La Confluence, un pari en voie d’être gagné

Visite guidée. Il y a dix ans, Gérard Collomb avait gagné les municipales en promettant de faire du Confluent un quartier de loisirs et de mixité sociale. Avant même l'inauguration de la darse à la fin du mois de juin, les Lyonnais commencent à s'approprier les lieux et le pari semble en passe d'être gagné. Une seule déception : le projet est porté par des entreprises déjà largement présentes dans l'agglomération et n'a pas réussi à rayonner au-delà. Pour l'instant.

Gérard Collomb annonçait au début de son mandat en 2001, que la Confluence deviendrait un quartier branché, moderne, de loisirs et socialement mixte. Près d’une décennie plus tard, son désir prend forme. Il inaugure par petites tranches le nouveau quartier du centre-ville de Lyon. Et le rendu est souvent en adéquation avec l’image que s’en faisait Gérard Collomb à quelques bémols près. Les premiers restaurants ont ouvert et trouvé rapidement leur clientèle. Les entreprises qui ont fait le pari de la Confluence ne regrettent pas d’avoir défriché la pointe sud de la presqu’île. “J’étais à Villeurbanne dans les années 1980 quand le dynamisme de l’agglomération était là-bas. Je suis à la Confluence pour les mêmes raisons”, assure Georges Verney-Caron, l’un des pionniers du quartier. Ils participent avec d’autres acteurs souvent privés à la renaissance d’un quartier boudé par les Lyonnais car “derrière les voûtes”. Les berges de Saône commencent à voir défiler les promeneurs du dimanche.

Et comme sur les Berges du Rhône, les Lyonnais n’ont pas attendu la fin des travaux pour se les approprier. Le territoire des prostituées et des prisonniers est en voie de devenir celui des bobos. Mais pas que. La mixité sociale aura bien lieu à la Confluence. Sur la phase 1, 30% de logements sociaux ont été construits. Les autres sont à des prix parfois hallucinants de plus de 7 000 euros le m2. Ce projet s’inscrit à la croisée de l’élitiste Cité Internationale et d’une Duchère qui peine à diversifier sa population.

Pour l’aspect loisirs, il est encore tôt pour se prononcer mais le pari est gagnable. Le sud du 2ème arrondissement et du 7ème arrondissement de l’autre côté du Rhône, n’a jamais eu d’offre marchande étoffée. La plus grosse réserve autour de ce quartier réside dans les moyens pour s’y rendre. Seul le tramway est prévu et les places de parkings semblent être trop peu nombreuses si le quartier prend. Seul le temps pourra dire si la Confluence est devenue un nouveau cœur de ville. Mais les premiers frémissements de ce quartier le laissent présager. À suivre ou à vivre pour ceux qui ont fait le pari de la Confluence.

1. La place nautique

Les espaces publics pèsent 60% de la Confluence. Confiés à un paysagiste, ils conjuguent le thème de l’eau avec pour réalisation majeure la darse. Une place nautique qui constitue le centre du quartier. Bordée d’allées et de gradins, elles sera à la Confluence ce que l’esplanade de la Guillotière est aux berges du Rhône : un lieu de déambulation et de vie. Dans un quartier historiquement gagné sur l’eau, elle marque aussi le retour du naturel à la Confluence. Une passerelle l’enjambera pour relier la zone d’habitation au centre commercial. La place nautique a une superficie représentant la moitié de la place Bellecour. Côté Saône, elle est précédée de deux jardins aquatiques qui ressemblent furieusement à des piscines naturelles, la profondeur en moins.

2. Les habitations

Le Monolithe est une mini-Confluence à lui seul. Il regroupe activités, grand espace ouvert au public et logements. Le Monolithe est l’immeuble le plus imposant de cette zone. Le plus atypique aussi. Cinq architectes se sont partagé l’immeuble en autant de parcelles. Ils y ont tous apporté leur regard mais au final, le bâtiment, moins tape-à-l’œil que ses voisins, garde une certaine cohérence. Il peut devenir l’un des symboles de la Confluence. Les autres logements sont aussi marquants architecturalement mais plus classiques dans leur fonction. La juxtaposition des immeubles a toutefois tendance à être oppressante de l’intérieur comme de l’extérieur. Ils sont collés les uns aux autres posant un problème de vis-à-vis.

3. L’hôtel de Région

Le bâtiment est massif et accueillera le plus de salariés du quartier : 1 200 dès la fin de l’année 2010. À l’étroit et à l’écart à Charbonnières, la région à jeté son dévolu sur le nouveau quartier de Lyon suite à la défection de la SNCF qui s’est installée à la Tour Oxygène. “Ce quartier exprime le dynamisme de la capitale de la région Rhône-Alpes. Il est aussi près des lieux de décision et c’est important pour nous. Ce site est plus facile d’accès que Charbonnières. Et puis il y a la symbolique d’un quartier nouveau pour une institution comme la région qui est assez jeune. Ce site est formidable et apaisant”, nous a confié le président de la région Rhône-Alpes.

