Sans véritable raison d’être depuis plus de 20 ans, la Galerie des Terreaux, qui borde le côté ouest de la place du 1er arrondissement de Lyon, pourrait voir son avenir s’éclairer lors des prochaines années. La municipalité souhaite rouvrir l’édifice aux Lyonnais en y installant une "cité des artisans réparateurs", sans calendrier pour le moment.
Ouverte en de rares occasions au fil des ans, pour Quais du Polar, le Lyon BD Festival ou encore le festival de cinéma Sens Interdits, la Galerie des Terreaux sonne bien creuse depuis la fin de son exploitation dans les années 1990. Située face à l’Hôtel de Ville de Lyon, avec une vue imprenable sur le Palais Saint-Pierre, à sa droite, la galerie avait à l’origine été pensée comme un moyen de passer de la place des Terreaux aux quais de Saône, en 1855, avant, plus d’un siècle plus tard, de devenir une galerie marchande dans les années 1980.
Depuis 20 ans, peu de Lyonnais peuvent se targuer d’avoir emprunté le passage bordé de deux colonnes côté Terreaux et d’être ressortis par la rue Lanterne. Aujourd’hui, la voie est fermée par de lourdes grilles, qui pourraient cependant bien être levées de manière pérenne dans les prochaines années. Propriétaire de la majorité de la Galerie des Terreaux, la Ville de Lyon souhaite que la vie reprenne son cours dans ce passage trop longtemps abandonné.
Un vieux serpent de mer
L’ambition de la municipalité écologiste n’est pas nouvelle et ce n’est d’ailleurs pas la première majorité à s’y intéresser, la réouverture de la Galerie des terreaux relevant depuis longtemps de l'Arlésienne à Lyon. À l'approche des dernières municipales nous avions recensé les projets portés par les différents candidats, tous ou presque ayant une idée en tête.
Georges Képénékian, qui fut maire de Lyon et adjoint à la culture de 2008 à 2017, voulait en faire un lieu tourné vers l’architecture, “un art qui convoque les autres pratiques culturelles, qui fait chanter la ville”. La liste de la majorité sortante, portée par Yann Cucherat, envisageait, elle, d’en faire un espace d’exposition réservé à des artistes émergents, qui auraient eu carte blanche pour créer en résonance avec les grandes manifestations culturelles que peuvent être les biennales ou les grandes expositions. Étienne Blanc entendait quant à lui faire de la galerie une annexe, gratuite, des différentes collections des musées lyonnais.
Rendre la galerie "traversante à nouveau"
Vainqueur du scrutin en 2020, Grégory Doucet et son adjoint au Patrimoine, Sylvain Godinot, tiennent, eux, leur projet et ses "études préalables sont claires et montrent que c’est faisable", assure l’élu. Moins tournée vers la culture, l’idée des écologiste serait de rendre la galerie "traversante à nouveau" et d’y implanter "une cité des artisans réparateurs en y installant des acteurs autour de l’économie sociale et solidaire et de la prolongation de la durée de vie des objets", explique Sylvain Godinot.
"On voudrait la rouvrir et la rendre traversante à nouveau en y installant des acteurs autour de l’économie sociale et solidaire et de la prolongation de la durée de vie des objets", Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon en charge du Patrimoine
Un projet ambitieux qui s’inscrit dans la volonté de la Ville de réhabiliter et redonner vie à plusieurs sites emblématiques de son patrimoine vacant, dont cette galerie de près de 1 500 m2 en plein coeur de Lyon. Certains lieux comme la salle Rameau connaissent déjà leur futur usage, d’autres comme le Musée Guimet seront exploités temporairement ou font actuellement l’objet d’appels à projets à l’instar du Chalet du Parc de la Tête d’Or et prochainement de la Tour du CIRC dans le 8e arrondissement.
Encore beaucoup d'inconnues
Désireuse d’aller vite sur ces gros projets, très coûteux et qui présentent des risques patrimoniaux et économiques, la mairie centrale est néanmoins consciente que certains "peuvent échouer" et qu’il est "très peu probable que tous voient le jour". Tout du moins, sous ce mandat, en raison du temps nécessaire pour sélectionner les candidats, mener les études de maîtrise d’oeuvre et de réalisation des travaux. "À l’échelle d’une durée de mandat politique les bâtiments ça ne va jamais vite", ironisait d’ailleurs Sylvain Godinot début avril lors du lancement de l’appel d’offres sur l’avenir du Chalet du Parc.
"On a probablement des travaux de conservation à faire, donc on verra si on doit les faire ou si un preneur les fait", Sylvain Godinot, adjoint au maire de Lyon en charge du Patrimoine
Concernant la Galerie des Terreaux, l’adjoint au patrimoine précise que la Ville en est encore "aux études préalables". Celles-ci permettront notamment de décider qui, du futur preneur ou de la Ville, se chargera des travaux de conservation, probables, du bâtiment, qui sont estimés à "quelques millions d’euros, le quelque étant à préciser en fonction de ce que l’on veut y faire", souligne Sylvain Godinot.
Un projet ambitieux dont le calendrier et le coût ne sont donc pas encore connus et qui sera notamment soumis à l’acceptation des architectes des bâtiments de France, un passage délicat. D’ici à voir les Lyonnais déambuler de nouveau dans l’ancienne galerie marchande il pourrait donc s’écouler encore quelques années, voire un mandat.
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POUR ALLER PLUS LOIN
Sylvain Godinot, adjoint à la Ville de Lyon en charge du patrimoine, était l'invité de 6 minutes chrono ce mardi 12 avril, l'émission quotidienne de Lyon Capitale. Il revient sur le premier tour de la présidentielle et un sujet plus local : le devenir de certains bâtiments publics lyonnais à l’abandon.
On voit le poids de sa charge sur la tête de Sylvain Godinot, adjoint à la Ville de Lyon en charge du patrimoine !
J'espère que la galerie reprendra son style élégant visible sur la façade extérieur, parce que l'intérieur est immonde !