On le croyait mort et enterré, l'autoroute urbaine de l'Anneau des sciences fait son retour dans la campagne. Elle est toujours défendue par le duo Collomb et Cucherat, désormais associé aux Républicains mené par François-Noël Buffet. Un retour des morts qui ressemble surtout à une promesse qui n'engagera que ceux qui y croient.
Et soudain, l'Anneau des sciences s'invita à nouveau dans la campagne électorale à Lyon. Ce projet d'autoroute urbaine visant à boucler le périphérique à l'Ouest est déjà revenu des morts, moins d'un mois après un communiqué de presse de Gérard Collomb qui sonnait pourtant comme un abandon (lire ici).
Yann Cucherat, son candidat à la ville, a pourtant affirmé sur BFM Lyon que le projet n'est que "reporté", le temps de laisser passer la crise économique. Son nouvel allié, des Républicains, François Noël Buffet, parle lui d'un dossier mis de côté au micro de nos confrères de Lyon Mag (voir ici).
En marge d'une conférence de presse, Gérard Collomb s'est pris lui-même une envie de rappeler qu'il souhaitait toujours voir le projet être réalisé, nous lançant en plaisantant "nous louerons une voiture à hydrogène et nous irons dans l'Anneau des sciences ensemble" (voiture à hydrogène qui ne règle pas la question de la pollution aux particules fines ou de l'équilibre de l'espace public au passage, lire ici).
Ceux qui pensaient le projet déjà mort, après plus de trente ans de rebondissements (lire ici), commencent déjà à fourbir leurs armes pour mener une nouvelle guerre de l'anneau. Ce retour reste plus logique que crédible.
Lobbys et calculs électoraux
Dans un match pour la métropole de Lyon qui oppose l'alliance Collomb / Les Républicains aux Verts avec la gauche menés par Bruno Bernard, mais aussi au président sortant, David Kimelfeld, l'Anneau des sciences reste un facteur différenciant. "Ça ne coûte rien d'être encore pour l'Anneau des sciences et ça peut rapporter quelques voix face à Bernard et Kimelfeld qui sont contre", confie un proche de Gérard Collomb.
Les lobbys locaux du patronat et du BTP se sont aussi émus de l'abandon de l'infrastructure. Laisser la porte ouverte est aussi une manière de les rassurer. Pourtant, Gérard Collomb a toujours défendu un modèle de financement basé sur la concession et péage qui profiterait avant tout à un grand acteur à l'image d'un Vinci et moins au tissu économique métropolitain (lire ici).
"Ressortir l'idée de construire une autoroute à Lyon, c'est aussi dire aux patrons, on vous fera travailler, même si à la fin, nous ne sommes pas naïfs, on sait que ces grands projets ne sont pas pour nous", confie un acteur du BTP. En 2013 déjà, les conclusions du débat public résumaient déjà la situation : "la réalisation de l’infrastructure routière, très attendue par les élus et les entreprises, est vivement contestée par une part significative d’habitants (étalement urbain, nuisances importantes) en raison notamment des problèmes sanitaires et de la qualité de l’air aux abords des sorties de tunnels".
Dans une logique de tout pour le tout, cette résurgence semble prendre des allures de possibles calculs électoraux. Mais les promesses n'engagent que ceux qui les croient.
Un projet qui tend toujours plus vers l'impossible
En 2020, bien avant la crise, la réalisation de l'Anneau des sciences paraissait bien compromise. L'État ne voulait pas en entendre parler, l'Europe non plus. Son financement, estimé entre 4 et 5 milliards d'euros au minimum, aurait dû reposer sur les seules épaules de la métropole de Lyon. Le risque de voir d'autres projets pour le plus grand nombre abandonnés au profit d'une autoroute dédiée à la voiture individuelle était réel. Ce montage financier était déjà considéré comme impossible par plusieurs observateurs, comme le président de la métropole David Kimelfeld qui accusait Gérard Collomb de sous-évaluer le budget de l'Anneau des sciences, ainsi que les recettes du péage.
La crise économique à cause de l'épidémie de SARS-COV-2 va laisser de lourdes traces dans les finances des collectivités. L'espoir d'un mieux à moyen terme qui permettrait de pouvoir financer l'Anneau des sciences semblent peut probable. À titre d'exemple, pour les transports en commun, le Sytral s'attend à des pertes supérieures à 800 millions d'euros entre 2020 et 2029 (un peu plus de la moitié du budget du métro E entre Part-Dieu et Alaï, estimé à 1,4 milliard).
Les défenseurs de l'Anneau des sciences pourront toujours arguer qu'il serait possible de faire passer l'addition dans un plan de relance économique. Là encore, cela tend vers l'improbable, l'acceptabilité environnementale du projet, déjà rejeté en 2013, ne devrait pas s'arranger avec le temps, bien au contraire. Le gouvernement, comme l'Union européenne devraient continuer de se détourner de ce type d'autoroute urbaine.
