L'aéroport Lyon Saint-Exupéry extension T1

La vente de l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry ne fait pas l'unanimité

Depuis l'officialisation de la cession des parts de l’État dans l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry au consortium dirigé par Vinci, seul Gérard Collomb s'est véritablement félicité de l'issue de l'appel d'offres. Les autres réactions sont beaucoup plus partagées.

La vente des parts de l’État dans l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry au consortium mené par Vinci, pour 535 millions d'euros, n'a pas fait que des heureux.

Les premiers à dégainer se sont félicités de cette opération, à l'image de Gérard Collomb, pour qui Vinci, Predica et la Caisse des dépôts sont "des partenaires avec qui nous travaillons depuis longtemps, que ce soit sur les politiques de transports, de logements ou sur des projets aussi fondamentaux pour Lyon que celui de la gare Part-Dieu ou celui de la réhabilitation de l'Hôtel-Dieu".

Même discours du côté de Bercy, qui était en charge de mener les négociations, où l'on note que "le consortium emmené par Vinci Airports, qui dispose d’une expérience aéroportuaire solide, a présenté l’offre la mieux-disante tant du point de vue financier que s’agissant du projet de développement de long-terme". Et d'ajouter : "Les ministres se félicitent du succès de cette opération conduite de manière professionnelle par l'Agence des participations de l’État, qui a associé à chaque étape les actionnaires publics locaux (Chambre de commerce et d'industrie Lyon Métropole, Métropole de Lyon, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Département du Rhône) et la Communauté de communes de l'Est lyonnais."

Etienne Blanc : "On ne peut pas traiter comme ça des collectivités locales"

Ce serait presque oublier que sur les 4 actionnaires cités, 3 ont quitté la table des négociations le 12 juillet dernier, dénonçant une procédure viciée, non conforme au cahier des charges. Et leur position n'a pas changé.

Après un recours hiérarchique introduit la semaine dernière, la région Auvergne-Rhône-Alpes et le département du Rhône déposeront, en début de semaine prochaine, un référé devant le tribunal administratif de Paris pour faire annuler l'appel d'offres.

"On ne peut pas traiter comme ça des collectivités locales", regrette Etienne Blanc, premier vice-président du conseil régional, suivi par Christophe Guilloteau, président du conseil départemental : "Les négociations n'ont pas eu lieu. On s'est affranchi de toutes les règles de marché public pour faire descendre dans l'entonnoir ce qui avait été décidé auparavant. Vinci est à même de gérer l'aéroport, mais la forme ne me plaît pas."

Interrogé dans Le Progrès ce vendredi, Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, a répondu à ces attaques, assurant que "jamais une procédure de ce type n'a autant été faite en concertation avec les collectivités", "associées à toutes les étapes de la procédure", indiquant au passage que le cahier des charges a été respecté.

Mais c'est également le nom de l'entreprise désignée qui fait grincer certaines dents, qui estiment que la participation de Vinci dans le capital d'Aéroports de Paris pourrait être un frein au développement de Lyon-Saint-Exupéry. Etienne Blanc juge ainsi que, "si Vinci se voit conforté, il faudra une discussion de fond avec la région et elles porteront sur l'ampleur que doit prendre cet aéroport. Sur l'international, notre région mérite d'avoir des liaisons intercontinentales, comme Genève."

"Une catastrophe pour le développement économique de la région"

Une inquiétude partagée par Emmanuel Imberton qui, dans Le Progrès, parle de Vinci comme d'un "champion français et un candidat de très grande qualité pour devenir l'actionnaire majoritaire de notre aéroport", mais reconnaît "un point de vigilance" sur un "éventuel conflit d'intérêts qui pourrait se produire dans le futur si Aéroports de Paris était privatisé, si Vinci décidait de répondre à cette privatisation et s'il gagnait".

Plus offensif, le groupe Front national au conseil régional pense que "cet outil stratégique de développement économique de la région Auvergne-Rhône-Alpes échappe désormais définitivement au contrôle de la Région". Un chef d'entreprise, intéressé par la privatisation, est encore plus catégorique : "Vinci étant actionnaire d'ADP, c'est une catastrophe pour le développement économique de la région." Il voit là les raisons même du soutien de Gérard Collomb à cette candidature : "Gérard Collomb n'a jamais voulu qu'il y ait du développement économique car l'aéroport est concurrent de la Part-Dieu et n'est pas sur son territoire. Je suis catastrophé car il tire la Métropole vers le bas."

La signature définitive du contrat de concession devrait intervenir à l'automne, une fois que les recours auront été épuisés et une fois que l'autorité de la concurrence aura vérifié que cette acquisition ne pose pas un problème dans le fonctionnement des différents aéroports français.

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