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La "vélomobile" jugée pour excès de vitesse

Le "chauffard" du parc de la Tête d'Or a été jugé jeudi 27 janvier. Accusé d'excès de vitesse à bord de son vélo couché, son avocat a plaidé la nullité de la procédure. Le délibéré a été fixé au 31 mars.

Le 30 avril dernier, Pierre Delorme, adepte du voyage en mode doux, est interpellé alors qu'il circule à bord de sa "vélomobile" dans le parc de la Tête d'Or. Ce chemin il l'emprunte quotidiennement, sous le regard intrigué des promeneurs, mais surtout des policiers, très présents dans les environs. Car la "vélomobile" n'est autre qu'un cycle protégé par une carrosserie aérodynamique en carbone, qui lui donne l'aspect d'une fusée à roulettes. Ou d'un bobsleigh. Sur le principe du tricycle couché, le cycliste est assis bas, incliné en arrière, et le pédalier est en avant. Ils ne sont que trois à en posséder un exemplaire à Lyon, ramenés de Hollande.

C'est donc à bord de son engin, à la petite notoriété auprès des riverains, que Pierre se fait courser, un vendredi à 8h15, par deux voitures de la police municipale et une de la police nationale, sur la grande allée du parc de la Tête d'Or. Il se voit rédigé un procès verbal pour "non-respect d'une vitesse compatible avec la sécurité des autres usagers", selon l'article 9 du règlement du parc, qui spécifie que "la vitesse des bicyclettes, rollers et autres engins à roulettes ne doit en aucun cas dépasser les 10 km/h." Et effectivement, ce jour-là, Pierre Delorme affirme qu'il devait rouler à 20 km/h. "Je mets au défi tout cycliste de ne pas dépasser les 10 km/h, sachant qu'un joggeur, lui, court, en moyenne, déjà à 12 km/h", se défend l'informaticien aux trajets journaliers entre Lyon et Villeurbanne. "Un samedi ou un dimanche après-midi, lorsque le parc est noir de monde, je veux bien croire qu'il puisse s'agir d'un comportement dangereux, mais un matin à 8h15, dans un parc désert..."

Une "aberration"

Selon lui, cette condamnation a tout d'injuste, et d'aberrant. Il ne risque que 22 euros d'amende et 35 euros de frais de justice, mais c'est par principe que le cycliste se défend devant la justice. Car l'affaire a pris des proportions inquiétantes. Il est non seulement accusé d'excès de vitesse mais également d'avoir nécessité, au moment du freinage, 5 à 6 mètres pour s'arrêter. "Sauf que le sol était mouillé, et qu'il ne s'agissait absolument pas d'un arrêt d'urgence, puisque je n'imaginais pas que la voiture de police était pour moi".

En plus de remettre en cause la dangerosité du "vélomobile", Pierre Delorme et son avocat ont joué jeudi sur la nullité des poursuites. L'article 9 du règlement du parc parle de bicyclettes et "autres engins à roulettes". Or, l'engin qu'il arbore avec fierté est un tricycle, avec des roues, et non pas des roulettes. Un peu maigre peut-être, mais Me Bruschi a aussi soulevé une anomalie : pour qu'un rapport de police soit légal, il faut que les faits aient été constatés personnellement. Or, le rapport, postérieur au procès verbal, est signé par un autre agent. "Ce faux rapport est donc nul", assure Me Bruschi. "On marche un peu sur la tête : pour un excès de vitesse au parc de la Tête d'Or, trois voitures de police sont sur place un matin. Pour un braquage à 15 heures en plein centre-ville, personne", ironise t-il. Le Procureur a toutefois maintenu, jeudi matin, la validité du procès verbal.

Besoin de cohérence

Pierre n'est pas là pour défendre sa seule cause. C'est le droit des cyclistes en général qu'il veut arriver à faire reconnaître, celui de pouvoir circuler librement. Son véhicule est atypique, il l'assume et ne fait d'ailleurs aucune réclamation personnelle. Mais quitte à jouer la surenchère, autant en profiter pour faire parler des modes doux. Pierre Delorme a pédalé cinq jours pour ramener son "vélomobile" de Hollande. "Nous ne sommes pas des illuminés, et les élus de Ville de Lyon sont d'ailleurs très heureux, lors de cérémonies comme Destination nature, de se faire photographier aux côtés du 'vélomobile', ce qu'il faudrait maintenant c'est arriver à être reconnu dans le paysage", a-t-il déclaré peu avant son passage devant le tribunal jeudi. "Nous ne sommes pas des rebelles, mais la situation est absurde et ne colle pas au discours écologique que tient la mairie de Lyon".

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