L'entretien "Grande gueule" de mai. Alors que la France vit sous le régime de l’“urgence sanitaire” depuis le 23 mars, la parole de l’avocat est fondamentale. Derrière l’État de droit bousculé se jouent les libertés individuelles et collectives. Tracking, conspirationnistes, Trump, surveillances, mensonges d’État... Laurent Lelièvre n’a rien d'un avocat à la vinaigrette.
Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ? Laurent Lelièvre : Je suis resté une grande gueule professionnelle et j’espère l’être un peu moins dans ma vie de tous les jours. Pourquoi cette “nécessité” professionnelle ? Je pense, et en particulier durant cette période, que le propre de l’avocat est d’être le porte-parole de ceux dont l’écho de la voix est le moins audible. Surtout en ce moment. Si on l’ouvre, parfois très fort, c’est pour faire entendre des choses qui ne semblent pas être justifiées dans l’intérêt de chacun en matière de libertés individuelles et collectives. Depuis le 23 mars, la France est en “état d’urgence sanitaire”. Le gouvernement peut ainsi limiter les libertés publiques pour lutter contre l’épidémie. Certains y voient une mise entre parenthèses de la démocratie. Est-ce aussi votre sentiment ? Faut-il voir dans le régime d’exception actuel une volonté totalitaire ou stalinienne ? Ce n’est pas ce que je vois à titre personnel. Si les mesures prises aujourd’hui peuvent être, pour certains, restrictives ou attentatoires à leurs libertés, notamment celle d’aller et venir, cette restriction est parfaitement justifiée pour des raisons de santé publique collective. “L’état d’urgence sanitaire peut être déclaré sur tout ou partie du territoire (…) en cas de catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population”, dit la loi d’urgence sanitaire. Personne n’y trouve rien à redire sauf ceux qui voient un complot au fait de rester confiné. Cela étant dit, le boulot de l’avocat et l’intervention du juge veillent à ce que l’exception ne devienne pas la règle.
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