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Laurent Duc, patron des cafés, restaurants et hôtels : "on a des amateurs et des idéologues à la Ville de Lyon"

Laurent Duc est propriétaire d’un hôtel à Villeurbanne. Il est également à la tête de la branche nationale "Hôtellerie" de l’Umih (Union des métiers des industries de l’hôtellerie), premier syndicat patronal du secteur CHRD (cafés-hôtels-restaurants-discothèques). Ce Lyonnais pur jus, sans langue de bois, nous livre son regard sur la situation actuelle.

Ce Lyonnais pur jus rendra en février son bâton de pèlerin de président de l’Umih du Rhône, après trois mandats successifs. Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ? Laurent Duc : (Sourires) Je pense que j’ai un peu de charisme, oui. Quand on est investi dans un syndicat, qui plus est patronal, avoir le verbe haut est-il une option ou une exigence ? Il y a plusieurs méthodes qu’on utilise diversement selon la personne à qui l’on parle, le contexte et la cause que l’on défend. Je peux aussi bien être dans la diplomatie bon teint bon ton que dans le haussement de ton lorsqu’on me marche sur les pieds, y compris au plus haut sommet de l’État et à l’endroit du président de la République. Et le président de la République vous marche sur les pieds, en ce moment ? Si encore il ne faisait que me marcher sur les pieds... Non, là il me les casse menus les pieds ! Emmanuel Macron ne parle jamais des hôtels. Ça me fait hurler. L’hôtellerie passe à travers toutes les mailles du filet. On est les oubliés, les dindons de la farce. Pourquoi ? Car les chambres d’hôtels étant des lieux privés, comme le logement particulier, le gouvernement est dans l’impossibilité de les fermer. Les hôtels sont donc officiellement ouverts, sauf qu’il n’y a plus de clients. Résultat, sur les 220 hôtels de la métropole lyonnaise, plus de la moitié a fermé. Cerise sur le gâteau : sans pouvoir toucher le fonds de solidarité. Autant dire qu’il va y avoir de la casse. Le 10 novembre, une étude de la revue scientifique Nature concluait qu’à partir des données de géolocalisation de 98 millions d’habitants des 10 plus importantes aires urbaines des États-Unis, une minorité de lieux publics – hôtels et restaurants notamment – étaient à l’origine d’une majorité de contaminations, bien plus que les commerces classiques. Comprenez-vous la fermeture des bars, des restaurants comme les lieux les plus à risque ? Je ne veux rien savoir. Je n’ai absolument aucune leçon à recevoir des Américains. Ils font leurs études dans leur contexte de vie, avec leur capacité à tenir des gestes barrières et à gérer leur population. Et on a bien vu comment ça se passait : mal. En France, nos protocoles ne sont pas les mêmes. Ça, le président n’en a jamais pipé mot. Mais où vit-il bon sang ? C’est pour cette raison que je ne comprends pas. La restauration assise, avec des tables de six personnes, distantes d’un mètre, et le port du masque pour se déplacer, le système fonctionne très bien. On aurait véritablement pu laisser les restaurants ouverts, en contraignant les clients à mettre en marche l’appli "Tous Anti-Covid" avec un QR code qu’on flashe à l’entrée des établissements. Le tour était joué. La Brasserie Georges faisait 450 couverts par jour à midi. Il n’y a pas eu un cas de Covid. Et 120 personnes y travaillent. Personne n’a jamais prouvé que les restaurants étaient des clusters. J’ai écrit à l’ARS (Agence régionale de la santé) à ce propos : elle a été incapable de me confirmer, preuve à l’appui, que les restaurants étaient de potentiels clusters. C’est dingue. On doit être un pays d’une pauvreté intellectuelle sidérante pour ne pas être capable de lancer une étude sur le sujet chez nous. On se fout littéralement de notre gueule pour le coup. Je le dis haut et fort : l’hôtellerie-restauration en France est considérée comme une variable d’ajustement.

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