Bastien Massias est berger urbain. A l'occasion de la petite transhumance du Grand Lyon, du 4 au 8 octobre, il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour expliquer cette profession originale.
Bastien Massias débute en donnant la définition d'une transhumance : "c'est une pratique millénaire qui consiste à déplacer des troupeaux d'élevage des zones de plaine jusqu'aux zones de montagne où il y a plus de fourrage, plus d'alimentation pour les animaux, notamment dans les périodes d'été où la sécheresse va faire griller l'herbe dans les plaines. Donc on monte en montagne pour nourrir les animaux."
Dans cette veine, la Petite Transhumance est un parcours visant à sensibiliser les habitants de la métropole de Lyon aux enjeux de l'agriculture urbaine. Au total, 42 kilomètres depuis le Parc de la Tête d'Or à Lyon 6, en passant par Villeurbanne, Miribel, Rillieux, Collonges, et puis l'Ile Barbe pour finir. Chaque soirée proposera des animations pour tous les âges.
Lire aussi : 30 moutons vont défiler à Lyon pour la petite transhumance
Bastien Massias présente aussi son entreprise : la Bergerie Urbaine et l'intérêt de cette activité en ville : "il y a un intérêt agricole, mais aussi un intérêt pour la biodiversité. Parce que les animaux, en se déplaçant, vont disséminer des graines et donc propager certaines essences végétales, vont laisser des excréments qui sont des trésors de biodiversité, vont attirer les insectes coprophages, qui vont eux-mêmes attirer les oiseaux, qui vont créer des cercles vertueux. Et donc voilà, notre but c'est d'adapter ce modèle d'élevage à la ville. Et bien sûr, en étant aussi relié aux habitants".
Le berger urbain l'assure, les animaux se sont habitués aux bruits et aux mouvements des véhicules de Lyon, heureux de trouver de quoi manger aux pieds des immeubles, dans les parcs et les friches de la ville.
Si vous souhaitez participer à la petite transhumance et ses animations, inscrivez-vous sur le site de la Bergerie Urbaine.
Plus de détails dans la vidéo.
La retranscription complète de l'émission avec Bastien Massias :
Bonjour à tous, bienvenue dans votre émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui on va parler d'un sujet original, celui de la petite transhumance qui se déroulera dans la métropole de Lyon du 4 au 8 octobre. Les moutons, les bergers et les habitants sont conviés à cet événement. C'est un événement organisé par la Bergerie Urbaine et nous recevons Bastien Massias qui est berger urbain. Bonjour Bastien Massias. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que vous pouvez déjà nous dire ce que c'est qu'une transhumance ? Peut-être que tout le monde ne connaît pas la définition.
Oui, tout à fait. Une transhumance, c'est une pratique millénaire qui consiste à déplacer des troupeaux d'élevage des zones de plaine jusqu'aux zones de montagne où il y a plus de fourrage, plus d'alimentation pour les animaux, notamment dans les périodes d'été où la sécheresse va faire griller l'herbe dans les plaines. Donc on monte en montagne pour nourrir les animaux.
Et alors là, dans la métropole de Lyon, quand on dit la petite transhumance, vous n'allez pas en montagne, j'imagine. Est-ce que vous pouvez nous expliquer le concept de cet événement qui se déroule la semaine du 4-8 octobre ?
On va appeler ça transhumance parce qu'on va garder ce principe-là de déplacer les animaux pour aller les alimenter sur des espaces naturels. Mais en l'occurrence, on appelle ça la petite transhumance du Grand Lyon parce qu'effectivement, on reste sur la métropole de Lyon. Et du coup, on a conçu un itinéraire de 42 km sur 5 jours et 4 nuits où on va aller de parc en parc, de ferme en ferme, pour à la fois nourrir les animaux, mais aussi rencontrer les habitants, sensibiliser aux enjeux agricoles, et puis essayer de donner un imaginaire d'une ville qui puisse être un petit peu plus nourricière, un petit peu plus vivante, pour répondre aux enjeux écologiques de la ville d'aujourd'hui.
Alors il y aura combien de moutons à peu près pour la petite transhumance ?
Alors là, il y aura un troupeau d'une vingtaine de moutons qui nous suivra du coup sur 5 jours et 4 nuits, avec une quarantaine de participants humains cette fois.
C'est pour tout le monde, les familles peuvent venir, j'imagine vous rencontrer, il y a des animations, il se passe des choses, c'est pas simplement une marche, je crois, pouvez-vous nous en dire un mot ?
Tout à fait. Alors déjà, c'est possible de s'inscrire pour les journées de transhumance, donc du mercredi au dimanche, le 4 ou 8 octobre, et également les soirs, pour ponctuer ces journées de déplacement des animaux, on organise des marchés de producteurs, des animations, des rencontres auprès des moutons, voilà, différentes animations en lien avec des acteurs du territoire, sachant que les différentes soirées vont se passer à chaque fois sur un lieu différent, donc où on peut faire connaître différentes initiatives, différents lieux.
