cartables école primaire maternelle
© Steven Belfils

La déprime lyonnaise des anti " Théorie du genre "

La lutte contre la théorie du genre à l'école, c'est le thème d'une conférence tenue le 14 mai à Lyon autour d'Esther Pivet auteure d'un livre sur le sujet. Si la sensibilisation et l'information sont passées, une forme d'impuissance s'est également manifestée.

Dans le centre de conférence de l'Ouest Lyonnais, dans le 5e arrondissement une petite dizaine de personnes patientent dans le hall ce 14 mai. Ils attendent Esther Pivet coordinatrice du site Vigi-gender. Sur ce site elle et d'autres dénoncent depuis 2013 l'application supposée de la Théorie du genre à l'école. Elle en a tiré un livre, " Enquête sur la théorie du genre " sujet de la conférence de cette soirée. Le public qui attend, sagement bercé par de la musique classique, est bientôt rejoint par un groupe de jeunes gens au pas décidé. Ils se dirigent immédiatement pour saluer un homme, " Bonjour, Action Française. Il paraît que vous avez besoin d'un service d'ordre ? ". L'homme qui les accueille c'est Patrick Louis, ancien élu du Mouvement pour la France et co-président du conseil scientifique de l'ISSEP, l'école de Marion Maréchal Le Pen. La conférence aurait-elle reçu des menaces ? " Ils sont surtout là au cas où, vous savez maintenant c'est difficile de parler, de débattre sereinement... " explique-t-il. Des gilets jaunes sont prestement distribués à la petite équipe, peu s'en équiperont toutefois," nous sommes là dans un but d'enrichissement personnel, intellectuel avant tout " expliquera plus tard Antoine, cadre des militants.

Le public peut désormais prendre place dans un amphithéâtre plongé dans une obscurité bleutée. Les membres de l'Action française sont au premier rang, proche de la porte, gilet jaune à portée de main. 100 à 130 personnes de tous âges ont répondu présent pour écouter Esther Pivet. L'auteure est seule sur scène, devant le public. Sa première phrase est empreinte de gravité, " ce dont nous allons parler n'est pas drôle,  " elle poursuit d'une sentence, " la théorie du genre existe, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire " Le ton est donné. L'intervention durera 1h15, 1h30, " je dépasse à chaque fois " s'excuse l'oratrice. La conférence est lancée par une définition," la théorie du genre c'est de dire que toutes les différences entre les hommes et les femmes ne sont qu'une construction de la société et le corps sexué ne dirait rien de notre personne. ".

Esther Pivet l'affirme d'abord " Oui il faut lutter contre l'homophobie " avant de développer son propos. On apprend notamment que " L'école pousse les jeunes à des comportements bisexuel, homosexuel ". Pour preuve un manuel scolaire a osé mettre sur une même page deux couples l'un gay, l'autre hétérosexuel, " voilà pour nos enfants on met sur le même plan une relation hétérosexuelle et homosexuelle comme si c'était du pareil au même ", inutile d'en dire plus, pour le public d'ores et déjà acquis, c'est une image scandaleuse. Place ensuite à l'inégalité entre les hommes et les femmes, " il faut lutter contre des stéréotypes sexistes comme l'éculé les femmes à la cuisine ". Préambule d'un discours que ne renieraient pas les masculinistes de tout poil, " On parle de la domination masculine à travers l'histoire, mais on oublie la domination féminine, tout aussi forte, par la séduction ". Ou encore, ce qui est bon à savoir, " La femme sans l'homme dépéris, elle a besoin de sa protection. De son côté la femme elle est dans l'affectif , elle va aider l'homme a avoir de l'empathie " pour Esther Pivet il n'y a rien dans ces propos autre chose que la description de la " nature ".

Après avoir tenté de prouver la réalité de la théorie du genre à l'école via témoignages et extraits de manuels scolaires vient le temps de conclure sur cette " violence faite aux enfants ", une " intrusion dans leur intimité " qui les " rend malheureux ". Un véritable " endoctrinement " formant une génération à " une sexualité hygiéniste et hédoniste ". Les conséquences pour l'avenir ont de quoi faire frémir, " Nous allons devenir une société de célibataire " où les hommes auraient " peur de femmes devenues masculines " induisant une " chute des naissances " et " une jeunesse déprimée, qui se dégoutte elle-même ". Le tableau est apocalyptique et Esther Pivet en souffre, " depuis 6 ans je parle dans le vide ", elle semble régulièrement sur le point de craquer, des trémolos dans la voix. Elle va même finir par lâcher quelques larmes suite à un témoignage de la salle.

Désormais au public de s'exprimer, de questionner. La dame qui a fait craquer Esther Pivet c'est Marie-Elisabeth, bandeau rose dans les cheveux, veste en jean. Elle-même en larme témoigne de la situation de sa fille, en CM1 dans la ville de Limas. L'école prépare un spectacle " Dix saynètes " sur l'égalité des sexes. Le problème vient du personnage principal Camille " On a dit aux enfants qu'il n'était ni fille ni garçon, son sexe est indéterminé. " . Pour cette mère de 4 filles, cela entraîne des " ambiguïtés à tous les étages, il y'a une scène pour choisir les toilettes, une scène de danse avec deux filles... ". Le récit émeut toute la salle. Le sentiment de révolte est perceptible " Comment peut-on agir pour faire cesser ça ? ", lance les uns, " Envoyer des lettres au rectorat peut-être ? " tente quelqu'un " échangeons nos contacts pour s'organiser ! " suggère un autre. De son côté Esther Pivet admet son désarroi, pour elle le combat est déjà perdu " À part une guerre ou une crise, que je ne souhaite évidemment pas, je ne sais pas comment on pourra changer les choses... ". La soirée s'achève là où elle avait commencé, dans le hall. On échange des numéros de téléphone, des messages de soutien avant de sortir dans la nuit. Les militants d'Action française ont formé une haie d'honneur à l'extérieur pour discuter et vendre le Bien commun, leur journal.

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