Commémoration des 89 ans de l’arrestation de Jean Moulin devant la maison du Docteur Dugoujon à Caluire-et-Cuire. (Crédit Martin Gaboriau)

La maison de la famille Dugoujon "a vieilli avec l'arrestation de Jean Moulin" 

Pour clôturer cette dernière journée de commémoration des 80 ans de l’arrestation de Jean Moulin, politiques, anciens combattants et tout simplement habitants de Caluire-et-Cuire se sont donnés rendez-vous devant la maison du docteur Dugoujon mercredi 21 juin, où le symbole de la Résistance a connu ses derniers instants de liberté.

Après un dépôt de plaque commémorative en début de journée sous la pluie, le soleil s’est frayé un chemin en cette fin de journée, mercredi 21 juin, au niveau de la maison du docteur Dugoujon, comme pour saluer la mémoire Jean Moulin. C’est ici, dans cette maison de Caluire-et-Cuire, que peu après avoir fondé le Conseil national de la Résistance Jean Moulin vivra ses dernières minutes en tant qu’homme libre avant d’être arrêté par Klaus Barbie le 21 juin 1943. Même si le temps s’est écoulé, la pierre et les souvenirs n’ont pas changé, "aujourd’hui la maison a vieilli avec cet événement important de l’histoire française", confie la fille du docteur, Frédérique Dugoujon.

En entonnant Le Chant des partisans et La Marseillaise, les personnes présentes, anonymes et politiques, expriment à leur manière leur gratitude au héros de guerre que fût Jean Moulin. "Il donna sa vie pour libérer celle des autres", rappelle la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, non sans une forme d'admiration pour son illustre prédécesseur. Car avant de s'imposer comme une figure de la Résistance, Jean Moulin devint le plus jeune sous-préfet de France avant de devenir préfet de l’Aveyron en 1937. Chose assez rare pour être soulignée, mercredi, à la demande de la préfète de Région, tous les préfets des départements de la région d'Auvergne-Rhône-Alpes ont fait le déplacement devant cette maison de Caluire-et-Cuire pour ce triste anniversaire.

Une maison pas comme les autres 

Cette maison, la fille du docteur Dugoujon la connaît bien puisqu’elle y a vécu. "C’était un endroit familial certes, mais il y avait beaucoup de passage avec les patients de mon père et les hommes publics", se souvient-elle. Le foyer de son père Frédéric Dugoujon faisait office de cabinet et aussi de foyer secret pour la Résistance. Fascinée par les histoires que lui racontait son père, elle se souvient de deux hommes déterminés, "Jean Moulin et mon père avaient une soif de liberté qui les habitait tout le temps". 

Tous et toutes le savaient, à cette époque le danger était présent à chaque instant. Lors de cette journée du 21 juin 1943, alors qu’une réunion devait avoir lieu pour unir les mouvements de résistance, une dizaine d'hommes de la Gestapo entre dans la demeure avec des consignes bien claires. Dans la foulée, l'homme aux plusieurs prénoms, Jean, Rex, Max est arrêté avec sept autres de ses compagnons. Torturé dans la prison de Montluc, il ne parlera pas et mourra le 8 juillet 1943.

Afin de perpétuer cet épisode de la Seconde Guerre mondiale, Frédérique Dugoujon en parle aujourd'hui avec ses petits-enfants, "en plus c’est au programme en classe de CM2, c’est bien, il faut que cela continue"

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