La Lyonnaise de Banque se fait squatter

L'un des fleurons de la banque lyonnaise se fait squatter et n'a pas envie que cela se sache. La scène se passe pourtant à Paris où la Lyonnaise dispose de bureaux inoccupés. Le 1er janvier, un collectif d'associations a élu domicile dans un immeuble vide de 1600 m2, rue de la Banque, à deux pas de la bourse (ça ne s'invente pas !). Ces anciens bureaux, inoccupés depuis 2004, accueillent désormais huit familles et les militants des trois associations*, dans ce qui est devenu le Ministère de la crise du logement. L'initiative a pris une telle ampleur qu'elle fait des petits. Un Ministère a vu le jour le 28 janvier à Lyon (voir encadré). En ces temps de crise aiguë du logement, la cible est bonne pour dénoncer "la situation des familles, des étudiants et des jeunes salariés chassés par la spéculation immobilière". Les associations accusent en effet la Lyonnaise d'organiser la vacance pour faire fructifier ses biens immobiliers. "La banque avait l'opportunité de vendre en 2003 mais elle a décidé de bloquer cette vente en ne délivrant pas le fameux certificat de commercialité", nous explique l'avocat du Ministère, Gilles Beres. Dans le seul communiqué que la Lyonnaise s'est autorisée à émettre, daté du 2 janvier, la banque dit devoir signer prochainement une promesse de cession. Depuis, la Banque, qui se refuse à tout commentaire, n'a pas confirmé si la vente s'est réalisée. "En vendant aujourd'hui plutôt qu'en 2003 à 6,3 millions d'euros, la banque fait une plus value d'au moins 3 millions !" poursuit Julien Boucher, membre du collectif.
Au lendemain du jugement du tribunal de Paris autorisant l'expulsion dans deux mois, la mairie de Paris a fait savoir qu'elle utiliserait son droit de préemption pour en faire des logements sociaux. C'est une nouvelle pierre dans le jardin immobilier de la Lyonnaise. D'autant plus que l'on voit mal les CRS vider les familles de l'immeuble, à quelques jours du premier tour de la présidentielle. La Lyonnaise, qui rêvait de vendre au prix fort, va devoir composer avec les squatters et la mairie de Paris pour se sortir de ce guêpier. Pendant ce temps-là, le Ministère réussit son coup : faire de ce lieu un QG associatif contre le mal-logement avec radio associative, site internet et salon pour recevoir les candidats à la présidentielle. Déjà José Bové et Ségolène Royal s'y sont montrés. Dans ce contexte, on comprend que la Lyonnaise essaye de se faire oublier.

*Droit Au Logement, Jeudi Noir et Macaq

La "réquisition pédagogique" contre le mal logement se poursuit à Lyon.
Les associations du Ministère de la crise du logement lyonnais continuent leur combat. Depuis le 28 janvier, ces militants squattent un immeuble de l'Opac du Grand Lyon, au 100 cours du Docteur Long (3e), où ils ont logé une soixantaine de personnes. Leur manifestation du 6 février a rassemblé 400 personnes pour exiger notamment que soit appliquée la loi sur les réquisitions autorisant le préfet à réquisitionner des logements vides. Quant aux négociations avec l'Opac, elles continuent. L'objectif étant de trouver une solution de relogement pour les familles avant le 30 avril.

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