L'enjeu : faire échec à la tentative de Marine Le Pen pour succéder à son père. C'est ainsi que Bruno Gollnisch se rendra à la rencontre nationale de l'Oeuvre Française à Lyon le 6 octobre. Jean-Yves Camus, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'extrême-droite en France nous livre son analyse.
Lyon Capitale : Lyon est-elle un terreau important pour ces groupes ?
J.Y. Camus : Incontestablement, si l'on compte le nombre de groupes et de feuilles de chou en tout genre. Lyon compte aussi de nombreuses personnalités : Pierre Vial (le leader de Terre et Peuple, retraité, ancien professeur agrégé d'histoire de Lyon 3 ), Yvan Benedetti (le leader de Jeune Nation, la branche jeune de l'Oeuvre Française) et Bruno Gollnisch (le leader du FN lyonnais) dans une seule métropole. Il y a aussi un terreau catholique assez fort même s'il a perdu un peu en virulence. Enfin, c'est encore une place forte du négationnisme avec la présence de Jean Plantin, qui à travers son site Akribeia, est le principal diffuseur d'ouvrages du genre.
Pour cette rentrée, on a l'impression que les différents groupuscules s'agitent beaucoup. Comment l'analysez-vous ?
On est à deux mois du congrès national du FN à Bordeaux. On assiste à la structuration des différentes écuries qui vont concourir à la succession de Le Pen. Dans une période d'ébullition comme celle là, chacun montre ses bras. Il y a un mouvement de contestation de la dynamique impulsée par Marine Le Pen. La réunion du 6 octobre à Lyon est à replacer dans ce contexte comme celle du 27 octobre à Paris avec tous les oppositionnels anti-Marine.
Bruno Gollnisch se rend à la réunion de Jeune Nation. Cette participation d'un dignitaire du FN vous surprend-elle ?
Non. La nouveauté, c'est que cela se passe à un moment où le FN fait extrêmement attention à son image, dans une optique de "respectabilisation". Face à Marine Le Pen qui joue ce jeu-là, Bruno Gollnisch, son concurrent pour la succession de Le Pen, choisit la stratégie inverse : le rassemblement de tous ceux qui refusent le ripolinage de façade. Dernière Gollnisch, il y a certainement une coalition des radicaux qui essayent de se mettre en place. Incontestablement, il ne partage pas toutes leurs idées mais participer à de telles réunions lui sert à agrandir son réseau. Il a beau dire le contraire : Le Pen a 80 ans l'année prochaine, tout le monde se pose la question d'une succession anticipée...
Jean-Yves Camus est chercheur à l'IRIS et auteur de : "Extrémismes en France, faut-il en avoir peur?" éditions Milan, 2006
Bruno Gollnisch reste à Lyon
Contacté par Lyon Capitale, l'élu frontiste a tenu à démentir l'information du Parisien qui l'annonçait candidat à la mairie de Toulon. "Certes, cela correspond au vœu de certains. Mais si je me présente quelque part, ce sera à Lyon". Mais récemment opéré pour un quadruple pontage, Bruno Gollnisch cherche plutôt à "alléger ses activités". Dans tous les cas, il ne prendra pas sa décision avant le congrès de novembre. Quant à sa participation à la réunion de l'Oeuvre Française, il prétend qu'il n'y va pas pour chercher des soutiens. "Le Pen se présente à sa propre succession, je n'ai pas l'intention de me présenter contre lui. Et il est prématuré d'être candidat pour le prochain congrès".
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