Une prairie fleurie plantée par la métrople de Lyon. C.Belsoeur / Lyon Capitale

La métropole de Lyon veut créer des corridors écologiques pour régénérer la biodiversité

Le président de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, a présenté jeudi 17 juin le plan nature de sa mandature. La grande priorité : créer de vastes corridors végétalisés pour régénérer la biodiversité. Reportage le long du canal de Jonage.

L'avantage de suivre à vélo la piste cendrée qui longe le canal de Jonage du Grand parc de Miribel-Jonage jusqu'à Lyon, c'est que la présentation du plan nature faite quelques minutes plus tôt par le président de la métropole Bruno Bernard (Europe Ecologie Les Verts) devient plus concrète. À hauteur du Carré de la Soie de Vaulx-en-Velin, une friche apparaît entre la piste cyclable et une rangée d'immeubles. Derrière les clôtures, apparaissent de hautes fleurs sauvages multicolores. Accroché à un mur défraîchi, un panneau indique : "Ici, la métropole agit pour la nature en plantant une prairie fleurie".

Cet îlot de verdure, en apparence assez insignifiant, est une pièce du grand puzzle que les écologistes veulent assembler pour créer des corridors végétalisés sur le territoire de la métropole afin d'y régénérer une biodiversité qui a durement souffert de l'étalement urbain et de l'agriculture intensive ces dernières décennies.

12 corridors écologiques à reconstituer

C'est à L'îloz, un espace pédagogique niché au cœur du Grand parc Miribel-Jonage, que Bruno Bernard a présenté jeudi 17 juin avec son équipe ce volet du plan nature, doté d'un budget total de 44 millions d'euros. Entouré de potagers en permaculture et d'une mare tapissée de nénuphars, le lieu ce prêtait au thème du jour. "On est face à un effondrement de la biodiversité. On a perdu 80% des insectes pollinisateurs en Europe occidentale en près de 30 ans et la situation est la même sur notre territoire", a alerté Pierre Athanaze, le vice-président de la métropole délégué à l'environnement. Or, plus de 80% des plantes cultivées du territoire dépendent de la pollinisation par les insectes.

Une mare sur le site de L'îloz, dans le Grand parc de Miribel-Jonage. C.Belsoeur / Lyon Capitale

Pour raviver les braises du vivant, que ce soit les insectes ou les oiseaux - ces derniers souffrent durement de cette chute du nombre d'insectes, leur menu quotidien - , il ne suffit pas de ranger les insecticides dans les placards et de laisser des champs fleurir. "On va travailler sur la restauration des corridors écologiques pour que les milieux soient connectés et que les espèces colonisent de nouveaux territoires. Nos services ont repéré 12 corridors écologiques à reconstituer sur la métropole", pointe Pierre Athanaze.

Un premier chantier a déjà été lancé. Il s'agit de l'objectif le plus ambitieux de ce plan nature : relier le parc de Parilly au Grand parc de Miribel-Jonage par un corridor végétalisé ininterrompu. Deux hectares de forêt ont déjà été plantés à Saint-Priest, soit 2000 arbres, sur le tracé de ce corridor.

Pour créer ces corridors, la métropole va planter des friches qui lui appartiennent, mais aussi revenir sur des projets d'urbanisation prévus par le plan local d'urbanisme et de l'habitat (PLU-H). "On a nos propres terrains. Il faut mieux les utiliser. Quand on a des friches, on va planter des prairies dessus. On veut aussi rétrocéder des zones urbaines du PLU-H pour en faire des zones naturelles", dit Bruno Bernard.


"Toutes les haies ont été arrachées et aujourd'hui les agriculteurs comprennent que ça été une erreur", dit Pierre Athanaze, vice-président de la métropole délégué à l'environnement. 


"Les corridors, c'est l'autoroute de la biodiversité", appuie Pierre Athanaze. L'élu écologiste veut travailler main dans la main avec les agriculteurs pour régénérer des milieux naturels abîmés par l'agriculture intensive et intégrer des parcelles agricoles dans les corridors verts. Depuis plusieurs décennies, la plupart des haies et des arbres qui séparaient les parcelles agricoles ont par exemple été détruits, ce qui a de grosses conséquences pour la biodiversité et pour les agriculteurs. "On a de nouvelles lignes budgétaires pour planter en milieu agricole. Toutes les haies ont été arrachées et aujourd'hui les agriculteurs comprennent que ça été une erreur. Il y a 30 ans, on était à 30 jours venteux par an dans le Lyonnais. Aujourd'hui, c'est 80 jours venteux, car le vent du nord ou du sud n'est plus stoppé par les haies ou d'autres obstacles. Ce vent dessèche aussi les plantes. Et puis les haies abritent de nombreux insectes pollinisateurs", explique Pierre Athanaze.

D'ici la fin du mandat, Bruno Bernard vise 100 à 150 hectares de nouvelles plantations d'arbres et de prairies fleuries. Ce sont près de 28km de haies qui doivent aussi être plantées.

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