Des travaux d’urbanisme vont être menés place Gabriel Péri début 2022. @WilliamPham

La Métropole de Lyon débloque 2,3 millions d’euros pour transformer la place Gabriel-Péri, l’opposition sceptique

Attendue depuis plusieurs mois sur le sujet de la Guillotière et plus précisément de la place Gabriel Péri, la Métropole de Lyon débattait ce mardi 14 décembre d’une délibération portant sur "l’amélioration des espaces publics" du quartier. L’occasion pour Bruno Bernard et Grégory Doucet de se serrer les coudes sur un sujet où l’opposition juge leur projet trop "léger" et inadapté à "l’urgence". 

Au coeur de l’actualité depuis de nombreux mois, en raison de l’accentuation de problèmes liés à l’insécurité depuis la fin des confinements, la place Gabriel Péri, ses habitants et ses commerçants essayent désormais de redonner une "image positive et attractive" du quartier de la Guillotière, comme l’a souligné le maire de Lyon, Grégory Doucet, lors d’une intervention au conseil métropolitain le 14 décembre. C’est d’ailleurs dans cette optique que les élus de la Métropole de Lyon ont validé un premier projet d’aménagement de la place porté par la collectivité. 

Cette action pour laquelle 2,3 millions d’euros ont été débloqués par le Grand Lyon, s’inscrit dans le plan d’action dévoilé au mois de juin 2021, par Grégory Doucet et Béatrice Vessiller, la vice-présidente en charge de l’urbanisme et du cadre de vie. Un projet avec "des actions à court terme et sur le long terme", construit à l’issue de plusieurs mois d’échanges, parfois houleux, avec les acteurs du quartier. 

Lire aussi : Lyon : contre l'insécurité, les commerçants scandent leur colère dans les rues de la Guillotière, reportage 

Quels aménagements début 2022 ?

Fin novembre lors d’un déplacement très médiatisé place Gabriel Péri, le maire de Lyon avait finalement annoncé que les premiers travaux pour "transformer la configuration de la place vont débuter en 2022, des décisions ont déjà été actées et ça va bouger sur l’urbanisme de la place Gabriel-Péri", assurait-il. Après le conseil de la Métropole qui s’est achevé hier on y voit un peu plus clair. 

Lire aussi : Lyon : le maire, le préfet et le procureur se montrent, unis, sur le terrain de la Guillotière

Pour reprendre les mots de Grégory Doucet, le projet doit "transformer un carrefour routier en une grande place centrale animée, végétalisée, où la priorité est redonnée aux piétons". Concrètement cela pourra passer par : 

  • Création et reprise des traversées piétonnes sur le cours Gambetta ; 
  • Suppression du stationnement en épis sur le cours Gambetta afin d’améliorer le  cheminement piéton et l’usage des modes actifs ; 
  • Piétonnisation du nord de la rue de Marseille ; 
  • Piétonnisation de la petite rue Moncey ; 
  • Apaisement/piétonnisation de la rue Paul Bert ; 
  • Réaménagement et végétalisation de la place Gabriel Péri ; 
  • Requalification de l’espace situé devant La Poste. 

Les aménagements retenus pourraient être révélés dans les prochains jours, afin d’être lancés en début d’année,  la phase de concertation les définissant se terminant ce mercredi 15 décembre.


"Votre réponse et celle de la ville de Lyon ne répond pas à l’urgence de la situation. Il faut mettre en oeuvre un plan "Marshall" pour la Guillotière", Christophe Geourjon, groupe politique Inventer la Métropole de Demain


Une opposition pas convaincue

Des annonces qui ne semblent pas avoir convaincu les élus des différents groupes d’oppositions au conseil de la Métropole, à l’image de Christophe Geourjon (Inventer la Métropole de Demain) pour qui "avec les Verts il y a une solution qui revient systématiquement et qui est complètement recyclable, c’est la solution PVC (Piétonnisation, Végétalisation, Concertation)". À l’entendre, la réponse de la Métropole et de la Ville de Lyon "ne répond pas à l’urgence de la situation. Il faut mettre en oeuvre un plan "Marshall" pour la Guillotière. Un plan associant sécurité, sanctions, lutte contre les trafics, prévention urbaine, action sociale, accompagnement des jeunes et des familles, soutiens aux commerçants…". 

Depuis le début de l'année, "plus de 350 opérations se sont tenues à la Guillotière " et "4000 contrôles, 1000 interpellations et 75 écrous" ont été réalisés selon le préfet Pascal Mailhos. (Photo : William Pham)

"Ce ne sont pas quelques arbres en remplacement des forces de police sur la place qui régleront le problème des points aveugles. […] pour la Guillotière vous faites le choix du moindre coût sans protestation du maire de Lyon et de ses maires d’arrondissements", a abondé Catherine Panassier (Groupe progressiste et républicain). Une sortie visiblement pas du goût du maire de Lyon qui s’est alors attaché a pointer le bilan des précédentes majorités. 