Le point de départ, c'est où ? Et le point d'arrivée ? On va pas tous les faire, il y a plusieurs étapes que vous pouvez retrouver sur le site La Bergerie Urbaine. Chaque jour est décrit, avec une inscription, effectivement. Juste le point de départ, le point d'arrivée ?
Alors, le point de départ se trouvera au parc de la Tête d'Or, donc un lieu quand même emblématique de ce qu'il peut se faire en espace naturel à Lyon, et ça se terminera à l'île Barbe, en passant pour le coup par le côté nord de Lyon, donc en parcourant les villes de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Miribel, Rillieux-la-Pape, Collonges Au-Mont D'or.
Voilà, 42 kilomètres. On va passer un peu dans une deuxième séquence de cette émission, parler un peu de La Bergerie Urbaine, qui est un projet original, je crois qu'il n'y a pas d'autre projet similaire sur la métropole. Comment est-ce que ça marche ? Vous élevez des moutons, et vous les faites pâturer, on dit comme ça, en milieu urbain, et est-ce que vous, c'est votre quotidien ?
Oui, c'est ça, tout à fait. Alors moi je suis salarié de l'association, on est deux salariés. Alors juste pour recontextualiser, il existe d'autres initiatives, pas sur la métropole de Lyon, mais notamment en région parisienne, et à d'autres endroits de France, notamment une association qui existe depuis 2012, dont on s'est pas mal inspiré. Mais effectivement sur la métropole de Lyon, on est les seuls à pratiquer cette forme d'agriculture urbaine avec des animaux. Du coup, notre objectif, ça va être d'essayer d'adapter ce modèle d'agriculture aux contraintes de la ville, et notamment au morcellement des espaces naturels. Donc effectivement, on va faire pâturer nos animaux en proposant notamment des services d'entretien de terrain. Donc on va faire pâturer sur des espaces communaux, des foyers sociaux, des campus, des espaces comme ça. Et on va également déplacer le troupeau, comme on peut le faire pour la petite transhumance du Grand Lyon, mais sur des sorties plus ponctuelles, dans le but d'alimenter le troupeau justement sur les espaces naturels de la ville. Parce que contrairement à ce qu'on peut penser, il y a énormément d'espaces naturels sur lesquels on peut faire de l'agriculture. Alors on connaît plus les jardins partagés, les espaces végétalisés, mais c'est aussi possible de déplacer des animaux sur les parcs, les squares, les pieds d'immeubles, beaucoup, les friches. Et ça va avoir du coup un intérêt agricole, mais aussi un intérêt biodiversitaire. Parce que les animaux, en se déplaçant, vont disséminer des graines et donc propager certaines essences végétales, vont laisser des excréments qui sont des trésors de biodiversité, vont attirer les insectes coprophages, qui vont eux-mêmes attirer les oiseaux, qui vont créer des cercles vertueux. Et donc voilà, notre but c'est d'adapter ce modèle d'élevage à la ville. Et bien sûr, en étant aussi vachement relié aux habitants, parce que de fait, en étant dans une population comme Lyon…
Il y a un lien avec le social aussi, où vous faites des actions, vous le disiez, dans des foyers de jeunes. C'est quelque chose qui est important, j'ai l'impression, aussi, pour la bergerie urbaine ?
Oui, tout à fait. Il y a une forte dimension sociale qui est liée à l'agriculture urbaine. Souvent dans l'agriculture urbaine, on ne va pas se concentrer uniquement sur les productions alimentaires, même si c'est une chose fondamentale, mais on va aussi essayer d'être relié au territoire, comme je le disais au début, pour sensibiliser, rencontrer les habitants, favoriser le lien social, le bien-être en ville aussi. Et donc d'une part, on va pâturer et entretenir des espaces qui sont liés à des structures du territoire, qui peuvent être sociales ou non, mais qui peuvent l'être en tout cas. Et on va aussi déplacer les animaux en cœur de ville, sur les espaces naturels, où là, on va rencontrer énormément de publics, un très large public. Et dans ce public, il peut y avoir évidemment des structures sociales, des écoles, des personnes âgées, des personnes handicapées. C'est très large, c'est très populaire.
On arrive vers la fin de l'émission, en deux mots, parce que c'est vraiment la fin. C'est pas trop agressif pour les animaux aussi, la ville ? On parle transport, pollution, même l'herbe en milieu urbain, elle n'est pas trop polluée ?
Effectivement, c'est une question qui revient souvent, mais nous, on s'attarde à bien sûr les faire pâturer sur des endroits qui soient sains, généralement les parcs, les pieds d'immeubles. Et en plus, tout est une question d'habitude, les animaux sont extrêmement habitués au stimuli urbain, ils connaissent désormais un vélo qui passe, le bruit du bus. Ils ne réagissent pas forcément négativement, ils sont accoutumés. Ils sont extrêmement bien adaptés à la ville, et si vous voulez voir à quel point ils sont détendus, n'hésitez pas à nous rejoindre sur la petite transhumance du Grand Lyon du 4 au 8 octobre.
Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Mathias, d'être venu sur notre plateau. Je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur lyoncapitale.fr. À très bientôt.
Un si long discours.. "On devrait construire les villes à la campagne, car l'air y est plus pur". Alphonse Allais !