La présence de Xavier Bertrand aux côtés de la tête de liste dans la zone Sud-Est, Françoise Grossetête, était annoncée. Pas celles surprises de ministres et de secrétaire d'Etat de l'UMP ou d'ouverture. Mardi soir, la majorité présidentielle s'est présentée unie, surtout derrière son président Nicolas Sarkozy.
L'UMP a ressorti l'artillerie lourde. A quatre semaines de l'élection européennes, le parti est " enfin " entré en campagne. A Lyon, Xavier Bertrand, le patron de l'UMP, était venu soutenir Françoise Grossetête, la tête de liste de la zone Sud-Est. Mais aussi lancer la campagne nationale de l'UMP et marquer les esprits, le chef de la droite est venu accompagné d'une belle brochette de ministres ou de secrétaires d'Etat : Michel Barnier, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi, Jean-Marie Bockel, Eric Besson. Le symbole d'un parti qui se met en branle. Mais dans un relatif anonymat. Seul Xavier Bertrand était annoncé aux côtés de Françoise Grossetête. Les militants ont donc été timidement au rendez-vous. Ils étaient un peu plus de 600. L'UMP en espérait 1000 mais est tout de même reparti avec le sourire. " On nous avait dit que les élections européennes ne passionnaient pas et que l'on devrait prendre des salles de 400 ou 500 personnes. Aujourd'hui, nous en avons pris une de 1000 personnes et on voit que ce n'était pas un risque ", s'est félicité un Xavier Bertrand visiblement adepte de la méthode Coué. A la fin du meeting, il nous a même glissé : " on a fait bien fait de voir grand ".
" Sa " salle n'était pourtant pas remplie jusqu'à la gueule de militants surexcités. Dès le début du meeting, Françoise Grossetête avait annoncé que " quatre cars sont coincés dans les embouteillages, ils ne vont plus tarder ". Ils ne sont jamais arrivés jusqu'à la Cité internationale. Le succès populaire n'a pas été la hauteur du casting de ce premier rassemblement national pour les élections européennes. " Ce soir, nous sommes entrés dans la dernière grande ligne droite ", expliquait avant le meeting Xavier Bertrand. La majorité présidentielle sous toutes ses formes s'était d'ailleurs regroupée pour l'occasion. Aux côtés de Françoise Grossetête, on retrouvait la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel, les Progressistes d'Eric Besson et l'UMP classique des Barnier, Wauquiez ou encore Estrosi.
Dans ce premier meeting, l'UMP a surtout dévoilé sa ligne de conduite plus que son programme. Elle s'appelle Nicolas Sarkozy. Avec un credo martelé à longueur de soirée : " l'Europe ne sera plus jamais comme avant grâce à la présidence européenne de Nicolas Sarkozy ". La droite redoutait un vote sanction, les récents sondages ont changé la donne et la campagne. Sur scène, les ministres et secrétaires d'Etat ont répondu aux questions des militants en abordant des thématiques nationales et encensant l'action de Nicolas Sarkozy, ne se raccrochant au wagon européen qu'au moment de conclure. Christian Estrosi, interrogé sur la sécurité en Europe, s'est livré à un exercice de style : soutenir le texte de loi contre le grand banditisme avant de rattraper l'Europe par la ficelle de la cagoule : " une mesure déjà appliquée en Allemagne. Nous nous conformerons à leur législation. Dans la campagne européenne, nous devons mettre tout notre poids pour que notre volonté (en matière de sécurité) soit relayée ". Tonnerre d'applaudissement dans la salle. Comme à chaque intervention d'un ministre ou d'un secrétaire d'Etat. Les têtes de listes européennes ont, elles, rencontré moins de succès populaire. Le meeting s'est rapidement cristallisé autour du président de la République. Un thème plus fédérateur.
" La gauche veut parler de l'action de Nicolas Sarkozy, je dis chiche. Je suis fier, j'assume et je le revendique les deux années d'action gouvernementale ", a souligné Xavier Bertrand en clôture du meeting. La campagne européenne de l'UMP passera le bilan du président de la République. Avant de monter sur scène et de soutenir Françoise Grossetête, Michel Barnier donnait le ton : " nous sommes unis derrière le chef de l'Etat et fier de l'accompagner pour changer l'Europe. Nous voulons une Europe qui protège, qui agit. Je suis frappé de voir que nos adversaires n'ont qu'un programme : attaquer Nicolas Sarkozy. S'il doit y avoir un vote sanction, il sanctionnera ceux qui veulent se tromper d'élection ". Finalement, seuls les candidats ont parlé d'Europe sur le thème de la soirée : " une Europe qui protège ".
Et comme la campagne est définitivement lancé Françoise Grossetête n'a pas manqué d'attaquer son adversaire socialiste Vincent Peillon. " Je ne peux pas m'empêcher de penser que Vincent Peillon est venu chercher une place dans le Sud-Est pour pouvoir continuer à faire de la politique à Paris. Il a dit donner moi envie de venir à Lyon. J'ai envie de lui répondre que s'il ne veut pas de nos régions, nos régions ne veulent pas de lui ". Et Xavier Bertrand de le taxer de " tourisme électoral " avant de lancer une ultime pique : " Françoise, elle sera une députée européenne présente à Strasbourg et à Bruxelles ". Les piques adressées au PS témoignent bien du vrai lancement de la campagne. " Nous avons lancé notre campagne dès le 24 janvier. Ce soir, nous avons montré le visage d'une famille rassemblée ", nous a glissé Xavier Bertrand en guise de réponse aux socialistes qui accuse l'UMP d'avoir retarder le début de la campagne. La majorité présidentielle s'en est aussi pris aux divisions socialistes au moment de l'élaboration des listes. Alors elle a montré toutes ses couleurs politiques mardi à Lyon. Dans la salle, des militants du nouveau centre faisait la claque aux côtés des militants de l'UMP. Et même une poignée de sympathisants de la Gauche moderne tout juste assez nombreux pour monter une équipe de foot. La famille est unie. Sur scène comme dans les listes où les non-UMP se taillent une belle part du gâteau. C'est l'un des messages que veut faire passer la majorité présidentielle durant cette campagne. Et l'argument numéro 1 des têtes de listes sera, plus que leur programme, Nicolas Sarkozy.
Paul Terra
Les commentaires sont fermés