À partir du mois septembre la Métropole de Lyon proposera à plus de la moitié de ses agents d’expérimenter la semaine de 4 jours. La mesure phare d’un agenda social porté par un budget de 17 millions d’euros.
À partir de la rentrée 2023, la Métropole de Lyon s’attaquera à un défi social de taille, proposer à ses agents le passage à la semaine de quatre jours. Un défi, car jusqu’à présent jamais une collectivité aussi importante que la Métropole de Lyon n’avait tenté de mettre en place ce dispositif. "On est la plus grosse collectivité qui expérimente la semaine de 4 jours", se félicitait d’ailleurs Bruno Bernard, le président de la métropole ce mardi 9 mai au moment de présenter le projet.
"La révolution c’est que l’on ouvre cela à tous les agents, c’est indispensable si on veut retirer le sentiment de culpabilité à ceux qui passeraient à 4 jours"
Anne Jestin, la directrice générale des services
Près de 120 services différents seront ainsi représentés lors de cette phase d’expérimentation de 6 mois, qui devrait permettre à 400 ou 500 agents d’adapter leur temps de travail sur 4 jours, tout en restant dans les clous des 1 607 heures annuelles imposées par la loi. "Pour nous la révolution c’est que l’on ouvre cela à tous les agents, c’est indispensable si on veut retirer le sentiment de culpabilité à ceux qui passeraient à 4 jours", explique Anne Jestin, la directrice générale des services.
57% des agents éligibles
Dans les faits, si le dispositif se révèle concluant, ce ne sont pas les 9 600 agents de la Métropole qui pourront en profiter, mais environ 57%, soit 5 500 salariés. Dans le détail, seuls les salariés ayant des régimes horaires particuliers, à l’instar des agents de la collecte ou de l’eau qui travaillent en 3/8 ou en 2/8, ne pourront pas y prétendre.
"Offrir la possibilité à plus de 900 femmes qui étaient à 80% de repasser à temps plein sur 4 jours et récupérer ainsi l’intégralité de leur salaire"
Zémorda Khelifi, vice-présidente déléguée aux ressources humaines
Le but ? "Redonner de l’attractivité à nos métiers, car depuis deux ans nous avons des difficultés de recrutement comme tous les employeurs du territoire", justifie Bruno Bernard. D’après Zémorda Khelifi, la vice-présidente déléguée aux ressources humaines, la Métropole de Lyon aurait notamment toutes les peines à recruter des techniciens et des électromécaniciens. L’élue l’assure, la "quantité de travail des agents n’évoluera pas", en revanche, d’après elle "beaucoup d’études démontrent que l’on a une amélioration des conditions de travail, de la santé mentale, moins de burn-out, moins de stress, moins d’absentéisme…". Par ailleurs, Zémorda Khelifi insiste sur le fait que sur le papier cette mesure permettrait "à plus de 900 femmes qui étaient à 80% de repasser à temps plein sur 4 jours et récupérer ainsi l’intégralité de leur salaire".
Autant de bénéfices que la collectivité a pu constater en allant visiter il y a quelques jours l’entreprise lyonnaise LDLC dirigée par Laurent de la Clergerie. Depuis 2021, le spécialiste de l’informatique installé à Limonest propose cette mesure à tous ses salariés sans distinction.
Les syndicats soucieux du temps de travail
Au niveau de la Métropole de Lyon, quatre scénarios seront proposés aux agents volontaires afin de "répondre aux différents besoins" : deux sur 4 jours, un avec une alternance de semaine de 4 et 5 jours et un autre sur 4,5 jours. Des annonces saluées par la CGT, deuxième syndicat au sein de la collectivité, qui reste toutefois prudente en attendant de voir la mise en application. "On est un peu dans un flou, il y a des échanges avec la direction, mais on se pose beaucoup de questions sur la durée des journées", confie Michel Clamaron, le secrétaire général adjoint du syndicat.
"On est un peu dans un flou, il y a des échanges avec la direction, mais on se pose beaucoup de questions sur la durée des journées"
Michel Clamaron, secrétaire général adjoint de la CGT Métropole de Lyon
Des inquiétudes auxquelles le président de la Métropole a tenté de répondre ce mardi en expliquant que sur une semaine de 4 jours les agents devront travailler 8,5 heures par jours sans RTT ou 9 heures par jours pour conserver 5 RTT par an. "Cela fait déjà des journées qui sont assez longues en termes de concentration", prévient tout de même Michel Clamaron, avant d’ajouter "on sera donc vigilant et on sera surtout à l’écoute de ce que veulent les agents".
Les syndicats devraient notamment être associés au bilan de l’expérimentation de six mois en se basant sur des critères d’évaluation encore en cours d’élaboration, mais qui pourrait porter sur l’évolution du "taux d’absentéisme" ou encore la "réduction des arrêts maladie".
Un agenda social à 17 millions d'euros
Plus généralement, l’agenda social présenté mardi par la Métropole de Lyon prévoit l’investissement de 17 millions d’euros d’ici trois ans. 15 millions seront notamment fléchés pour "harmoniser les régimes indemnitaires" entre les agents issus de l’ancien département et ceux qui travaillaient pour l’ancienne communauté urbaine. La collectivité souhaite ainsi gommer les « fortes disparités" qui existent encore entre ses différentes filières. À noter également que les tickets restaurants des agents passeront de 7,50 € à 8 €, que la participation de la Métropole à leur mutuelle augmentera de 33% ou encore que l’hôtel de la Métropole fera l’objet de travaux de rénovation.