Les progrès scientifiques n'ont pas permis de nouvelles avancées dans l'affaire du petit Grégory. Plusieurs profils génétiques ont été retrouvés sur les vêtements de l'enfant ou les cordelettes. Mais rien de probant.
"Il est impossible de mettre un nom sur les profils ADN". Le procureur de Dijon, Jean-Marie Beney, ne s'est montré guère optimiste ce mardi sur la résolution du meurtre du petit Grégory. Il présentait à la presse les résultats des expertises sur l'ADN trouvé sur les scellés de l'affaire.
Sur les cordelettes, un mélange d'ADN masculin a été retrouvé mais serait difficilement exploitable. Sur les vêtements, des profils d'hommes et de femmes ont été relevés. "Ces ADN complets ou partiels ont été comparés à la base constituée dans ce dossier auprès des protagonistes et des acteurs judiciaires", a indiqué Jean-Marie Beney. Mais aucun profil ne correspond. Enfin concernant les deux voix des enregistrements du corbeau, il a été impossible d'identifier formellement la provenance de celles-ci.
Les 18 dates clefs de l'affaire :
16 octobre 1984 Signalé disparu quelques heures plus tôt, Grégory Villemin, quatre ans, est découvert dans la Vologne, une rivière de Lorraine. Mains et jambes liées, l'enfant est mort noyé, près d’un barrage à sept kilomètres du domicile de ses parents, Christine et Jean-Marie Villemin à Lepanges-sur-Vologne.
17 octobre 1984 Un corbeau revendique le crime dans une lettre adressée à Jean-Marie Villemin : "J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con." Cette lettre n’est pas la première, le corbeau menace les époux Villemin depuis plus de 4 ans.
5 novembre 1984 Bernard Laroche, le cousin germain de Jean-Marie Vilain, est accusé par Muriel Bolle, sa belle-sœur âgée de quinze ans d’être l’assassin. Laroche est inculpé par le juge d'instruction d'Épinal, Jean-Michel Lambert.
4 février 1985 Le juge Lambert, contre l'avis du ministère libère Bernard Laroche, sa belle sœur s’étant rétractée et le dossier s’avérant mince contre lui.
29 mars 1985 Jean-Marie Villemin tue Bernard Laroche d’un coup de fusil, persuadé que celui-ci est le meurtrier de son fils. Il se rend immédiatement à la police.
5 juillet 1985 Le juge Lambert inculpe Christine Villemin d'assassinat. Aperçue dans un bureau de poste le jour du drame, elle était depuis quelques semaines l'objet de rumeurs laissant entendre qu'elle pourrait être le mystérieux corbeau. Des graphologues la désignent également "responsable probable" des lettres.
16 juillet 1985 Sans preuve, la chambre d'accusation de Nancy la libère. Pour une partie de l’opinion, elle est la coupable idéale. La France se passionne pour ce fait-divers ultra médiatisé.
Mars 1987 La cour de Cassation dépayse l’affaire à Dijon. Le renvoi de Christine Villemin devant les Assises est ainsi annulé.
3 février 1993 Christine Villemin bénéficie d'un non-lieu rendu pour "absence totale de charges", une première en droit pénal.
Novembre 1993 Jean-Marie Villemin est condamné à cinq ans de prison dont 4 fermes pour l'assassinat de Bernard Laroche. Deux semaines plus tard, ayant purgé l'essentiel de sa peine lors de la détention préventive soit 33 semaines, il est libéré.
14 juin 2000 Suite à la demande des parents Villemin, l'enquête est rouverte pour rechercher des empreintes ADN sur une lettre du corbeau de 1983. L'enquête à rebondissement des expertises ADN, grâce aux progrès de la science, débute ainsi. Le 17 octobre, les experts n'ont rien trouvé.
30 juin 2004 L’État est condamné à verser 35 000 euros à chacun des deux époux pour dysfonctionnement de la justice.
9 juillet 2008 Le procureur général de la cour d'appel de Dijon annonce qu'il demande la réouverture de l'instruction judiciaire concernant l'assassinat du petit Grégory pour procéder à de nouveaux tests sur l'ADN, auparavant jugé inexploitable, qui aurait pu être laissé par le corbeau sur un timbre et sur des cordelettes ayant servi à ligoter l'enfant.
3 décembre 2008 Saisie par les époux Villemin, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon décide de rouvrir l'enquête, au regard des progrès de la science qui pourraient révéler des indices génétiques.
22 octobre 2009 L'expertise montre la présence de deux traces ADN sur un timbre et une lettre envoyée par le corbeau adressée à la famille Villemin. L'ADN ne correspond pas à celui des époux Villemin.
20 octobre 2010 Les progrès de la technologie et l'insistance des époux Villemin, qui demandent une nouvelle analyse ADN, conduisent Jean-Marie Beney, procureur général de la cour d'appel de Dijon, a ordonner la réouverture de l'enquête.
16 janvier 2012 Jean-Marie Beney explique qu'il "n'a pas été possible d'extraire d'ADN du nœud des cordelettes", et que l'ADN retrouvé sur le cheveu n'a donné aucun résultat probant. Les époux Villemin demandent des analyses complémentaires.
24 avril 2013 les nouvelles analyses effectuées sur les vêtements du petit garçon et les cordelettes se sont révélées à nouveau infructueuses. "L’espoir scientifique de résoudre l’affaire s’éloigne," selon Jean-Marie Beney.