L’UFC-Que choisir vient de publier une étude sur l’équilibre nutritionnel dans les cantines scolaires. Bilan : il y a à boire et à manger ! Autrement dit, les élèves français mangent plutôt bien, mais la “découverte inquiétante”, selon l’association de consommateurs, c’est l’“apparition de la junk food” dans les lycées et collèges.
Des fast-food, cafétérias ou sandwicheries qui proposent des formules pizza/frites/gaufres ou panini/brownie/soda à l’intérieur des lycées et des collèges. Voilà ce qui inquiète l’association de consommateurs UFC-Que choisir, qui a rendu publique, ce mardi 19 mars, une étude sur l’équilibre nutritionnel dans les cantines scolaires. L’enquête a porté sur 606 communes et établissements scolaires (439 écoles élémentaires, 167 lycées et collèges, parmi lesquels 513 publics et 93 privés).
Dans 48 établissements secondaires (10 collèges et 38 lycées), soit un peu moins d’un tiers de l’ensemble, la cantine est en concurrence directe avec des stands de type “fast-food, cafétéria ou sandwicherie”. Ces “officines de la malbouffe sont installées à l’intérieur même des lycées et des collèges”, explique Olivier Andrault, ingénieur agroalimentaire, responsable Agriculture et alimentaire à l’UFC-Que choisir. “Parfois, elles sont ouvertes en dehors des heures de repas, favorisant ainsi le grignotage, dont on connaît les effets négatifs”, poursuit-il.
"Ces officines de la malbouffe"
Actuellement, 18% des enfants sont en surpoids. En l'espace de 10 ans, le nombre d’enfants obèses a doublé. Or, chaque jour, 6 millions de têtes blondes déjeunent à la cantine. Autrement dit, le restaurant scolaire est le passage obligé pour 50% des élèves du primaire et 2/3 des collégiens et lycéens.
Et si, depuis 1996, six enquêtes – dont celles de la Direction générale de l’alimentation, de l’ex-Agence française de sécurité sanitaire des aliments et du Centre de recherche et d’études nutritionnelles – ont démontré la mauvaise qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire dans les cantines de la République, c’est la première fois que la junk food est pointée du doigt.
“Le pire, c’est que dans certains établissements ces stands sont gérés et sous la responsabilité de grands groupes de restauration collective, notamment scolaire.” Elior, Sodexo ou Scolarest sont clairement dans le viseur, sans pour autant être cités nommément.
Et Olivier Andrault d’ajouter : “C’est inquiétant, d’autant que ces officines de la malbouffe se développent en dehors de toute réglementation.”
“Chasse aux normes absurdes”
L’étude de l’UFC-Que choisir sort en pleine chasse aux “normes absurdes” de l’État. Le 17 janvier dernier, la ministre de la Réforme de l’État, Marylise Lebranchu, a confié au président du conseil général de l’Orne, Alain Lambert, et au maire du Mans, par ailleurs membre du Conseil d’État, Jean-Claude Boulard, une mission de lutte contre l’“inflation normative”. L’idée, selon le binôme : “chasser les normes absurdes” parmi les 400.000 règles qui régissent aujourd’hui l’action des collectivités locales.
D’ici au 26 mars, les deux élus devront remettre au Premier ministre Jean-Marc Ayrault une liste de normes à abroger. Parmi les possibles suppressions, le décret du 30 septembre 2011 “relatif à la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire”, que le maire du Mans prend soin d’écorner publiquement, ironisant sur “la place respective et décisive pour la cohésion nationale des merguez, des chipolatas, des saucisses de Francfort, de Strasbourg, de Toulouse dans les cantines scolaires”.
Lyon et Caluire bons élèves
Or, selon l’UFC-Que choisir, l’offre alimentaire s’est améliorée depuis cette obligation alimentaire. Pour preuve, l’étude montre que, sur les 384 cantines des écoles élémentaires publiques, la moyenne est de 15,2/20 et que plus d’un quart ont une note supérieure à 17/20. Caluire-et-Cuire pointe même dans le top 10 des meilleures cantines de France, en arrachant la 3e place avec 19,9/20 de moyenne. Lyon fait partie des bons élèves avec sa moyenne de 17,6/20, nonobstant un bémol sur les fruits qui souvent ne sont pas de saison.
Mais l’équilibre nutritionnel est respecté. Car l’étude ne porte pas sur la qualité gustative des repas. Elle évalue la fréquence avec laquelle sont proposés, sur une période de 20 jours, les principaux types de produits qui composent une alimentation équilibrée. Les problèmes majeurs se posent dans les lycées et collèges, qui sont “plus de deux points et demi en dessous de l’élémentaire”.
“Il est assez stupéfiant qu’on puisse remettre en cause la réglementation sur l’équilibre nutritionnel dans les cantines, conclut l’association de consommateurs. Nous souhaitons maintenant interpeller le Gouvernement et porter à M. Ayrault le résultat de cette étude pour montrer l’impérieuse nécessité de conserver cette réglementation. S’il n’est pas pertinent de la supprimer, il faut aussi l’étendre aux modes stands, sandwicheries et autres cafétérias à l’intérieur des établissements.” Une mesure qui pourrait empêcher la junk food de faire tâche d’huile dans les écoles.
-----
Et à la cantine ?
A lire sur notre site, le dossier sur les cantines : ce qu'on y mange, les problèmes d'encadrement, les questions spécifiques à Lyon, le gaspillage, la guerre des industriels pour les gros marchés...
• Enquête dans l'enfer des cantines lyonnaises
• L'entretien avec Philippe Durrèche - “Les industriels respectent les normes mais en trichant”
• Cantines : le marché de la Ville de Lyon
• A Lyon, 1/3 des repas est jeté tous les jours