Mais déjà, le sort de Laurent est scellé.
L'ancien portier de la célèbre boite de nuit haute-savoyarde, Le Macumba, âgé de 31 ans, incarcéré depuis bientôt trois ans, a reconnu avoir tenté de tuer Isabelle, une lyonnaise de 44 ans, mère de trois enfants.
Les faits remonte au 20 octobre 2005. Le jeune homme, 29 ans au moment des faits, se tient ce jour là dans la cage d'escaliers de l'immeuble de la victime, 154 rue Moncey dans le troisième arrondissement lyonnais.
Quand il voit descendre la jeune femme, il se jette sur elle et la frappe de plusieurs coups de couteaux au thorax, aux bras, aux jambes, etc. Il lui crève presque un poumon, lui perfore le diaphragme, la laisse pour morte et s'enfuit.
Mais la jeune femme a hurlé pendant l'agression, son bébé de 13 mois à ses côtés dans une poussette. Les secours arrivent. Aucun coup mortel n'a été porté et elle va miraculeusement s'en sortir, sauvée par les médecins.
Rapidement la police se lance alors aux trousses de son mari, dont elle vit séparée depuis quelques mois. Avec lui, "les relations sont plus que conflictuelles", confie-t-elle à la Police.
Mais le mari a un alibi, il était à Paris le jour de la tentative de meurtre et il peut le prouver.
Malheureusement, sa nouvelle petite amie, complice du meurtre, va finir par se confier à des amies qui vont tout raconter à la Police.
Près de quatre ans après les faits, les voilà tous les deux dans le box des accusés. Il comparaissent détenus, emprisonnés depuis l'automne 2006, ainsi que l'ex-videur du Macumba, auteur des faits et un ami du couple, chargé par le mari de recruter le tueur à gages.
Le mari reconnaît être "l'instigateur de tout". Il avait promis 20 000 euros a l'ex-videur du Macumba pour faire disparaître sa femme.
Tandis que l'ex-petite amie du mari et l'ami du couple sont soupçonnés d'avoir "nettoyés les preuves" après la tentative d'assassinat. A la Cour d'Assises de Lyon, les débats vont durer quatre jours, mais au premier jour du procès la cour s'est surtout concentrée sur la personnalité de l'agresseur, l'ancien videur du Macumba.
L'avocat général a tenté de comprendre, comment Laurent, père de famille, avait pu accepter un tel contrat. "Quand on vous propose de tuer quelqu'un et qu'on accepte, qu'est-ce qu'on peut bien avoir dans la tête ?", a demandé Jean-Olivier Viout. Pas grand chose.
Et en effet, répond lui même le prévenu, "je sais que je suis un moins que rien". Laurent, 31 ans, père de quatre enfants. Gros bras, souffrant d'hypertrophie des muscles dès l'enfance n'est "pas très malin", selon ses propres termes.
Originaire d'une famille savoyarde modeste de quatre enfants, il estime n'avoir jamais réussi à "trouver [sa] place". Passant d'un BEP électrotechnique, qu'il abandonne en première année; à l'Armée de terre, où il intègre le régiment des parachutistes par goût, avant de tout plaquer encore une fois pour aller retrouver "l'amour de [sa] vie" en Ardèche. une jeune fille de 18 ans a qui il fait un enfant et dont les parents témoins de Jéhovah vont le harceler psychologiquement jusqu'à ce qu'il craque et fuit le domicile conjugal.
Il retourne alors à sa vie en Haute-savoie, sa vie d'antan, celle de videur de boîte de nuit. "J'étais chargé de repérer les individus à problème et de m'interposer en cas de bagarre, j'ai fini plusieurs fois à l'hôpital", se plaint-il. Il y a envoyé aussi plusieurs clients, souligne l'avocat général.
La nuit, il cotoie les filles, l'alcool et la drogue sous toutes ses formes. Après quatre ans passés en Haute Savoie, "ma femme m'a donné une seconde chance", reconnaît le prévenu. Laurent plaque tout et retourne en Ardèche. Mais il tombe rapidement et violement dans l'alcool qui va emporter le peu de discernement qui lui reste.
Pour finir, Laurent accepte le sale boulot que lui propose l'ami du mari d'Isabelle et agresse la lyonnaise dans sa cage d'escaliers pour 20 000 euros. Avec son physique de videur, il a pris soin préalablement de se faire repérer dans la cage d'esaclier de l'immeuble par les voisins et la victime, "à plusieurs reprises".
Incarcéré depuis décembre 2006 à la maison d'arrêt de Privas en Ardèche, il a entamé depuis une thérapie avec un psychologue pénitentiaire. "J'ai pû trouver des réponses, raconte-t-il. 'Je pense qu'il était plus simple pour moi à l'époque de sombrer dans l'alcool plutôt que de prendre mes responsabilités. J'avais un manque total de réflexion. L'alcool aussi m'avait trop abîmé. Mais je n'ai compris que plus tard, en prison, que lorsqu'on arrête brusquement la drogue, on tombe souvent dans l'alcool. Ensuite, ça a été la descente aux enfers".
Manque de jugeotte, idées reçues sur la vie. Comme sorti tout droit d'un mauvais polar, Laurent a trois jours pour attendrir les jurés. Comme l'ex-mari de la victime qui lui a passé commande, il encourre la réclusion criminelle à perpétuité.
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