Eric Zemmour, @ Valentine CHAPUIS AFP

La séance de dédicaces d’Éric Zemmour à Villeurbanne interdite par le maire

Ce mercredi 22 mars, le maire socialiste de Villeurbanne, Cédric Van-Styvendael, va interdire la venue du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour dans sa ville samedi 25 mars. Une décision prise en raison d‘un risque de trouble à l’ordre public. 

Mise à jour du 24 mars : Vendredi 24 mars, la juge des référés du tribunal administratif de Lyon a suspendu l'arrêté du maire de Villeurbanne qui interdisait réunion de la section de Villeurbanne du parti Reconquête prévue le samedi 25 mars 2023 de 14 heures à 20 heures au sein de la salle des spectacles du centre culturel et de la vie associative (CCVA), à Villeurbanne.

"L’interdiction de la réunion publique est constitutive d’une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale et que compte tenu de l’imminence de la réunion, il y a lieu de faire droit à la demande de l’association Reconquête et de suspendre l’arrêté du maire de la commune de Villeurbanne du 22 mars 2023."

Lire : Interdiction de réunion d'Eric Zemmour : le tribunal administratif de Lyon donne tort au maire de Villeurbanne

L’annonce il y a quelques jours de la venue du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour à Villeurbanne samedi 25 mars n’est pas au goût de tous. Largement dénoncé à gauche par la CGT et les Jeunes socialistes du Rhône ou encore la Jeune garde antifasciste de Lyon, le déplacement de l’ancien candidat à l’élection présidentielle inquiète également du côté de la mairie de Villeurbanne.

"Eric Zemmour est un prêcheur de haine ; nous sommes des artisans de la concorde"

Cédric Van-Styvendael, maire PS de Villeurbanne

Ce mercredi Cédric Van-Styvendael, le maire socialiste de la vingtième ville de France, a finalement décidé d’interdire la séance de dédicace d’Eric Zemmour, qui devait se dérouler au Centre culturel et de la vie associative (CCVA). L’élu a signé un arrêté municipal en ce sens cet après-midi, en raison du risque potentiel de troubles à l’ordre public de l'événement, précise-t-on du côté des services de la mairie.

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Risque de troubles à l'ordre public

Dans un communiqué, l’élu explique que "de nombreux échanges sur les réseaux sociaux attestent d’une situation qui pourrait potentiellement entrainer des heurts. Je constate que cet événement n’est pas en mesure de se dérouler sans risquer de créer des troubles à l’ordre public mettant en danger la sécurité des personnes. Dans ces conditions, il serait irresponsable de maintenir cette manifestation". 

"Considérant que les conditions de sécurité des personnes et des biens n’étaient pas réunis [...] j’ai donc pris un arrêté d’interdiction de l’événement organisé par Reconquête !"

Cédric Van-Styvendael, maire PS de Villeurbanne

Lundi, la municipalité nous avait expliqué que la salle du CCVA avait été réservée à cette date-là par le référent local, Pierre Porta, du parti Reconquête afin d‘accueillir "une réunion pour une centaine de personnes". Conformément à l’article L.2144-3 du Code général des collectivités territoriales, la Ville avait alors donné "son autorisation pour la tenue de cette réunion dès lors que la salle était disponible". Cet article prévoit en effet qu’une collectivité ne peut notifier son refus qu’au titre d’un ou plusieurs des motifs suivants : "un trouble à l’ordre public, les nécessités tirées de l’administration des propriétés communales et le fonctionnement des services". 

La situation semble avoir évolué ce mercredi alors que le porte-parole de la Jeune garde antifasciste de Lyon, Raphael Arnault, a notamment appelé à la tenue d’un "rassemblement antiraciste" devant le CCVA samedi. "Nous ne pouvons laisser ces discours haineux et laisser venir ces milices fascistes dans nos quartiers en toute impunité", explique-t-il sur Twitter. Ces dernières heures, la CGT de Villeurbanne avait également appelé le maire à prendre un arrêté en ce sens, alors que le fondateur du parti Reconquête a déjà été condamné pour incitations à la violence, injures racistes "au moins à 4 reprises, dont la dernière date du 12 janvier dernier".

Un recours juridique de Reconquête ! ?

Dans un communiqué publié ce mercredi matin, Xavier Fourboul, le délégué départemental de Reconquête dans le Rhône avait demandé, en vain, à la "municipalité de Villeurbanne de ne pas céder à ces pressions", tout en appelant la préfecture à "utiliser les moyens légaux pour garantir le bon déroulement de cet événement démocratique et militant". Cette même Préfecture qui nous avait expliqué en début de semaine suivre de près ce rendez-vous en raison des éventuels troubles à l'ordre public qu'il pourrait générer.

Reste désormais à savoir quelle sera la réaction du parti d’extrême droite face à l’arrêté que Cédric Van-Styvendael a signé en début d'après-midi. Celui-ci pourrait notamment faire l’objet d’une contestation devant un juge, ce dont a bien conscience l’élu, qui confiait d’ailleurs au Progrès "je ne suis pas particulièrement serein, car la jurisprudence est plutôt défavorable si jamais cet arrêté était contesté devant un juge".

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