Le rapport annuel de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse fait état d’une amélioration de la qualité des rivières depuis 1990. Pollution aux pesticides, atteintes morphologiques et prélèvements, plusieurs points négatifs viennent néanmoins nuancer ce bilan global.
"La moitié des cours d’eau du bassin Rhône-Méditerranée sont en bon état." Les conclusions du rapport annuel de l'agence de l'eau ont tendance à présenter le verre à moitié plein. Reste que si 52% des cours d'eau de la région seulement sont en bon état général (voir carte ci-contre), en termes d'évolution, l'amélioration de la situation des cours d'eau de la région, désormais scrutée de près, n'est pas contestable.
Cette vigilance, justement, l'agence de l'eau la sait fondamentale devant les combats qu'il lui reste à mener pour poursuivre sur la lancée de deux décennies d'embellie. D'autant que des points négatifs et des disparités géographiques viennent ternir cette progression globale encourageante.
Des traitements efficaces contre les polluants chimiques
La qualité de l'eau "s'améliore surtout sur les paramètres chimiques classiques", expliquait Laurent Roy, le directeur de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, sur France 3 ce jeudi. Autrement dit, la pollution urbaine liée aux activités domestiques et industrielles est aujourd'hui traitée avec efficience par les stations d'épuration. Et cela "dans la grande majorité des cas", selon Laurent Roy. 80% des cours d'eau du bassin seraient ainsi en bon état d'un point de vue chimique.
En sous-sol, là aussi, la pollution des nappes est relativement faible. 82% sont en bon état sur le bassin Rhône-Méditerranée, selon l'agence de l'eau, qui juge la situation globalement satisfaisante. Mais ce bilan est aussi très bigarré géographiquement, les souterrains des zones de forte activité humaine se révélant de qualité bien plus discutable, voire médiocre. C'est le cas autour de l'agglomération lyonnaise.
Des pesticides toujours plus présents
Cette pollution chimique a beau être globalement endiguée, la présence de pesticides dans les rivières de la région n'en demeure pas moins problématique. D'autant qu'ils sont nombreux : 150 produits différents, selon l'agence de l'eau. Leur usage ne diminue pas dans l'agriculture. A l'inverse, les commandes continuent d'augmenter. Un constat qui vaut à l'échelle nationale.
Les alternatives demeurent marginales, en dépit d'une vague de conversion à l'agriculture biologique. Laurent Roy prône l'accompagnement des agriculteurs dans ce processus et prend l'exemple de la viticulture bio, en progression ces dernières années (8% du vignoble français). Le directeur de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse appelle par ailleurs à ne pas relâcher la vigilance sur les PCB, ces polluants persistants contre l'émission desquels des dispositions fortes ont été prises.
La morphologie des rivières, un enjeu fondamental
Si l'état chimique des cours d'eau est un indicateur évident de leur santé, leur morphologie joue aussi un rôle important sur les écosystèmes. Leur cloisonnement, par des digues et des barrages par exemple, perturbe potentiellement le transport de sédiments, mettant en péril l'équilibre de la faune et de la flore.
“Une rivière, ce n’est pas un tuyau”, lâche Laurent Roy. Et les modifications de la morphologie des cours d'eau les fragilisent. "Or, les rivières de la région sont encore trop souvent artificialisées, endiguées, bétonnées parfois", note-t-il. Avec pour effet des débordements plus violents.