L'avocat de Toni Musulin, le célèbre convoyeur de fonds lyonnais condamné à cinq ans de prison en 2010 pour avoir détourné 11,6 millions d'euros veut rouvrir le dossier de son client. Hervé Banbanaste soupçonne la PJ lyonnaise d'avoir fait preuve de "négligences" après la mise en examen de son n°2, Michel Neyret.
Lyon Capitale : Vous promettez des "surprises", "de véritables révélations judiciaires et peut-être des délibérations inédites pour certains détenus" dans le sillage de l'affaire Neyret. Qu'est ce qui vous permet de l'affirmer ? Avez-vous des éléments concrets ou appelez-vous simplement de vos vœux une réouverture des dossiers ?
On a toujours dit qu'il fallait faire des vérifications notamment dans l'affaire Musulin. On a dit qu'il se passait des choses étonnantes par rapport au code de procédure pénale. A l'époque, Musulin a été extradé de Monaco de manière tout à fait illégale. Même le procureur de Nice, Eric de Montgolfier en a convenu. J'ai un courrier de lui qui le confirme par écrit.
Dans l'affaire Musulin, 2,5 millions ont disparu dans la nature après la découverte du butin par la police. Quand vous évoquez des "surprises", des "révélations judiciaires", faut-il entendre que vous sous-entendez que c'est la PJ et Michel Neyret qui auraient pu subtiliser cette somme ?
Non, on ne dit absolument pas cela. On dit simplement qu'il y a peut-être eu un manque de rigueur de la part de certaines personnes. Des négligences ont été mises en évidence de la part de la Banque de France, de la société de transports de fonds, la Loomis et de la police judiciaire de Lyon. Toni Musulin lui, a été condamné pour s'être mis ces 2,5 millions dans la poche. Il a toujours nié avoir empoché une telle somme Peut-être que finalement ces 2,5 millions n'existent pas. Peut-être qu'il faudrait recompter. C'est l'occasion de reprendre le dossier. Mais loin de nous l'idée d'accuser des gens.
Avez-vous d'autres confrères avocats qui envisagent de surfer sur l'affaire Neyret pour rouvrir des dossiers, obtenir des annulations de peines ?
A Lyon, tout est toujours feutré donc cela va se passer dans le calme mais, quand même, on doit se poser des questions. Il y a un certain manque de respect envers le code de procédure pénal. Et en maison d'arrêt, des personnes qui purgent des peines extrêmement longues, qui nous ont toujours dit "ça ne s'est pas passé comme ça!". Chacun doit faire son travail : l'avocat défend, le policier enquête, le juge juge et le procureur accuse, mais ce dernier contrôle aussi. La confiance est écornée. Les gens n'ont plus confiance. L'institution est entachée. Il faut en tirer les conséquences.