Frédéric Volle, secrétaire général du syndicat des instituteurs SNUDI_FO

La refondation de l'école et l'organisation des JO font-ils bon ménage ?

Le nouveau "super ministère" de l'Education nationale, des sports et des JO et paralympiques fait couler beaucoup d'encre et de salive.

"Les paquets d'heures pas sérieusement remplacées, on en a eu marre" de la nouvelle ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, le 12 janvier dernier, restent en travers de la gorge d'une grande partie de la communauté éducative et des syndicats.

Invité sur le plateau de "6 minutes chrono", Frédéric Volle, secrétaire général du syndicat des instituteurs, le SNUDI FO, n'en pense pas moins. "Les propos de la ministre sont totalement scandaleux. Elle dénigre l'école publique où elle avait mis, à l'origine ses enfants."

"Blanquer, Ndiaye et Attal ont supprimé 10 500 postes dans l'Education nationale"

Et d'avancer la responsabilité de la situation de remplacement des professeurs absents dans l'école publique aux prédécesseurs de l’actuelleinistre : "qui en est responsable ? M. Blanquer a supprimé 7 900 postes dans les collèges et lycées pendant 5 ans. M. Ndiaye a supprimé 2000 postes et M. Attal, avant de partir, a supprimé 650 postes dans les écoles primaires de ce pays. Donc, si aujourd'hui il y a des responsables au manque de remplacement, ce sont bien les prédécesseurs de Mme Oudéa-Castéra qui ont supprimé des postes."

Aussi émoussée sur la création de de nouveau "super ministère" de l'Education nationale, des sports et des JO et paralympiques ;, Frédéric Volle fait part de sa crainte d'une dilution des sujets éducation. "Ce n'est pas acceptable. C'est une crainte que Madame Oudéa-Castéra consacre la majeure partie de son emploi du temps aux JO et, ma foi, consacre une partie mineure de son temps à l'école publique."


Retranscription intégrale de l'entretien avec Frédéric Volle

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Frédéric Volle. Bonjour.

Bonjour, merci de votre invitation.

Vous êtes secrétaire général du syndicat des instituteurs le SNUDI- FO. Alors le nouveau premier ministre Gabriel Attal a présenté ces derniers jours son gouvernement. Parmi les surprises, un "super ministère" Education, sports, J.O. et paralympique, qui a vu le jour avec, à sa tête, la ministre des Sports sortante Amélie Oudéa-Castéra. Avant d'aborder la légitimité de ce "super ministère", peut-être une question d'actu, à savoir la sortie, dont on parle beaucoup, qui fait polémique, de la ministre actuelle sur le fait qu'elle avait mis ses enfants dans le privé parce que je cite il y avait un "paquet d'heures qui n'avaient pas été remplacées.

Les propos de la ministre sont totalement scandaleux. D'une part, elle dénigre l'école publique où elle avait mis, à l'origine ses enfants. Et, d'autre part, s'il y a des problèmes de remplacement dans l'école publique, qui en est responsable ? M. Blanquer a supprimé 7 900 postes dans les collèges et lycées pendant 5 ans. M. Ndiaye a supprimé 2000 postes et M. Attal, avant de partir, a supprimé 650 postes dans les écoles primaires de ce pays. Donc, si aujourd'hui il y a des responsables au manque de remplacement, ce sont bien les prédécesseurs de Mme Oudéa-Castéra qui ont supprimé des postes. Donc les déclarations de la ministre ne sont pas acceptables. Il faut des postes dans l'éducation nationale, dans les écoles, pour les remplacements, notamment pour les élèves en situation de handicap.

Est-ce que vous êtes, comme certains, à en appeler à la démission pure et dure de la nouvelle ministre ?

La discussion n'est pas là. Ce qu'on demande à la ministre, aujourd'hui, c'est de répondre aux revendications des enseignants. Premièrement, de rétablir les postes supprimés pour que, justement, les enseignants soient remplacés. Et deuxièmement, pour créer des postes dans les établissements spécialisés pour accueillir tous les élèves en situation de handicap qui en ont besoin.

