La mosquée de Vénissieux morte née ?

Le tribunal administratif de Lyon a jugé lundi 7 décembre que le permis de construire de la mosquée turque de Vénissieux devait être annulé en raison du peu de places de stationnement prévues autour du futur édifice. La mosquée est pourtant déjà, en partie, sortie de terre : 2 millions de travaux ont déjà été réalisés. La mairie de Vénissieux va faire appel.

Le feuilleton n'en finit plus. 18 ans après les premières prises de becs autour du projet, le tribunal administratif de Lyon vient d'annuler lundi 7 décembre le permis de construire de la mosquée turque de Vénissieux.

L'ensemble immobilier prévu pour s'étendre sur 4 730 m2 au carrefour des rues Emmanuel-Joseph et Amadeo à Vénissieux, tout près des usines Renault Trucks, devait compter une mosquée et des locaux communautaires : une bibliothèque, cinq salles multimédia, une cuisine, des bureaux, des sanitaires et un plateau polyvalent pour les réceptions.

Mais à la suite de la requête groupée de six riverains, le tribunal administratif de Lyon a estimé lundi 7 décembre que les 65 places de stationnement prévues dans le permis de construire, n'étaient pas suffisantes par rapport à la capacité d'accueil de l'édifice : 1490 places, dont 960 dans les deux salles de prière réservées, l'une aux femmes et l'autre aux hommes.

Pour rendre sa décision, le tribunal s'est appuyé sur un jugement du tribunal administratif de Nantes, qui fait jurisprudence en la matière, et qui avait abouti à l'annulation du permis de construire d'une mosquée pour la même raison dans l'agglomération nantaise.

Les Musulmans, tous perdants

Les opposants au projet, des Turcs d'une association dissidente de Vénissieux, se sont dits eux mêmes “déçus“ à l'issue du jugement : “la communauté turque perd des deux côtés, a réagi Bahri Aktas, président de l'association culturelle et cultuelle turque de Lyon et de la région Rhône-Alpes. Selon lui, le maire de l'époque André Gerin, a délivré le permis de construire en 2006, sans “réunir toute la communauté turque autour de la table“. Il a négocié le projet de Mosquée avec une seule association : Milli Gorus*, “très politisée“ selon lui.

Les choses ont été faites avec ceux qui voulaient bien travailler avec nous, se défend Michèle Picard, maire actuel de Vénissieux. Je considère maintenant qu'il s'agit d'un problème technique auquel on va essayer de trouver une solution technique, poursuit le maire. "On va faire appel et essayer de sortir par le haut de cette situation“, affirme l'élue communiste. Un autre permis de construire pourrait être déposé. Une convention pourrait aussi être signée avec Emmaüs qui possède une antenne juste à côté de la mosquée avec des places de parking. Il s'agit de pistes de travail.

Mais Michèle Picard se dit quand même “étonnée de l'argument du tribunal dans le sens où, pour tous les équipements d'intérêt général, la question du stationnement se pose, pour tous les gymnases, la maison de la danse, ou les stades qui n'ont pas toujours le nombre de places de parking suffisantes“, déplore la maire. Cela dit, Michèle Picard réaffirme sa “vision volontariste de choses“ car elle veut “vraiment sortir l'islam du bas des tours“. La ville a soutenu seule ce dossier jusqu'à présent, “il doit maintenant être porté par le Grand Lyon“, affirme la maire de Vénissieux.

Une mosquée en remplacement ?

Président du conseil régional du culte musulman (CRCM), Azzedine Gaci a rappelé de son côté que les musulmans (qui ont financé cette mosquée grâce au deniers du culte, ndlr) ont “le droit d'exercer leur foi dans les mêmes conditions de dignité que les autres“. Par ailleurs, il précise qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle mosquée mais que “la mosquée de Vénissieux a vocation à remplacer celle de Saint Fons qui a fermé il y a quelques années pour des questions de normes de sécurité. C'est le cas, selon lui , de toutes les mosquées construites actuellement“. Le maire de Vénissieux préfère parler d'un “local“ plutôt que d'une mosquée, “qui appartenait à la Courly“ et dont les fidèles auraient été “chassés“.

Azzedine Gaci (CRCM) s'apprête à signer un protocole d'accord le 12 décembre avec le maire de Saint-Etienne pour la construction d'une nouvelle mosquée dans le quartier Montereynaud.

(*) Milli Gorus qui signifie “vision nationale“ en turc, est la plus grande et la plus puissante organisation turque d'Europe. Elle a été créée au début des années 70 par un ancien Premier ministre turc, fondateur de plusieurs partis islamiques et revendique au moins 300 000 membres. L'association a été étiquetée “extrémiste“ par les autorités fédérales allemandes qui la surveille de près.

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