La grogne des agriculteurs bios

Alors que la politique nationale est de développer la filière, les fonds manquent.

Alors que le marché du bio ne s'est jamais aussi bien porté (plus de 9,5% de croissance par an durant les 7 dernières années) et que la région Rhône-Alpes est une des plus bio de France, les agriculteurs grognent. En cause ? Le manque d'aides à la conversion. Laurence Lemaître, membre d'une association pour le développement de l'Agriculture Biologique, explique : "Le bio a un bel avenir en Rhône-Alpes: il y a trois bassins de consommation importants : Lyon, Saint Etienne, et Valence. La Région a tous les atouts : les filières, les consommateurs et le territoire et il y a une réelle demande. Mais on manque d'agriculteurs pour l'assumer, car on ne les aide pas assez pour se convertir." Passer d'une agriculture conventionnelle à une agriculture biologique a en effet un coût. Une formation aux techniques propres à l'agriculture biologique, la réorganisation complète des modes de production, l'achat de nouveaux outils... D'autant que pendant les quatre années de conversion, l'agriculteur a des rendements inférieurs et ne peut pas vendre ses productions sous le label AB avant sa certification. Robert Freyneron de la Chambre Régionale d'Agriculture estime ces investissements entre dix mille et cinq mille euros. Pourtant, des subventions de l'état et européennes existent, mais en nombre insuffisants. Laurent Raymond, maraîcher bio à Chaussan se souvient : "Obtenir les subventions a été dur, dur. Après un refus de l'état en raison de fonds épuisés, j'ai obtenu, après une année de conversion, une subvention européenne. Mais ça demande beaucoup de paperasserie." La Région souhaite développer plus l'agriculture bio en Rhône-Alpes. Eliane Giraud, conseillère déléguée à l'agriculture explique : "Nous sommes la seule région à avoir signé un Contrat Régional Objectif Filière et notre objectif est de convertir plus d'agriculteurs. Nous prenons désormais en charge 50% des frais de certification pour faciliter et inciter les conversions."

A l'heure du Grenelle de l'environnement et de l'incitation au "consommer bio", les agriculteurs en mal de conversion ne réclament finalement qu'une chose : qu'on leur donne les moyens de répondre à cette demande croissante.

Rhône-Alpes, capitale du bio
1ère région française en matière d'exploitants bio (1350)
3,5% de la Surface Agricole Utile de la Région cultivée en bio contre 2% en France. (+7% entre 2005 et 2006.)
2 millions d'euros consacrés au bio par la Région..

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