C'est un vrai sujet

Oui, et de ce point de vue-là, nous appelons à la grève et à une manifestation au ministère, jeudi 25 janvier, pour qu'on arrête les économies sur le dos des élèves en situation de handicap, pour qu'on crée tous les postes dans les établissements spécialisés afin que ces élèves puissent bénéficier de conditions d'apprentissage adaptées à leurs difficultés et pour qu'on crée un vrai statut et un vrai salaire pour les AESH, les accompagnants d'élèves en situation de handicap, qui sont aujourd'hui dans la plus grande précarité. Nous sommes, d'ores et déjà, de toute la Franc,e des milliers d'enseignants d'AESH inscrits pour participer à cette manifestation nationale sous les fenêtres de la ministre.

C'est déjà un premier message que vous envoyez sur effectivement les élèves qui souffrent d'un handicap. On en revient sur ce "super ministère" Education nationale, sports JO et paralympique. L'organisation des JO à Paris et la refondation de l'école sont deux sujets ultra sensibles . Est-ce que, comme la plupart de vos collègues syndiqués, vous pensez que ça va être un ministre à mi-temps ?

Écoutez, oui. Quand on a vu la nomination du gouvernement, on a été saisi d'inquiétude qu'on le veuille ou non. Les Jeux Olympiques sont présentés comme une échéance majeure pour le pays par le président, par le gouvernement.

Et, en même temps, Gabriel Attal faisait de l'éducation sa priorité.

Absolument. Donc, il nous semblait qu'un ministère pour se consacrer aux JO c'était déjà pas mal de boulot. Là, on va voir la ministre qui était déjà responsable des JO qui, en plus, va faire un peu d'éducation nationale. Au vu des problématiques qui sont posées aux enseignants, comme aux élèves, il nous semble que ce n'est pas acceptable.

Les JO et la refondation de l'école sont deux sujets, pour vous, qui ne peuvent pas être menés de front en même temps ?

Non. Je vois les collègues enseignants qui essayent de mettre en œuvre les apprentissages dans des conditions difficiles. Aujourd'hui, la problématique des enseignants ce n'est pas les Jeux Olympiques. C'est pouvoir enseigner à leurs élèves dans les meilleures conditions. C'est pour ça qu'on ne comprend pas ce double ministère.

Craignez-vous qu'il y ait une dilution des sujets éducation dans ce nouveau ministère, ce "super ministère" ?

Oui, c'est une crainte. C'est une crainte que Madame Oudéa-Castéra consacre la majeure partie de son emploi du temps aux JO et, ma foi, consacre une partie mineure de son temps à l'école publique. Nous la rencontrons dans quelques jours. Nous la rencontrons le jour de la grève du 25 janvier, puisque nous lui avons demandé rendez-vous ce jour-là. Et nous allons bien évidemment essayer d'avoir des garanties ce jour-là.

Selon le dernier rapport PISA, qui date de quelques semaines, la France connaît une baisse historique - à remettre dans un contexte de baisse générale des performances au niveau international- du niveau des élèves âgés de 15 ans en mathématiques. Gabriel Attal, aussi, faisait état, quand il était ministre de l'Éducation nationale, que le niveau de quatrième stagnait voire régressait. Est-ce que ça veut dire que le collège ne parvient plus à réduire les écarts qu'on connaissait à l'entrée en sixième ?

Nos collègues sont confrontés aux plus grandes difficultés, mais encore une fois elles ne viennent pas de nulle part. Monsieur Attal, notre ex-ministre, s'inquiétait avec les enquêtes PISA du niveau des élèves. Encore une fois, ce que je vous disais tout à l'heure reste vrai : Monsieur Blanquer a supprimé 7 900 postes dans les collèges et lycées. Monsieur Attal avant de devenir premier ministre s'en va lui aussi en supprimant des centaines de postes. Donc on n'a pas de solution miracle. La première des choses, pour que les élèves puissent poursuivre leur apprentissage dans les meilleures conditions, c'est de créer des postes pour réduire les effectifs, pour assurer le remplacement des enseignants absents ce qui fera plaisir à Madame Oudéa-Castéra, et pour assurer les élèves en situation de handicap des meilleures conditions d'apprentissage.

En tout cas rendez-vous est pris le 25 janvier pour cette grève que vous avez annoncée sur ce plateau. Merci beaucoup d'être venu sur ce plateau. A très bientôt, merci, au revoir.

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