Enfants Lorenzo devant la route d'OL Land
© Lorenzo E. – Enfants Lorenzo devant les bulldozers creusant la route

La famille Lorenzo, victime oubliée du Grand Stade

Le Grand Stade de l’Olympique lyonnais, dont la livraison est prévue le 29 janvier 2016, continue de faire débat à Décines-Charpieu. Si la lutte des expropriés a été personnifiée par Philippe Layat, une autre famille souffre des mêmes maux dans l’ombre du charismatique agriculteur.

Enfants Lorenzo devant la future route du Grand Stade

© Lorenzo E. - Enfants Lorenzo devant les bulldozers creusant la route

Lorsqu'on évoque la résistance aux expropriations causées par le chantier du Grand Stade, s'impose tout de suite à l'esprit la silhouette et la gouaille de Philippe Layat, agriculteur et dernier descendant d'une lignée occupant ses terres depuis quatre cents ans. Dimanche dernier encore, un rassemblement de soutien a eu lieu sur son terrain. Pourtant, une famille voisine, les Lorenzo, subit elle aussi les affres de l'expropriation, en raison du tracé de la même route d'accès au futur stade de l'Olympique lyonnais.

“Une route dans mon jardin”

Installés depuis juillet 2005, les Lorenzo ont consenti à de très gros sacrifices afin de s'offrir la maison de leurs rêves, sur un terrain tout en longueur. Eric Lorenzo, artisan ascensoriste, a réalisé seul la plupart des travaux colossaux destinés à transformer un champ bosselé et pentu en maison accueillante dotée d'un terrain de football, promesse d'un père à des enfants qui partagent une passion commune pour le FC Barcelone.

Las, le tracé de la route de 29 m de large facilitant l'accès au stade des Lumières coupe leur jardin en deux, les privant de 569 m².

Après une première opération personnelle des Lorenzo au bal populaire de Décines le 13 juillet 2010, alors qu'ils n'avaient pas encore d'avocat, le Grand Lyon a revu légèrement le tracé de la route, qui devait à l'origine passer encore plus près de leur maison. Estimé à 77 euros/m² par leur avocat Etienne Tête, farouche opposant au stade, le terrain est pour le moment indemnisé à hauteur de 35 euros/m² par la communauté urbaine, laissant aux Lorenzo le soin de rembourser le crédit sur trente ans qu'ils avaient contracté à leur arrivée*.

* Paragraphe mis à jour le 22/10/14 à 16h07.
Les enfants Lorenzo devant leur ancien jardin

© Lorenzo E. - Enfants Lorenzo devant leur jardin ravagé

“Le Petit Journal, France 2... À aucun moment ils ne parlent de nous”

Si Eric soutient son voisin Philippe Layat dans son combat, qu'ils ont débuté ensemble après avoir appris la terrible nouvelle lors d'une réunion de quartier, il regrette d'avoir été totalement occulté par ce dernier sur le plan médiatique. "Je partage sa douleur, ce qui lui arrive est terrible et son combat est noble, mais de là à dire qu'il n'y a que lui...", confie-t-il avec amertume.

Pour autant, l'artisan refuse d'en arriver aux mêmes extrémités que l'agriculteur : "Avec les enfants, je ne peux pas accueillir des zadistes sur mon terrain ; on a le même ennemi commun, mais pas la même mentalité." Pour que ses nombreux courriers adressés au Grand Lyon, à la mairie de Décines et jusqu'au Premier ministre Manuel Valls (avec qui il partage ses origines catalanes) ne restent pas sans réponse, Eric Lorenzo a préféré mettre en place une page Facebook avec l'aide de sa femme et de ses enfants, agrémentée de nombreuses photos et d'une vidéo où il relate les tourments que sa famille a subis.

“Vous avez brisé mon projet, mes rêves”

Lors de leur arrivée en 2005, la mairie de Décines-Charpieu leur avait certifié que les terrains autour du leur était classés “zone verte inconstructible”. Aujourd'hui, les Lorenzo, désespérés, sont prêts à renoncer à leur rêve décinois, mais refusent de céder à n'importe quelle condition : "On ne va pas s'entêter, la route, on ne la supportera pas. Mais on veut être indemnisés à hauteur de nos attentes, pour pouvoir recommencer notre vie ailleurs."

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