L'Antiquaille : un musée du christianisme... mais un manque de commerces et de stationnements

Avec Debrousse et l'Hôtel-Dieu, l'Antiquaille fait partie des anciens hôpitaux lyonnais promis à un autre avenir. Depuis octobre 2004, où les 34.000 m2 de bâtiments ont été achetés par la SACVL, le projet avance. L'ensemble de la restructuration devrait être terminé en 2014. Mais les commerces de proximité et les places de stationnement manquent cruellement à ce nouveau "quartier de ville".

Gérard Collomb l'a annoncé récemment : un musée du christianisme verra le jour à Lyon à l'été 2013, sur le site de l'ancien hôpital de l'Antiquaille (Lyon 5e). En effet, la SACVL loue pour 1 euro symbolique une partie des bâtiments à l'association ECCLY (Espace culturel du christianisme à Lyon). Cette dernière nourrit depuis 2005 un projet qui vise à "proposer une approche de la mémoire des martyrs lyonnais et de l'histoire du christianisme avant le XVIIe siècle", explique Bernard Villeneuve, d'ECCLY.

Le parcours se décomposera en deux étapes. La première propose la visite de deux lieux de mémoire. D'abord une crypte, entièrement recouverte de mosaïques construites en 1877 par le même artisan que celles de Fourvière, que l'association a fait rénover. Puis le fameux "cachot de saint Pothin". La lettre des Martyrs de Lyon, datant de 177 et racontant leur persécution est le "premier témoignage d'une Eglise constituée", avance Emile Vuisseaux, président du conseil scientifique d'ECCLY. Ce document permet de situer à l'Antiquaille de nombreux évènements de cette persécution, notamment le cachot où se serait éteint leur chef, saint Pothin. Même si, archéologiquement, il n'a pas été prouvé qu'il s'agissait bien du cachot où était mort le "premier évêque de France", "c'est un lieu de la mémoire des martyrs de 177" où était vénéré le saint, résume Emile Vuisseaux.

La deuxième partie de la visite s'articulera autour de l'histoire des premiers siècles du christianisme, dans une "démarche culturelle et non cultuelle", tient à préciser Bernard Villeneuve.

Les visiteurs seront accueillis à l'intérieur d'un cloître, puis suivront un parcours à travers 15 salles relativement petites, en sous-sol et au rez-de-chaussée. Un film évoquant la mémoire des martyrs sera diffusé. Les écrans seront d'ailleurs nombreux dans ce "musée virtuel", tout comme les textes et images gravées sur verre, abordant de façon pédagogique les différentes époques de l'histoire de la ville. Des expositions temporaires seront organisées en collaboration avec des musées et institutions culturelles de la région.

"Un devoir de mémoire"

Le lieu n'a pas été choisi par hasard : "L'histoire s'est empilée sur le site de l'Antiquaille", rappelle-t-il. En effet, au XVe siècle, Pierre Sala, un riche aristocrate lyonnais, a fait construire une maison sur la colline de Fourvière, sur d'anciennes ruines romaines, lui donnant le nom d'Antiquaille. Au début du XVIIe siècle, ses héritiers l'ont vendue à la congrégation des sœurs de la Visitation, qui durant deux siècles ont agrandi considérablement les bâtiments. Ce n'est qu'en 1802 que l'Antiquaille devient un hôpital, qui connaîtra de nouvelles constructions jusque dans les années 1960.

Les travaux du musée seront finis dans quelques mois. Le budget du projet s'élève à 2,5 millions d'euros et est financé par des subventions du conseil général, de la Ville et du conseil régional, et par du mécénat et des donations. Le projet a été soutenu par les pouvoirs publics, sans doute, comme l'affirme Alexandrine Pesson, maire du 5e arrondissement, parce que "nous avions un devoir de mémoire religieuse. Le cachot de saint Pothin fait partie de l'histoire des Lyonnais. Il fallait le leur restituer."

L'Antiquaille : des travaux sans fin

Certains bâtiments s'animent, avec le Restaurant gastronomique Têtedoie, la résidence étudiante, des bureaux et des logements, qui ont été mis en service ces dernières années. "L'idée était d'en faire un quartier de ville multifonction", résume Alexandrine Pesson.

Si plus de 60% des travaux démarrés en 2004 ont été réalisés, les locaux destinés à héberger un hôtel 5 étoiles et des bureaux et parkings souterrains, composant l’îlot central, ne seront pas livrés avant fin 2013, voire 2014, notamment parce que les fouilles archéologiques nécessaires sont longues.

Toutefois, des handicaps certains persistent : l'Antiquaille semble encore bien isolée. L'accès reste difficile, que ce soit en voiture ou en transports en commun. "C'est un lieu où les places de parking font défaut, reconnaît Alexandrine Pesson, notamment pour les Nuits de Fourvière, où cela devient très compliqué". "C'est une problématique qui existe dans tous les sites touristiques", se défend Michel Le Faou, président du conseil d'administration de la SACVL, pour qui la situation devrait s'améliorer dans les années à venir. "Alors que les premières tranches de logements ont été livrées sans parking, dorénavant, ils en auront un souterrain" (270 places destinées aux riverains et travailleurs). "Cela libérera des stationnements en extérieur, qui répondront en partie aux besoins des visiteurs." Mais cela sera-t-il suffisant ? "On ne peut pas créer un parking de stationnement public : cela a un coût et serait très difficile à amortir", avertit le dirigeant de la SACVL.

Enfin, la pénurie en commerces de proximité ajoute au sentiment d'isolement. Si les habitants jouissent du calme et d'une vue imprenable sur la ville, il ne faut pas avoir envie d'acheter le journal ou des croissants le matin. "J'aurais voulu qu'il y ait plus de commerces, mais les architectes des Bâtiments de France ont été catégoriques", regrette la maire du 5e. "On trouve des commerces à Saint-Just mais pas directement à l'Antiquaille", reconnaît Michel Le Faou, pour qui "la priorité était de faire du logement". Seule solution envisagée pour l'instant : l'extension du jardin des Minimes, prévue en 2014, qui devrait permettre de mieux relier le quartier Saint-Just à l'Antiquaille.

A - Résidence étudiante de 2.651 m2 gérée par le CROUS, livrée en avril 2009.

B - Bureaux de la société MAIA, 2.332 m2, livrés en mars 2011.

C, G et D - Ilot central de 9.100 m2 : hôtel 5 étoiles, bureaux et parking souterrain. Les fouilles archéologiques se terminent. Livraison prévue fin 2013.

E - Restaurant gastronomique Têtedoie, 1.153 m2, ouvert depuis avril 2010.

D, F et M - 37 logements en accession à la propriété dans les étages, livrés depuis début 2010. En rez-de-chaussée et sous-sol du bâtiment M, l'Espace culturel du christianisme devrait être opérationnel à l'été 2013.

H - 19 logements en accession à la propriété, d'une surface totale de 2.644 m2, livrés en septembre 2008.

I - 22 logements, sur une surface de 2.000 m2, livrés en septembre 2010.

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