4. Les restaurants. Rue Le Bec

Si la rue ne figure sur aucun cadastre, tout le monde la connaît déjà, ou en a au minima déjà entendu parler. Rue Le Bec, une triple arche de 2 000 m2 (plus terrasses avec vue sur la Saône), en lieu et place des anciens Salins du Midi. Un ovni XXL de 33 mètres de long, 25 de large, drivé par le vénusien Nicolas Le Bec (son double étoilé est à vingt minutes à pied), croisement réussi et tapageur entre un restaurant et un drugstore alimentaire. Flâneries papillaires entre chai, maraîcher, poissonnerie, boulangerie, épicerie, comptoir à café, pizzeria, cave à fromages et grand restaurant planté au milieu. Rue Le Bec, c’est LA plus-value incontestable de la Confluence. Gérard Collomb veut faire du quartier une “valeur ajoutée” à la dimension internationale (sic) de Lyon. Seul Nicolas Le Bec en est capable. On dit en coulisses que le cuisinier a été “pressé” par le politique.... Il fallait en tous cas être téméraire pour accepter le pari : cinq millions d’euros ont été investis, répartis entre NLB, les Voies navigables de France, la Caisse des dépôts et consignations et le groupe immobilier Cardinal.

5. Le centre commercial

En plein cœur de la Confluence, le centre de loisirs et de commerces délimite la frontière entre la zone d’activités et les immeubles d’habitation. Une rupture surtout visuelle sur ce qu’en laisse entrevoir ce chantier encore en cours. Il ne sera livré qu’en 2011. Côté entreprises, le centre commercial bouclera l’horizon et offrira une vision très minérale et automobile. En effet, un parking de 1 500 places sera intégré au centre commercial. Côté habitations, le pôle de loisirs et de commerces sera ouvert sur la darse et les immeubles. Le promoteur de l’opération, la société Unibail-Rodamco, entretient toujours le mystère quant aux futurs enseignes qui ouvriront. Pour l’heure, seule la venue d’un Monoprix est annoncée ainsi que l’ouverture d’un multiplex UGC face au futur siège de la région. “Ce sera plus un centre de loisirs qu’un énième centre commercial traditionnel. Vous aurez plus de chance d’avoir un mur d’escalade qu’un McDonald’s à l’intérieur. Le côté récréatif sera privilégié”, a-t-on appris auprès de la SEM Confluence. L’intérieur du centre commercial sera en plein air et seulement couvert par une sorte de verrière qui coiffe le bâtiment.

6. Les Docks

La première partie des Docks a été inaugurée le 20 mai dernier en présence de tout le gratin de la nouvelle économie lyonnaise. Les historiques n’ont pas suivi Gérard Collomb sur ce projet mais les jeunes loups (Christophe Mahé, Jean-Claude Larose, Olivier Ginon) ont répondu présent. Les Docks leur sont réservés. La moitié des entreprises s’est déjà installée et la deuxième partie va commencer. Elle accueillera, en 2012, trois nouveaux bâtiments: le siège de GL Events, réalisé par Odile Deck, celui d’Euronews conçu par Jakob & Mac Farlane et un hôtel de la chaîne Columbus confié à l’architecte Rudy Ricciotti. Parmi ces chefs d’entreprise qui ont fait le pari de la Confluence, Jean-Christophe Larose a été le plus actif. Il y a fait construire son siège social et agit en tant que promoteur immobilier sur ceux de ses voisins. Il est donc aussi le grand gagnant de la Confluence.

7. Le musée de la Confluence

Premier projet lancé, il est le seul de la phase 1 dont l’issue reste hypothétique. Porté par Michel Mercier et le conseil général, ce musée est maudit. Le premier marché public a été annulé. Le second vient d’être voté en février. Les travaux vont donc pouvoir reprendre. L’inauguration est prévue pour 2014. Le musée de la Confluence accueillera les collections de l’ancien musée Guillemet et sera dédié aux sciences naturelles.

8. La presse

Le Progrès, le groupe Espace et Euronews, la Confluence sera aussi le quartier des médias. Avec quel objectif ? Lors de l’inauguration des Docks 40, Gérard Collomb a ironisé : “Le Progrès nous a suivis en premier. Je m’étais dit sur ce projet, je vais avoir des critiques. Si j’y mets Le Progrès, je suis sûr qu’ils n’en diront pas de mal. J’espère qu’ils continueront”. Le Progrès n’a pas non plus à se plaindre de la Confluence. Leur installation leur a permis de réaliser une très belle opération immobilière. La Caisse des Dépôts et des Consignations, l’un des promoteurs de l’opération, leur a consenti un prêt très intéressant et à un prix très attractif. D’ailleurs quand Serge Dassault, l’ancien propriétaire du Progrès, a vendu le journal, il a tenté de garder les locaux. Le nouveau propriétaire, conscient de la valeur de ces immenses locaux, dans le quartier en devenir n’a jamais accepté.

9. La Sucrière

Symbole du renouveau de la Confluence, cette ancienne entrepôt est devenue le lieu culturel de la pointe sud de Lyon. Gérard Collomb a choisi d’impulser la dynamique du quartier à partir de cet immense hangar. Il y a implanté la biennale d’art contemporain permettant ainsi aux Lyonnais de mettre les pieds dans ce quartier en friche. L’immeuble tel qu’il existe ne sera pas transformé mais rénové en septembre et pour une durée d’un an.

10. Les berges de Saône

Les Lyonnais commencent à s’approprier le quai Rambaud. Il est devenu un lieu de promenade dominicale alors même que les quais portent toujours les stigmates du pharaonique chantier. D’ici une vingtaine d’années, les rives de Saône offriront une promenade continue entre le musée des Confluences et Neuville sur 50 kilomètres. Les quais de Saône seront le pendant des Berges du Rhône.

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