Les coupes drastiques prévues par l'ex-ministre dans le budget de la défense l'auraient conduit à sa perte. C'est la thèse décapante de L’Hebdo dans son édition du 11 avril. L'hebdomadaire romand publie en effet une enquête citant des "sources sécuritaires", des députés UMP et des membres de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale.
Vente du porte-avions Charles-de-Gaulle, arrêt de la production des avions Rafale et des transporteurs Airbus A400 M, suppression de 31 régiments dans l'armée de terre, annulation de commandes d'hélicoptères et de sous-marins nucléaires, ou encore suppression de 51 000 postes, Jérôme Cahuzac envisageait ainsi de raboter dans le budget de la défense jusqu'à 1 milliard d'euros en 2014, plusieurs milliards étant prévus les années suivantes. Ces mesures auraient été jugées inacceptables par la "Grande Muette" parce qu’elles risquaient de mettre en péril le statut de grande puissance internationale de la France et de rendre le pays indigne de siéger au Conseil de sécurité de l'Onu, affirme L’Hebdo. "L'armée a eu sa peau. On ne s'attaque pas impunément à nous. Il voulait notre mort. Nous l'avons eu. Et d'autres ministres pourraient suivre si Hollande continue sur cette voie", menacerait même l'une des sources.
Jérôme Cahuzac envisageait également de s'attaquer à l'industrie militaire, un projet qui l'aurait placé dans le collimateur du lobby militaro-industriel (15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel). Face à la pression de l'armée et dudit lobby, le président de la République aurait été contraint d'agir. La nomination de Bernard Cazeneuve comme remplaçant de Jérôme Cahuzac est à comprendre comme un geste en direction de l'armée et de l'industrie militaire, affirme L'Hebdo. Lors de son intervention télévisée sur France 2, François Hollande, on s’en souvient, avait effectivement voulu rassurer : "Nous dépenserons en 2014 exactement le même montant qu'en 2013", avait ainsi affirmé le chef de l'État. Évoquant la "qualité de l'outil militaire" qu'il avait pu "apprécier dans l'intervention au Mali", il avait insisté sur la nécessité de garantir l'"autonomie" de la France pour intervenir militairement, de "protéger et moderniser" l'arme de dissuasion nucléaire et de "protéger notre territoire".