La Grande Mosquée de Lyon en passe d'attaquer l'Etat américain

Recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane veut savoir ce que contient le dossier des services américains. A cette fin, il envisage d'engager des poursuites contre l'Etat américain. Il regrette le manque de soutien dont il a pu bénéficier : ni Collomb ni Barbarin ne l'ont encore appelé.

Blessé par les révélations de WikiLeaks, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon contre-attaque. Emanant des services secrets américains, le mémo diffusé par ce site Internet fait de ce lieu de culte l'un des neuf épicentres du terrorisme international, accueillant et recrutant "des membres connus d'Al-Qaïda" (lire ici). Réfutant ces allégations, Kamel Kabtane a reçu ce jeudi matin le consul des Etats-Unis. L'entretien n'a cependant pas duré : l'Américain lui a renouvelé son "amitié" et "sa "considération". Il a assuré que la Grande Mosquée de Lyon "est une grande institution respectée des Etats-Unis". Mais pour le reste, il n'a fait aucun commentaire sur les mémos de WikiLeaks.

Torturés pour avoir fréquenté la mosquée de Lyon ?

Prochaine étape pour Kamel Kabtane : la rencontre avec l'ambassadeur des Etats-Unis, à Paris, mardi prochain. Plus que des amabilités, ce sont des informations qu'il veut. "Ils ont un dossier sur la mosquée : on veut savoir ce qu'il y a dans ce dossier, explique son avocat, Me Gilles Devers. La mosquée ne peut pas accepter de se retrouver partie prenante d'interrogatoires pratiqués sous la torture. Certains ont été torturés à cause de liens supposés ou réels avec la mosquée. On a besoin de présenter des excuses à ces personnes".

"Personne n'est venu pleurer"

Kamel Kabtane envisage de porter plainte contre l'Etat américain. "Les éléments diffamatoires sont évidents", souligne l'avocat. Pour entreprendre ces démarches, il faudra s'attacher les services d'un avocat américain, car la plainte ne peut être enregistrée en France. Mais ils savent que le secret défense sera opposé à chacune de leur demande. Alors iront-ils jusqu'au bout ? "La partie n'est pas simple. On ne fait pas cela tous les jours", reconnait Me Devers. Mais il semble que la Mosquée en fasse une affaire de principe.

"C'est une période très difficile pour la communauté musulmane, notamment avec ces débats qui n'en finissent pas", maugrée le recteur. Dans cette affaire, il a pu compter sur le soutien du préfet qui a déclaré que ces informations ne sont "absolument pas confirmées par les services en charge des questions de terrorisme". Kabtane avoue être "très reconnaissant" à l'égard du représentant de l'Etat dans le Rhône. En revanche, ni Gérard Collomb ni Mgr Barbarin ne se sont fendus du moindre communiqué ou coup de fil. Vont-ils le faire dans les jours qui viennent ? Kamel Kabtane n'y croit pas. "Les pleurs se font au chevet du mort. Et personne n'est venu pleurer".

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