Aucune explication. " Circulez y a plus rien à voir ni à sentir "! Le lieu est définitivement fermé pour raisons économiques.
La veille, une dizaine de pains ont été jetés à la poubelle, la dignité des deux vendeuses aussi. Les clients n'ont été prévenus de la fermeture, que par une affichette bricolée, dans les dernières heures : " Nous informons notre aimable clientèle que le magasin fermera définitivement ce soir 18H30, La direction. " Saint-Just se consolera avec ce qui reste de symbole social : ses banques, ses salons de coiffure et ses agences immobilières.
Les 2 vendeuses ont l'impression d'avoir été roulées dans la farine. Elles n'ont appris la fermeture de leur magasin que depuis 3 semaines alors qu'il était en vente depuis 2 ans. Elles attendent une lettre de la direction qui n'est jamais arrivée. " Je suis écoeurée par ce manque de respect, ça fait 12 ans que je travaille pour eux sans compter mes heures et on nous propose un reclassement sans condition, loin de chez nous " rapporte l'une d'elle dont le salaire mensuel est de 1200 € net.
Local hors norme !
Ouvert il y a une douzaine d'années, le local était hors normes et les deux employées vivaient sous pression. En début d'année des contrôleurs de la Direction Régionale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes ont constaté un manque d'hygiène dans le local de fabrication ; il n'était pas conforme aux réglementations européennes. Conséquence, une interdiction de fabriquer tout aliment dans cette boulangerie. Pour contourner cette sanction, la direction de Paul met en place une stratégie de repli ; elle fait livrer chaque matin du pain prêt à cuire qui est placé dans le four devant les clients.
Ce lieu est considéré par la direction de Paul comme " neutre " c'est-à-dire ne justifiant pas du prestige de la marque tout en restant exploité. Depuis 2 ans, le directeur régional de l'enseigne basé à Bron, aurait indiqué aux vendeuses de Saint-Just, qu'il allait procéder à des travaux. Rien n'est venu, le siège installé dans le Nord de la France avait un autre plan.
" Chez Paul, nous savons dire bonjour mais pas au revoir ! " dit son PDG.
Une luxueuse boulangerie Paul a ouvert ses portes dans le riche quartier voisin, Le Point du Jour, à 2 kilomètres; la clientèle haut de gamme est préférée à celle du quartier populaire. " Nous avons perdu 100 000 € l'année dernière dans cette boulangerie de Trion, nous avons mis du temps à la fermer, car chez Paul, on sait dire bonjour mais pas au revoir " justifie Maxime Holder, le PDG des Boulangeries Paul. C'est justement cette façon de solder les choses avec rusticité qui irritent les 2 vendeuses.
Des centaines d'heures supplémentaires n'ont pas été payées depuis des années, affirme l'une d'elles : " Je ne suis pas au courant " répond le directeur Régional, Olivier Bourdieu, qui reconnaît le délai " un peu court " de fermeture. Quant aux clients de cette unique boulangerie du quartier, ils ont tenté de se mobiliser les 3 derniers jours. Une pétition a été lancée pour garder ce " local à pains ". Des dizaines de signatures ont été récoltées mais la pétition à terminé sa course à la poubelle des mains de la responsable vendeuse : " Ça ne sert à rien, c'est fini " ! Les 330 boulangeries de Paul présentent dans 22 pays continueront à se lever tôt. La rue Trion à Lyon ne fait brusquement plus partie de la famille.
Denis de Montgolfier
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