Logistique solidaire. 4500 tonnes de nourriture distribuées, plus de 120 sites approvisionnés : la banque alimentaire du Rhône nourrit de plus en plus de gens et tient le cap, malgré la crise.
A gauche, les chambres froides. A droite, le bureau de la distribution, qui s’occupe de ravitailler les associations : poulet ou poisson, farine ou yaourts, tout est à 6 centimes d’euros le kg, quelles que soient les denrées. Le nouvel entrepôt de la banque alimentaire du Rhône à Décines, opérationnel à partir du 13 octobre, est plus grand, plus fonctionnel que celui de Vaulx-en-Velin. La banque était de toute façon vouée à quitter les lieux : la friche industrielle qui encadre le centre commercial du Carré de Soie est en pleine revalorisation, et ce sont bientôt des laboratoires d’Interpol qui prendront la place des palettes de fromage au pied du château d’eau rouge. 19 600 personnes sont nourries quotidiennement grâce à l’énergie que déploie la banque pour revaloriser les invendus des grandes surfaces et de l’industrie agroalimentaire. C’est plus que l’ensemble des cantines scolaires de la Ville de Lyon. L’Union européenne s’en mêle également, qui finance un peu moins du tiers des produits redistribués.
"Nous distribuons 15% de nourriture de plus qu’en 2008"
La crise n’a pas créé de rupture dans la chaîne de travail : la grande distribution et les industriels sont toujours au rendez-vous malgré la conjoncture morose. Tout juste les stocks de viande non vendus ont-ils diminué d’un tiers au sortir des grandes surfaces, qui préfèrent casser les prix avant la date limite de consommation. « Au contraire, nous distribuons 15% de nourriture de plus qu’en 2008, remarque Patrick Audrain, en charge de la communication. Il nous faut faire face à une sensible augmentation de la demande. Nous fournissons de l’aide alimentaire à 118 associations, soit dix de plus que l’année dernière. » Les statistiques nationales parlent d’une augmentation de l’ordre de 12 à 15% de demandeurs. « On frappe beaucoup à notre porte, témoigne une bénévole en charge des relations avec les associations. Les nouvelles populations qui viennent chercher de l’aide sont les personnes âgées, qui ont longtemps hésité avant de passer le pas, les étudiants, les familles monoparentales surendettées, et les travailleurs pauvres. » Un tiers des personnes accueillies dans les associations ont un revenu, selon le baromètre 2008 des banques alimentaires : des emplois précaires, pour la plupart féminins.
La solidarité ne faiblit pas pendant la crise
La baisse du prix du lait qui a ébranlé la filière au printemps dernier aura au moins permis à la banque d’en collecter 30% de plus que l’année dernière, et la solidarité du grand public n’a pas faiblit avec la crise : la dernière collecte de novembre 2008, qui incite les consommateurs à ajouter quelques produits à leur panier pour les remettre aux bénévoles à la sortie des caisses, a vu son tonnage augmenter de 20% par rapport à la collecte de 2007. Cette année elle se tiendra les 27 et 28 novembre, et tentera d’améliorer le quotidien en apportant quelques produits rares : du café, de l’huile, des biscuits et des fruits et légumes... et pourquoi pas quelques dons, que la banque alimentaire ne refuse jamais.