Photo d’illustration

la piscine du Rhône voit son avenir en bleu

Pleine d'ambition à son égard, la municipalité va la rendre accessible toute l'année, grâce à un bassin chauffé.

Il est difficile d'en faire une description flatteuse. Le carrelage craquelle, les peintures cloquent, les vestiaires mal insonorisés, mal chauffés, sont coiffés de néons et de gros tuyaux, ses plages sont seulement habillées de béton sans l'ombre d'un arbre. Même son bar qui surplombe le Rhône n'est plus qu'un local hébergeant les distributeurs de sodas. Ça pourrait être une vieille usine : c'est pourtant une piscine. Rongé par l'abandon, le centre nautique du Rhône attire néanmoins toujours les Lyonnais qui lui vouent une ferveur jamais démentie : en 2007, il a totalisé 71 877 entrées en moins de trois mois, soit davantage que certains complexes ouverts toute l'année (voir chiffres ci-contre). Il est vrai que le centre a un charme suranné : ses beaux volumes invitent à l'aisance. Et le site, belvédère sur le Rhône et la Presqu'Ile, est exceptionnel.

Menacée de destruction
A son inauguration en 1965, cette piscine est le symbole du futurisme et de la pratique sportive en plein boum. Dessinée par l'architecte Audouze-Tabourin, elle s'impose par ses dimensions gigantesques : ses deux bassins XXL (50x21 mètres et 68x24 mètres) et surtout ses quatre lampadaires graciles de 30 mètres. Sorte de phares fluviaux signant l'entrée dans le cœur de ville, ils supportent des anneaux contenant 73 projecteurs qui doivent permettre l'ouverture de la piscine jusqu'à minuit - l'idée est rapidement abandonnée. C'est un monument caractéristique de l'architecture-béton qui porte, comme l'échangeur de Perrache, la signature du moderniste maire Louis Pradel. Ses lignes exprime une force, une robustesse, qualités associées à la nage.

Aujourd'hui décati, le centre nautique a fait l'objet de plusieurs études : Renzo Piano, l'architecte de la Cité internationale, suggérait de le végétaliser car " tout est stérile, nu, trop minéral ". Sa destruction a également été évoquée à plusieurs reprises - encore récemment lors de la piétonisation des berges. Mais sa très forte fréquentation estivale lui a épargné une fin tragique.

Nage et patinage en hiver
Sauvée des eaux, la piscine est en plein rebond, promise à un avenir radieux. Soucieuse de maximiser les recettes concentrées sur les trois mois d'été, la municipalité a décidé de la rendre accessible en toute saison à partir de 2010. L'eau du bassin olympique sera chauffée, pour partie par des panneaux photovoltaïques posés en toiture. Et une patinoire amovible, placée sur la partie nord du site, fonctionnera en hiver.

Ugo Del Sarto

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