A Lyon, les trafics de drogue et les violences sont le lot quotidien de la place Mazagran, à la Guillotière

La Ville de Lyon ne "verrouillera" pas la place Mazagran la nuit

Mohamed Chihi, en charge de la sécurité à la Ville de Lyon vient d'adresser un refus catégorique à la fermeture nocturne de la place Mazagran.

La situation de la place Mazagran, au coeur du quartier de la Guillotière, n'en finit pas de faire couler beaucoup d'encre et d'envenimer les relations entre, d'une part, les habitants du quartier et les autorités et, d'autre part, les élus entre eux.

Dernier acte en date, l'échange de courriers, courtois mais ferme, entre le président du groupe d'opposition "Pour Lyon" Yann Cucherat et l'adjoint à la sécurité de la Ville de Lyon Mohamed Chihi.

Le 13 septembre, l'ancien adjoint aux sports de Gérard Collomb adressait un courrier à l'actuel maire de Lyon Grégory Doucet lui demandant la fermeture des lieux "à la tombée de la nuit" . Selon lui, le "tableau dramatique" de la place Mazagran exigeait d'envisager un "projet d'envergure", consistant à transformer la place Mazagran en "parc, nécessairement délimité par des clôtures".

Le 26 septembre, l'adjoint à la sécurité de la Ville de Lyon, Mohamed Chihi, lui répondait, par missive, que "plutôt que de vouloir verrouiller la place la nuit, ils nous semble sage de travailler à mettre au point de vraies solutions d'apaisement".

L'adjoint à la sécurité rejoint, sur ce point, une fois n'est pas coutume, l'esprit de la préfète du Rhône Fabienne Buccio qui, au printemps dernier, sur le plateau de BFM Lyon avait expliqué que tout citoyen devait "pouvoir circuler librement dans notre pays" et que, partant de là, fermer une place ne lui "(semblait) pas être, à première vue, une bonne solution".

Mazagran Lyon
Place Mazagran, au coeur de la Guillotière

Mazagran, un échec collectif

La décision de l'adjoint à la sécurité de Lyon qui semble catégorique (contrairement aux propos moins péremptoires de la préfète) ne risque, en tous cas, de ne pas apaiser les tensions déjà existantes.

Un point chaud avait été atteint lundi 18 septembre. La réunion publique d'information entre l'association Actions Guillotière Autrement (AGA Lyon Guillotière), la Ville de Lyon et la Métropole de Lyon, prévu de longue date, n'avait pas eu lieu. Elle devait notamment se concentrer sur le projet de construction de "l'îlot Mazagran." La Ville et la Métropole avaient justifié leur choix en précisant que "les communications déformées et mensongères des derniers jours" ne permettaient pas le maintien de la réunion et de tenir ses objectifs. de son côté, les riverains avaient dénoncé cette "justification mensongère" de la Métropole et la Ville de. Ambiance.

Cette passe d'armes entre citoyens et élus survenait après la publication d'une enquête de Lyon Capitale sur ce petit bout d’espace public, ce coin passablement arboré, réputé pour être paisible et familial, qui a mal tourné.

Extrait. Au cœur de la Guillotière, Mazagran, une place aux trois quarts grande comme celle des Terreaux, est en passe d’être totalement contrôlée par les dealeurs. "Nous sommes en train de perdre la bataille de la drogue à Mazagran", observe un policier en patrouille régulière sur ce rectangle aux cinq entrées méticuleusement surveillées par des guetteurs. Un constat partagé par bon nombre de riverains de la place qui assistent, désemparés, à la lente dégradation de leur quartier. "Une minorité a pris le pouvoir et impose sa loi et ses trafics", déplorent Julie et Damien, un couple de trentenaires installé depuis six ans dans un appartement avec vue sur la place.

Pour aller plus loin : A Lyon, Mazagran, un échec collectif

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