Des chirurgiens de l’Hôpital de la Croix-Rousse ont mis en place un dispositif unique : la reconstruction de la mâchoire, rendue possible grâce à la modélisation 3D et… à l’os du péroné. Explications.
Quand une mâchoire est détruite, l’os qui double le tibia peut être extrait, et utilisé pour la reconstruction de la mandibule. Si la technique est utilisée depuis la fin des années 1980, le service ORL de l’Hôpital de la Croix-Rousse utilise désormais une variante cette technique, rendue optimale grâce à la modélisation 3D. Les progrès réalisés en matière d’impression 3D bénéficient aux chirurgiens dans l’utilisation de ce procédé : grâce à la 3D, l’os du péroné peut être facilement remodelé et fixé avec précision dans la mandibule. Une simulation virtuelle est opérée en amont de l’intervention chirurgicale, calculant automatiquement à partir de scanners la forme des coupes à réaliser au niveau du péroné du patient pour obtenir la modélisation à effectuer. Les équipes médicales peuvent ensuite simuler les lieux d’implantation des morceaux d’os, afin d’optimiser la modélisation de la reconstruction : aujourd’hui, c’est entièrement réalisé sur mesure. L’équipe du centre hospitalier lyonnais est la seule de la région qui utiliser cette technique de pointe, développée il y a 3 ans, qui a déjà bénéficié à une quinzaine de patients.
Une avancée pour les chirurgiens, une chance pour les patients
"Avant, c’est comme si vous étiez obligés de monter un meuble Ikea sans avoir de plan, de vis, et de trous fixés à l’avance, explique Philippe Ceruse selon 20 Minutes. Le chirurgien se retrouvait face à un puzzle sans guide et il perdait beaucoup de temps à assembler dans la bouche les morceaux du péroné". Aujourd’hui, l’équipe ORL de la Croix-Rousse se dit bluffée du résultat obtenu par la modélisation 3D. "On gagne déjà un temps considérable : 30 minutes au lieu de 2 heures. Là, vous n’avez plus qu’à clipser l’ensemble, mais surtout, l’esthétique est parfaite", rajoute le docteur. Les patients sont les premiers bénéficiaires des progrès de cette technique. Opérée en septembre dernier, Rosa témoigne de l’efficacité de la méthode. Traitée pour un cancer de la gorge, la radiothérapie lui avait causé de lourds effets secondaires, notamment la perte de ses dents et la fracture de sa mâchoire. Aujourd’hui, la septuagénaire "revit", grâce au procédé de reconstruction 3D.