Le 3e plan lumière voté ce jeudi 11 mai par le conseil municipal de Lyon a reçu un rare consensus de la part de l’opposition, bien aidé par la continuité affichée avec les précédentes majorité et sa sobriété.
D’aucuns auraient pu penser que l’accession au pouvoir d’une majorité écologiste entraînerait une révolution de la mise en lumière de la Capitale des Gaules pour réduire "l’impact de la pollution lumineuse sur la santé humaine et la biodiversité". Trois ans plus tard, force est de constater que de révolution il n’y aura pas.
Lire aussi : Enquête. Un plan Lumière en demi-teinte à Lyon
Une continuité saluée par l'opposition
Malgré la recherche d’une certaine sobriété pour répondre aux enjeux de santé évoqués précédemment et aux contraires imposés par la crise énergétique, l’exécutif a plutôt fait le choix de la continuité instaurée par la signature du 1er plan lumière en 1989 sous la mandature de Michel Noir. C’est d’ailleurs pour cela que le travail porté depuis le début du mandat par Sylvain Godinot a recueilli un consensus unanime, fait très rare ces derniers temps au sein de l’hémicycle du conseil municipal.
"Allier sobriété énergétique, respect du vivant, appropriation citoyenne, gouvernante plus affirmée sur la lumière privée et affirmation de la dimension poétique et patrimoniale du plan lumière"
Sylvain Godinot, adjoint au patrimoine
Ce que n’a pas manqué de relever Yann Cucherat, le président du groupe Pour Lyon : "Vous inscrire dans la continuité avec vos prédécesseurs est un acte presque révolutionnaire dans les préceptes de votre majorité, il était donc important pour nous de ne pas le passer sous silence". Idem sur les bancs de la droite, où Denis Broliquier a salué la "poursuite" d’une politique "qui contribue à la beauté, à l’attractivité, à l’image de notre ville. Merci, Monsieur le Maire, de contribuer à rendre ainsi les Lyonnais fiers de leur ville. Il est vrai que les motifs de fierté sont peu nombreux pour eux en ce moment…".
Pas de débat sur la sécurité
Même la question de la sécurité inhérente à l’éclairage fonctionnel des rues la nuit n’a pas suscité de débat, comme cela avait pu être le cas à l’automne lorsque la Ville avait fait le choix d’éteindre les rues au cœur de la nuit par mesure de sobriété. Ce qu’a d’ailleurs rappelé Denis Broliquier lors de son intervention : "lorsque vous avez mis en place une expérimentation de réduction de l’éclairage public, certains n’ont pas compris que vous puissiez ainsi jouer avec la sécurité des Lyonnais et avec la mise en valeur de notre cadre de vie". L’abandon de cette mesure expérimentée pendant plusieurs mois est donc loin d'être étrangère à l’absence de contestation de l’opposition sur ce dossier, adopté à l’unanimité du conseil.
"Lorsque vous avez mis en place une expérimentation de réduction de l’éclairage public, certains n’ont pas compris que vous puissiez ainsi jouer avec la sécurité des Lyonnais"
Denis Broliquier, élu du groupe Droite centre et indépendants
Cet abandon chaudement salué par l’opposition pourrait toutefois revenir à l’agenda de la municipalité à l’avenir comme l’a laissé entendre Sylvain Godinot : "nous ne sommes pas revenus en arrière sur l’extinction de l’éclairage public, nous avons fait un pas de côté le temps de moderniser nos systèmes. Il nous faudra continuer à oser innover, c’est pour cela que l’enjeu de citoyenneté est important parce que pour prendre des risques et être compris il faut que la population accepte ces innovations".
Cohérence entre privé et public
Concrètement, ce 3e plan lumière dont nous vous avions proposé une analyse approfondie en avril 2022 comportera un volet important consacré à la rénovation "des mises en lumière existantes". Celles-ci s’attachent à mettre en lumière "des sites remarquables, nos monuments historiques et emblématiques, des places et ponts au nombre de 370", souligne Sylvain Godinot. Leur nombre ne devrait d’ailleurs pas augmenter, car à entendre l’adjoint au patrimoine "un plateau a été atteint".
La "deuxième jambe", celle qui n’a pas finalement donné lieu à débat, est beaucoup plus fonctionnelle et consiste notamment à éclairer les rues pour assurer une certaine sécurité. Autre axe important de ce 3e plan lumière, le travail avec le secteur privé pour aboutir à une harmonie de l’éclairage urbain et éviter une "cacolumie" alors que "l’éclairage privé représente désormais 50% de la pollution lumineuse du territoire".
Lire aussi : Le 3e plan Lumière de Lyon, enjeux autour de l'éclairage public et privé
Il est toujours bon de rappeler que le maire Michel Noir a initié le plan lumière. Lyon a été la première ville à s’être dotée d’un plan Lumière en 1989. Bien avant la mode de l'écologie urbaine !