Une publicité polémique, parue dans la Tribune de Genève, stigmatise la jeunesse venue d'Annemasse. L'UDC, parti de droite helvète, entend faire échouer le projet d'une ligne ferroviaire entre la France et la métropole suisse.
"Racaille", un mot qui décidément fait mouche dans les campagnes électorales. Le terme, utilisé par Nicolas Sarkozy sur la dalle d'Argenteuil en 2005, lui avait collé aux basques comme un vieux chewing-gum sous une semelle de chaussure. Cette fois, c'est un encart du parti politique de droite, l'UDC, paru lundi dans la Tribune de Genève qui met le feu aux poudres. "Le CEVA ? Un nouveau moyen de transport pour la racaille d'Annemasse ! Expulsons les criminels étrangers ! Ne leur offrons pas encore un accès à Genève. Votons UDC".
A quelques jours de l'élection du "Grand Conseil de Genève", le parti joue sur la peur de l'étranger venu de France et souhaite explicitement faire capoter le CEVA, future liaison de transport collectif entre Annemasse et Genève. Cette ligne de 16 km devrait constituer l'épine dorsale du futur RER franco-suisse, dans un bassin transfrontalier qui comprendra un million d'habitants en 2020. Le parti est coutumier des dérapages verbaux, qui avait stigmatisé les "Pacsés inféconds" made in France. Depuis ce nouveau coup d'éclat, c'est une large partie de la classe politique suisse qui prend ses distances avec lui. Et une manifestation doit avoir lieu demain à 18 heures à Genève, à l'appel de plusieurs associations dont SOS-Racisme.
"Propos racistes"
L'indignation a bien entendu franchi la frontière. Le maire d'Annemasse, Christian Dupessey dénonce des "propos racistes inacceptables". "Les Annemassiens sont directement attaqués dans leur honneur et leur vie quotidienne", tempête l'édile qui envisage de porter plainte pour diffamation et insultes racistes.
Le quotidien helvète qui a choisi de laisser paraître la publicité a également réagi. Dans un éditorial, le rédacteur en chef de la Tribune de Genève s'explique . "Oui, la publicité de l'UDC est choquante. Une publicité parfaitement en ligne avec la communication provocatrice d'un parti qui en permanence flirte avec les limites du tolérable pour mieux se vendre (...) Devions-nous Tribune de Genève refuser de faire paraître cette annonce?", s'interroge l'éditorialiste.
Il répond par la négative, invoquant la liberté d'expression. "Ce n'est pas à la presse de censurer les candidats mais bien aux citoyens de les sanctionner en les éliminant dans l'isoloir ce dimanche s'ils ne se reconnaissent pas dans le programme du parti".
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