Roms Vaise 1062 Tim

La misère, madame, la misère...

La misère est à nos portes, elle se noie à une encablure de nos ports, dans les rues de nos villes, elle nous tend des bras décharnés, un enfant endormi sur les genoux. Elle nous jette à la tête notre confort et nos peurs.

Il ne s’agit pas de se battre la coulpe, de détourner la tête ou de pleurer sur eux et quelque part sur nous. Le bal des hypocrites nous remonte aussi à la gorge avec un goût de bile : assez de grandes phrases sur la honte, sur le rejet de toute stigmatisation et en même temps – et par ordre parfois des mêmes – les portes qui se ferment, les camps évacués, puisqu’il faut bien protéger la propriété privée, municipales obligent.

Posons-nous la seule question qui ait du sens : que faut-il faire ? D’abord, tout ce qu’il ne faut pas faire, tout ce qu’on ne peut simplement pas faire :

– les rejeter, car c’est, sinon tuer, à tout le moins laisser mourir ;

– les expulser, car cela ne sert à rien, ils reviendront, certains en ont le droit et même celui de demeurer ;

– les enfermer derrière des barreaux, ceux d’une prison, ceux d’un bagne qui n’existe plus, ceux d’un camp (il faut oser le mot), car ce n’est pas possible pour ceux qui ne sont coupables de rien, pour les enfants ;

– les intégrer, certains oui mais tous c’est impossible, nous le savons bien, ce ne sont pas les origines, les religions, la couleur de la peau qui sont en cause mais leur éducation, leur culture, leur capacité d’adaptation ;

– les supporter, les subir, c’est difficile ; quittez un instant, Mesdames et Messieurs les Puissants, vos voitures aux vitres teintées, parcourez sans escorte les rues de nos villes, prenez le métro et les bus. Ils sont là, partout, les mains tendues, les mains dans les sacs, les mains dans les poches. Que voulez-vous qu’ils fassent, ils ne savent rien faire, il n’y a pas de travail et pour eux moins que pour les autres, alors ils mendient, ils volent. Que ferions-nous à leur place ? Leur crasse, leurs vêtements douteux et peut-être vermineux détournent nos regards ou au contraire les attirent, dégoûtés et hostiles ; ils le sentent et ils se défendent comme ils peuvent, en parlant trop fort, en vitupérant, les enfants surtout. Nous les méprisons, nous les haïssons, ils nous le rendent, les miséreux.

Alors ? Il n’y a qu’une solution : ils viennent de quelque part, il faut les y maintenir, mais en les aidant vraiment de telle sorte qu’ils demeurent volontairement chez eux. L’Afrique, la Roumanie reçoivent des tombereaux d’aides et de subventions, qui – tout le monde le sait – tombent dans les poches profondes et sans fin de la corruption. Il faut maintenir cette aide, mais il faut l’encadrer, la gérer au plus près, faire en sorte qu’elle soit utile. Aidons-les à s’intégrer chez eux, pas chez nous, et quand ils seront formés, éduqués, il sera temps d’ouvrir nos portes. Bien entendu, cela coûtera encore plus cher, mais l’encadrement de l’aide créera aussi des emplois ; mieux que des emplois “aidés”, ce seront des emplois qui aident.

La misère, madame, la misère du pauvre monde, rien de neuf sous le soleil de Satan, toujours la souffrance des uns, le silence des autres, l’impuissance de tous.

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