publique a été lancée pour une liaison plus au sud, en direction de Limonest. Etaient prévues la reconfiguration des routes existantes, et la construction d'un axe nouveau, entre la RN6 et l'A6. Ce projet a finalement essuyé un avis négatif.

"Au final, rien n'a été fait et c'est la pire des solutions", peste Eric Poncet, conseiller général d'Ecully (UMP). Comme il l'explique, la circulation "va trabouler à Ecully, Champagne, Tassin". Le dossier de concertation, remis en mai 2011, comporte des simulations des flux de circulation à horizon 2020, en cas d'arrivée de l'A89 à La Tour de Salvagny sans barreau vers l'A6, ni mesure compensatoire. Le débit de la RN7 en direction de Tassin augmenterait de 75%, et celui sur la RN489 vers Limonest s’accroîtrait de 65%. 90 000 véhicules/jour échoueraient à l'échangeur de la Garde, au niveau du centre commercial Porte de Lyon. "En l'absence d'aménagement après la mise en service de l'A89, la saturation du réseau routier national (RN489 et RN6) s'aggraverait fortement aux heures de pointe", est-il écrit.

Les deux tiers des voitures vont vers Lyon

Les conseils municipaux de Dardilly, Lissieu et Limonest vont prochainement adopter le même vœu, refusant tout à la fois le statu quo et le tronçon sud que le préfet s'emploie actuellement à réanimer, sans péage (pointillés rouges ci-dessous). Ce projet n'est pourtant pas illogique : les deux tiers des voitures provenant de l'A89 se dirigent vers le cœur de l'agglomération. La concertation publique a été relancée au cours de l'année 2011, se heurtant toujours à une vive opposition. "L'A6 est bloquée le matin. Les gens ne prendront pas le barreau", juge Michèle Vullien, qui craint que le flux automobile se répande dans les voiries secondaires. Max Vincent, maire de Limonest, et elle comptent pousser en faveur d'un tronçon nord, entre Belmont d'Azergues et les Chères, tel qu'il était envisagé dans les années 90. Celui-ci se connecterait à une liaison A6-A46 que l'Etat est en train d'exécuter. En dernier recours, la maire de Dardilly souffle toutefois qu'elle pourrait se rallier à un tracé sud, sur sa commune, si celui-ci était en souterrain.

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Pendant des années, les "petits maires" se sont battus, un peu seuls. Jean-Jack Queyranne reconnait ne pas avoir un avis tranché sur la question. Pour le président de la Région compte surtout le désenclavement de Roanne "qui perd population et activités". Gérard Collomb n'en a jamais fait non plus un cheval de bataille. Mais à présent qu'il s'active en faveur de l'Anneau des Sciences, il réalise que l'A89, si elle était raccordée à l'A6 à proximité de Lyon, pourrait provoquer un surcroit de trafic, tout à la fois sur le périphérique nord en direction de Villeurbanne, et sur le périphérique ouest, en direction de Gerland. Et qu'à coup sûr, la circulation sous le tunnel de Fourvière empirerait. "On fait en sorte que les voitures arrivent pile poil au coeur de l'agglomération", a-t-il grondé au cours de ses voeux aux élus, lundi dernier. Il milite lui aussi en faveur d'une liaison Belmont-Les Chères. Quant à Michel Mercier, il appuie les deux tronçons, nord et sud. "Nos voiries ne sont pas adaptées pour accueillir le choc d'un trafic autoroutier", explique son vice-président, Michel Forissier.

Lire aussi : "l'A89 à la Tour de Salvagny : pourquoi l'autoroute finit dans un cul de sac"

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