Par ailleurs, au sein même de l'alliance entre Gérard Collomb et Les Républicains, dont la tête de liste à la métropole de Lyon est François-Noël Buffet, les avis divergent sur l'avenir de l'Anneau des sciences. Si le premier a toujours défendu un tracé court via Oullins, Saint-Genis-Laval, Francheville et Tassin / Écully, le second n'en veut pas dans cette même ville d'Oullins dont il a été maire pendant plusieurs années. Ainsi, François-Noël Buffet a toujours plaidé pour un parcours long. Son idée d'un Central parc dans le quartier de la Saulaie n'apparaît pas comme compatible avec une sortie d'autoroute au même endroit (même si le maire de Saint-Genis-Laval, Roland Crimier, avait de son côté présenté un écoquartier à côté d'un échangeur de l'Anneau).
Le projet selon Collomb aurait dû voir le jour en 2035 voire 2040. Relancer des études, des concertations, c'est le repousser au-delà, sans connaître les évolutions de nos déplacements à court, moyen et long terme. C'est aussi ne pas offrir d'alternatives fortes là où le besoin se fait ressentir dès maintenant. Pour l'Anneau des sciences, le mantra reste le même depuis trente ans : "repousser c'est abandonner, sans le dire réellement".
L'un des problèmes de l'anneau des sciences est son budget. 4 à 5 milliards c'est impossible à financer pour la métropole.
De plus si jamais ce projet avait été lancé, le temps des études, levées de fonds, expropriations, recours, des surprises, des changements de politique et autres font que ce projet ne pourrait sortir qu'en 2035-2045... au moment où les voitures seront différentes en terme de motorisation (hybrides? Hydrogène? BEV? HEV? PHEV?...).
Après avoir dit cela que faut-il faire pour enlever les voitures sous Fourvière?
Il y aura toujours l'arrivée sur cette voie même en étant déclassée et en changeant de nom des voitures venant de l'autoroute A89, de l'A6, des Nationales 6 et 7 et autres routes.
Bien sûr des transports en commun peuvent réduire ce nombre de voitures s'ils sont fiables, rapides, confortables et abordables en terme de coût mais pour quel pourcentage? au moment où nos politiques nous incitent vivement à investir dans le secteur automobile.
A une autre échelle, sur Paris, malgré un réseau urbain immense et toujours en amélioration, il est infernal de rentrer en voiture sur Paris en venant du Nord via l'autoroute A1 ou autres réseaux routiers et pourtant, notamment avec la francilienne et les RER des alternatives existent mais l'automobiliste qui doit aller du nord au sud préférera souvent être dans ces fameux bouchons plutôt que de contourner Paris ou prendre un transport en commun.
Ces mêmes personnes se retrouvent parfois ensuite au nord de Lyon.
Espérons que la même chose ne se produise pas entre Pierre Bénite et Limonest.
Un peu de courage de politique pour lancer ce projet essentiel pour ne plus avoir de trafic sur l’A7 en plein centre de Lyon
Les promesses vont fleurir comme à la précédente mandature. Si Gégé ne surprend plus personne. Les opposants coalisés ne vont pas décevoir ceux qui auront voter pour ce clan !
M. Collomb : "La réalisation du contournement Ouest (COL) par l'Etat est un préalable in-con-tour-nable au bouclage du périphérique" et "je me coucherai sur l'autoroute pour qu'au moins l'Etat s'engage à réaliser le COL"
L'Etat : "Compte là-dessus, le COL existe, il est à l'est" (texto)
M. Collomb : "Bon, alors ne parlons plus du COL, mais parlons encore du tronçon ouest du périphérique". C'est vrai quoi, pour les ceux-ce qui comprendraient pas que c'est superchouette de rallonger le trajet par l'est pour aller au sud, il faut bien leur faire un petit bout d'autoroute, mais attention, qui passerait plus par Lyon.
M. Collomb : "D'abord, c'est pas cher. Et puis il faut pas chipoter. Et puis y'aura des recettes de péages formidables, avec un péage pas cher" (364 millions d'euros annuels annoncés devant le MEDEF, repris benoîtement sur son site internet pas un Grand Quotidien Régional le 27 novembre 2019).
Si vous êtes plus curieux que le journal, à vos calculettes : 364 millions à 5 euros le passage, ça veut dire 200 000 passages par jour. Sous Fourvière, c'est 115 000 par jour (c'est M. Collomb lui-même qui le disait quand il voulait un péage urbain en plus du péage au passage... http://www.nossenateurs.fr/question/14/14569)
200 000 passages par jour, ça va fumer ! M. Collomb : "Meuh non, l'hydrogène... la vapeur d'eau..." Oui, mais en attendant l'an 2348 ? Pas grave ! A la rigueur ça sentira un peu à l'entrée et à la sortie. Oui... mais pourquoi on ferait des cheminées de ventilation ? Ben, pour ventiler, quoi. Et il sort quoi par la cheminée ? Ben, euh, des gaz d'échappement, mais dilués, attention ! Quasi une brise marine !
M. Collomb (2020 comme le temps passe) : "Ah ben non avec le covid ça va plus être possible" (c'est M. Vinci et les autres qu'y sont pas contents).
M. Collomb (2020, 2-3 semaines plus tard) : "Ah ben si avec le covid ça va être possible, mais pas tout de suite" (c'est M. Vinci et les autres qui sont tout ragaillardis).
Et puis avec tout ça, on se rapproche de 2348, n'est-ce pas ?
Y parait que les Français sont des veaux ; mais attention, les Lyonnais, s'ils gobent vraiment tout ça, y sont pas seulement des veaux !