Les chercheurs lyonnais Vance Bergeron et grenoblois Orphée Cugat sont lauréats de la médaille de l'innovation 2019 du CNRS. Ils recevront cette récompense lors d'une cérémonie le 12 décembre à Paris.
Quatre chercheurs sont cette année distingués par le CNRS d'une médaille de l'innovation pour les recherches exceptionnelles ayant conduit à des innovations marquantes sur le plan technologique, économique, thérapeutique et social.
Vance Bergeron, une échappée contre la paralysie
Rien n’arrête la science ni la détermination de Vance Bergeron. Devenu tétraplégique à la suite d’un accident, ce physicien CNRS au Laboratoire de physique de l’ENS de Lyon (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1) développe des solutions pour améliorer la qualité de vie des paralysés grâce à une activité physique quotidienne. Titulaire d’une thèse en chimie de l’université californienne de Berkeley, il rencontre sa future femme lors d’un post-doctorat en France et décide de s’y installer. Après quelques années chez Rhône-Poulenc, il intègre le CNRS en 2000. Vance Bergeron se lance ensuite dans les systèmes de décontamination biologique de l’air par plasmas froids. Il participe à la création de la société Airinspace, dont il devient le conseiller scientifique, qui équipe des services d’oncologie, d’hématologie et de traitement des brûlés. Vance Bergeron est alors l’auteur de plus d’une centaine de publications scientifiques et d’une quarantaine de brevets. En 2013, une voiture lui refuse la priorité et le percute alors qu’il se rendait à son laboratoire à vélo. Devenu tétraplégique et privé de l’usage de ses mains, Vance Bergeron se réoriente vers la stimulation électrique fonctionnelle, qui remobilise les membres paralysés grâce à de faibles impulsions électriques. Il est soutenu dans ses recherches par le CNRS, les Hospices civils de Lyon et l’association Advanced Neurorehabilitation Therapies and Sport (ANTS) qu’il a co-fondé. Épaulé par son ancien doctorant Amine Metani, Vance Bergeron crée la start-up Circles. Ils y développent des vélos et rameurs à électrostimulation, destinés à des centres de réadaptation fonctionnelle et à des salles de sport dédiées aux personnes en situation de handicap moteur. ANTS a inauguré la première salle de ce type en France, où leurs prototypes seront testés en 2020.
> Son entretien vidéo : ici.
Orphée Cugat, la recherche hors-piste
Avec le dépôt de douze familles de brevets et la co-fondation de start-up aux applications radicalement différentes, Orphée Cugat ne perd jamais l’innovation de vue. Chercheur CNRS au Laboratoire de génie électrique de Grenoble (CNRS/Grenoble INP/Université Grenoble Alpes), il explore le magnétisme dans les milli- et microsystèmes avec ses collègues Jérôme Delamare et anciennement, Gilbert Reyne. Inventeur-né, Orphée Cugat a d’abord été formé comme ingénieur généraliste aux Arts et Métiers, il s’oriente finalement vers une thèse, puis effectue un post-doctorat en Irlande. À Grenoble, son groupe amorce le développement de moteurs et générateurs sub-miniatures, puis développe des dispositifs originaux en lévitation et désormais des applications destinées aux technologies médicales. Ces travaux ont entre autres abouti à la start-up Enerbee, où une bouche d’aération connectée récupère sans contact, grâce à la rotation d’une hélice, assez d’énergie pour alimenter des capteurs intégrés de qualité de l’air. Plus ambitieuse encore, la start-up MagIA offre des diagnostics en quinze minutes. L‘instrument se contente d’une goutte de sang pour détecter et quantifier simultanément les hépatites B et C ou encore le VIH.
Lyon se distingue
Décidément les chercheurs lyonnais et de la région se distinguent fréquemment. En 2018, parmi les trois lauréats français de la médaille de l'innovation du CNRS, Valérie Castellani, chercheuse en biologie à Lyon s'est distinguée pour ses recherches visant à comprendre le rôle des signaux environnementaux dans la construction du système nerveux, dans un contexte physiologique ou pathologique
> lire ici.