"Quelle a été l’action politique structurante sur cet endroit depuis 20 ans ? Quelle solution a été trouvée pour le marché de la misère, qui n’est pas apparu subitement en juillet 2020",
Grégory Doucet, maire de Lyon


"À tous les groupes de l’opposition. En place, pour certains d’entre vous depuis de nombreuses années, qu’avez-vous fait ? Quelle a été l’action politique structurante sur cet endroit depuis 20 ans ? Quelle solution a été trouvée pour le marché de la misère, qui n’est pas apparu subitement en juillet 2020. Qu’a été proposé à la jeunesse précaire, sujette aux addictions. Quelle décision en matière d’urbanisme, hormis une étude de sécurité et de faux chantiers ? Vous avez bien identifié que les femmes n’y avaient pas leur place, mais qu’avez-vous fait ?", s’est emporté Grégory Doucet au cours d’une intervention de six minutes. 

Métropole et Ville de Lyon serrent les rangs

A gauche Grégory Doucet (maire de Lyon) et à droite Bruno Bernard (Président de la Métropole de Lyon). @WilliamPham

Dans les faits, si l’on se penche sur le plan dévoilé en juin dernier par la ville et la Métropole, les nombreux volets évoqués par Christophe Geourjon y sont abordés sous différents aspects, bien qu’ils tardent à se déployer. "On ne peut pas résoudre ce problème en 15 ou 16 mois. […] La ville de Lyon n’a jamais eu une action aussi forte. Jamais un maire de Lyon n’a eu une volonté aussi affirmée de s’investir personnellement sur le dossier Gabriel Péri", s’est défendu Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon.


"Je vous rassure, c’est une première étape et nous en aurons d’autres pour reparler de la Guillotière, espace à vivre", Béatrice Vessillier, vice-présidente de la Métropole en charge de l’urbanisme et du cadre de vie


D’ailleurs, comme l’expliquait Béatrice Vessiller lors de sa prise de parole dans l’hémicycle, la collectivité assume de proposer, pour le moment, "une action à court terme parce que nous avons besoin de voter des crédits d’investissements pour des aménagements urbains. Mais cela ne nous détourne pas de tout le travail mené en complément. […] Je vous rassure, c’est une première étape et nous en aurons d’autres pour reparler de la Guillotière, espace à vivre".

Lire aussi : Lyon : le plan d'action du maire Grégory Doucet pour le quartier de la Guillotière

Après la sécurité place à l'urbanisme

Jusqu’à présent, la partie visible de l’action entreprise ces derniers mois à la Guillotière a surtout été sécuritaire, avec le déploiement de policiers municipaux le matin place Gabriel-Péri, relayés ensuite par une trentaine de CRS jusqu’en fin de soirée. Une mesure prise notamment après la décision de plusieurs commerces de fermer leurs magasins plus tôt, en raison de problèmes de sécurité. 

Depuis quelques jours, les CRS ont été redéployés ailleurs, et selon Le Progrès le Casino et le McDonald’s ont repris leurs horaires habituels redonnant à la place un début de naturel. Par ailleurs, Grégory Doucet confiait à nos confrères de Rue 89 Lyon qu’un accompagnement social a déjà été engagé sur la place et "renforcé". "On a plusieurs équipes de médiation et d’accompagnement social, notamment à destination des revendeurs à la sauvette. […] On va utiliser le dispositif Tapaj [travail alternatif payé à la journée] pour proposer aux personnes toxicomanes des travaux rémunérés", détaillait le maire dans ce long entretien publié début décembre.

Lire aussi : À la Guillotière, l’État veut montrer qu’il a toujours la situation en main, reportage

Quid du Clip ?

Début 2022 devrait donc marquer le lancement d’une nouvelle étape, consacrée à l’urbanisme cette fois. Néanmoins, il ne faudra pas s’attendre à un changement radical pour le moment puisque la destruction du Clip, qui ferme la place, n’est pas à l’ordre du jour. Sorte d’arlésienne depuis de nombreuses années, le sujet est inévitablement revenu dans les débats lors du conseil. "Que proposez-vous pour le Clip ? ", a ainsi lancé une élue de l’opposition, soutenue par Catherine Panassier, selon qui "Il faut se donner les moyens d’une transformation profonde, démolir totalement ou en partie le Clip". 

L'immeuble du Clip © Antoine Merlet

"Il faudra 8-10 ans avant de pouvoir faire quelque chose si c’est la solution retenue. Donc naturellement on ne peut pas attendre ce temps pour agir sur la place Gabriel-Péri", Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon


Un sujet pas complètement écarté par Bruno Bernard, mais qui ne devrait pas voir le jour avant longtemps, même s’il venait à être acté d’ici la fin du mandat. "Si nous n’annonçons pas encore de décision sur le Clip, c’est qu’effectivement la décision est assez complexe et que nous y travaillons. Et nous aurons à prendre des décisions prochainement", expliquait Béatrice Vessiller. Et Bruno Bernard de poursuivre en admettant que la destruction du Clip est "une possibilité. Mais avant il faut faire une DUP (Déclaration d’utilité publique, Ndlr), elle n’a pas été faite donc il faudra 8-10 ans avant de pouvoir faire quelque chose si c’est la solution retenue. Donc naturellement on ne peut pas attendre ce temps pour agir sur la place Gabriel-Péri", avant de mettre aux voix la délibération portant sur des "aménagements légers", comme le soulignait un élu, ayant conduit à ce long débat avec l’opposition.

Débat qui pourrait d’ailleurs se poursuivre dès ce jeudi 16 décembre au conseil municipal de Lyon, Gérard Collomb, privé de parole mardi, ayant clairement laissé entendre sa volonté de mettre le sujet sur la table du conseil. À suivre donc. 

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